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— Trois fois rien ! annonce-t-il. Dans dix minutes on va pouvoir repartir.

La nouvelle nous botte (de sept lieues).

Le gars ajoute :

— Pouvez-vous venir un instant, commissaire ?

Intrigué, je me lève et lui filoche le dur. Il me précède sans un mot jusqu’à l’Écureuil et me fait signe d’y grimper.

J’obtempère. Grande est ma surprise quand je vois le pilote en faire autant et verrouiller la lourde.

— Comment, fais-je, on repart sans elle ?

Il murmure en s’installant à son siège de pilotage :

— Les ordres, commissaire !

Il en a de savoureuses, cézigmuche. Je n’aimerais pas mourir idiot. Ça veut dire quoi ce micmac ?

A cet instant, je constate qu’une troisième personne se trouve également dans le zinc. Je m’en approche et, comme on dit depuis 1859 (année où Ponson du Terrail publia Les Exploits de Rocambole) : « Je suis obligé de me pincer pour m’assurer que je ne rêve pas. »

Le troisième passager est une femme. Blonde. Elle a des yeux bleus extraordinaires. Elle porte un tailleur Chanel bleu à col de velours noir, et doit être âgée d’une quarantaine d’années.

— Mon Dieu ! soupiré-je, vous êtes sa sœur, n’est-ce pas ?

— La sœur de qui ? demande-t-elle avec une voix rauque qui m’émoustille les abats calfeutrés.

Je me dépose sur le siège contigu et boucle ma ceinture.

— Je me nomme San-Antonio, lui dis-je.

— Et moi July Larsen, répond-elle.

— C’est un nom ravissant et qui vous va parfaitement bien, laissé-je tomber.

Ensuite je lui saisis la main et elle pose sa tête sur ma robuste épaule.

On passe d’une pénombre à l’autre : de celle de l’hélico, à celle de la Rolls-Ross. Y a qu’une fois à l’hôtel, dans le grand hall marmoréen éclairé à Giono, que je peux la contempler intégralement.

Non, ce n’est pas « sa » sœur. Non plus qu’un sosie. C’est mieux que cela : une copie conforme. Le plus ahurissant « plagiat » de nature jamais exécuté. Laquelle a servi de modèle pour « exécuter » l’autre ? Full of interrogation. Toujours est-elle qu’un diabolique artiste, roi des studios américains, je gage, a accompli une œuvre d’art. Reproduire un Rembrandt ou un Modigliani, quand t’as le pinceau facile, c’est réalisable. Mais reproduire une Catherine Deneuve ou une Stéphanie de Monaco, en vrai, en viande, voilà une autre paire de manches (à couilles). Un tableau, c’est en deux dimensions, mais un être humain ? D’abord, il a fallu trouver un gabarit identique : même taille, mêmes mensurations, même âge. Et puis se mettre au turf, centimètre carré par centimètre cube. Unifier, remodeler, reproduire les plus menus détails : grains de beauté, carnation, implantation des tifs, épaisseur des lèvres, que sais-je !

July 2 me sourit dans l’ascenseur qui nous hisse au quatrième. Tiens, si je devais noter une infime différence, je dirais qu’on trouve davantage de « chaleur » dans son visage que dans celui de July Ier. Elle semble plus disponible, plus soucieuse de plaire.

Le préposé de l’hôtel nous guide à l’appartement dit « Présidentiel », nous en fait les honneurs : trois pièces, deux salles de bains, une kitchenette. Des bouquets somptueux, des corbeilles de fruits, dont un grand nombre sont exotiques, du champagne dans des seaux d’argent débordant de glaçons.

Je lui vote le pourliche que peut attendre un Anglais en stage dans un merveilleux palace parisien et me hâte de relourder triple tour, avec chaîne de sécurité à l’appui, non sans avoir fixé le « do not disturb » des états de grâce au crochet extérieur.

« A présent, me dis-je, nous allons avoir une explication, le temps en est venu ! »

Il y a du surréalisme dans ce que je vis présentement. Cette première femme qui m’est tombée dessus par la volonté du Vieux et que j’ai dû emmener bouffer dans la meilleure boîte de France… On la troque au retour contre son double qui prétend porter son nom. Usurpation d’identité, non ? Et maintenant, toujours selon le plan prévu, me voici dans une suite ronflante en compagnie de la numéro 2. Dans mon job, on n’est pas surpayés, mais on ne mène pas une vie morose. Chez nous autres, les « spéciaux », les avantages sont en gadgets !

La July number two passe dans la chambre et jette son sac à main sur la commode. Après quoi, elle ôte la veste de son tailleur et va l’accrocher à un cintre du dressing.

— Un peu de champagne ? lui proposé-je.

— Croyez-vous que ce soit une bonne chose après ce repas si copieux ?

Elle récapitule :

— La soupe Elysée, le cervelas pistaché, la poularde à la crème, les Saint-Marcellin et la timbale de glace aux fruits rouges, c’est beaucoup pour l’estomac d’une pauvre femme ! Et sans oublier les boissons ! Le Condrieu blanc, le Côte Rotie, la Chartreuse Verte de cent ans d’âge !

Je méduse. Doute de mes sens ! Tu vas voir que je finirai par oublier la permutation des deux souris. A la fin de la noye (si noye il y a), je finirai par croire que j’ai rêvé la halte de Chalon-sur-Saône.

Je décapote la roteuse et sers à mousse menue. Je lui présente sa flûte. Toast muet. Fameux ! Elle raffole.

Mine de rien, j’enclenche la vidéo. Très vite, ça représente un palais. Une exquise jeune fille blonde mate par un trou de serrure, la polissonne ! Plan subjectif de ce qu’elle guigne : un valet de chambre en tenue enfile une femme de chambre en train d’épousseter une vitrine. Levrette, délices et orgues ! La domestique pâme à tout ventre ; faut dire que le larbin est chibré de première ! Ses assauts sont si ardents que la bonne doit se cramponner à la vitrine et les objets précieux qu’elle contient vibrent, trépident, s’entrechoquent.

La jolie demoiselle, ça l’excite, un tel spectacle. Du coup, elle retrousse sa belle robe blanche par-devant, écarte sa culotte et s’attaque à deux doigts le prélude à l’après-midi d’un faune. On grossit sur l’entrejambe de l’exquise jusqu’à bien dégager son bigornuche. Musique ! Générique : « Les Films Pompemela présentent : Mémoires du clitoris de la Princesse X. Avec : Barbara Kelvulve, Jean Fonce-Mombrac, Rita Moniche et Paul Hichinel. Réalisation d’Alban Dankor. » Fin du générique.

Et voilà le professeur de piano de la petite princesse masturbeuse qui se pointe avec ses partitions et sa bite sous le bras. Un vrai faune ! A son regard con, cul et pissant, on entrave d’autor qu’il y a lurette qu’il s’en ressent pour sa jolie élève. De la voir en plein concerto de craquette, ça l’électrise, le facteur des Lettres à Elise. Il tombe à genoux et s’avance vers l’adolescente en frétillant de la menteuse comme un fourmilier affamé. Il la contourne, toujours en se déplaçant sur ses rotules. Elle a bien un sursaut en apercevant le pianoteur devant elle, mais il est trop tard : Cézarin est déjà en pleine dégustation. Il lui a saisi le michier à deux mains, l’empêcher de reculer, et il lui bouffe le colifichet comme toi tu te farcirais un énorme clam. La gosseline, t’as beau être princesse, un mec qui te clape la chagatte avec cette impétuosité, tu peux que former le « V » de la victoire avec tes jambons. Le goulu, s’il en profite ! Ah ! le salaud ! Un affamé de la minouche, tu verrais ! Il se repaît, y a pas d’autres mots. Faut le comprendre : une superbe petite princesse bien fraîchouillarde, pour pas lui savourer le mollusque, faudrait être eunuque !

Mais attends ! Tu vas comprendre l’enthousiasme de Pépère pour cette superproduc, c’est pas fini. Ça péripétique en feu dartifesses. Voilà-t-il pas que les doux roucoulements de la chérubine attirent en ces lieux le majordome du palais. Un gros surdécoré à tronche de porc primé. D’abord, il marque du courroux à voir bouffer la fille du roi Gromeluche Ier, monarque craint et donc respecté. Il va exploser, c’est sûr. Pourtant, la volupté du tableau fait lâcher prise à sa colère. Au lieu de tout casser, il pense à tout caser et déballe de sa culotte bouffante un braque comme devaient s’en farcir les femelles mammouths sibériennes, jadis. Lui, il vient enquiller cette batte de baise-bol entre les cuisses de la princesse, ne voulant pas lui défoncer le pot d’échappement Midas par une vraie pénétration en bonnet difforme. Et alors, devine ce qui arrive, Yves ?