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— Vous saviez qu’il y avait des symboles sous la pyramide, n’est-ce pas ?

— Oui ! Mais je ne connais pas leur signification ! Il faut aller au Huit Franklin Square ! La réponse est là ! C’est écrit sur la coiffe...

— Professeur, vous savez, comme moi, que la CIA m’attend là-bas. En outre, je n’ai nul besoin du numéro de la rue. Il n’y a qu’un seul bâtiment qui puisse être digne d’intérêt à Franklin Square. C’est l’Aimas Shrine Temple. Le siège de l’Ordre arabe ancien des nobles du sanctuaire mystique.

Langdon n’en revenait pas. L’Aimas Temple, évidemment, mais il avait oublié qu’il se trouvait sur Franklin Square !

Alors les Shriners seraient... « l’Ordre » ? Leur temple se trouverait au-dessus d’un escalier secret ? D’un point de vue historique, c’était une incongruité, mais il n’était pas en mesure de se lancer dans un débat de fond.

— Oui ! cria-t-il. Ce doit être là ! Le secret est à l’intérieur de l’Ordre !

— Vous connaissez les lieux ?

— Bien sûr ! (Langdon devait se contorsionner pour garder ses oreilles hors de l’eau.) Je peux être votre guide ! Faites-moi sortir !

— Vous pensez pouvoir m’expliquer le rapport entre ce temple et cette suite de symboles sous la pyramide ?

— Oui ! Montrez-les-moi !

— Entendu. Voyons ce que vous allez trouver...

Vite !

Quasiment englouti par le liquide chaud, Langdon poussa sur le couvercle, pour inciter l’homme à l’ouvrir.

Je vous en prie ! Vite !

Mais le panneau resta en place. Derrière le hublot, la face inférieure de la pyramide apparut.

Langdon écarquilla les yeux, pris de panique.

— Vous êtes assez près pour voir. (L’homme tenait la pyramide dans ses grosses mains tatouées.) Dépêchez-vous, professeur ! Réfléchissez vite et bien. Je pense qu’il vous reste un peu moins d’une minute.

102.

On dit qu’un animal, acculé, peut décupler ses forces pour se sauver. Mais Langdon eut beau user de toute son énergie pour soulever le couvercle, celui-ci ne bougea pas d’un pouce. Autour de lui, le liquide continuait de monter. Il lui restait à peine quinze centimètres d’air pour respirer. Il avait désormais le visage plaqué contre le hublot de Plexiglas ; juste de l’autre côté, la base de la pyramide et son message codé flottaient devant ses yeux.

Je ne sais pas ce que cela veut dire !

Caché pendant un siècle sous une couche de cire, le dernier indice de la Pyramide maçonnique s’offrait à son regard. Les inscriptions formaient un carré parfait de symboles, appartenant à toutes les traditions ésotériques – l’alchimie, l’astrologie, l’héraldique, la magie, la numérologie –, des sigils, des symboles grecs, latins... Un méli-mélo de signes, comme des pâtes alphabet flottant à la surface d’un bol de soupe, appartenant à des dizaines d’écritures, des centaines de cultures et autant d’époques.

Un chaos total.

Langdon, expert en symboles, avait beau se creuser les méninges, chercher les interprétations les plus folles, il ne voyait absolument pas comment déchiffrer cette grille.

Trouver l’ordre dans ce chaos ? Impossible !

Le liquide recouvrait sa pomme d’Adam à présent. Et sa terreur augmentait avec le niveau de l’eau. Langdon recommença à cogner aux parois. La pyramide le regardait de son œil implacable.

Dans un réflexe de survie, Langdon concentra toute son énergie mentale sur le damier de symboles.

Un sens... une signification...

Mais l’assortiment de signes était tellement disparate. Par où commencer ?

Ils ne sont pas de la même époque ! songea-t-il, découragé.

De l’autre côté du caisson, il entendait les suppliques de Katherine, implorant le ravisseur de lui sauver la vie. Même s’il n’entrevoyait pas l’once d’une solution, l’imminence de la mort mobilisait toutes les cellules de son corps pour accomplir cette tâche. Son esprit se découvrit une nouvelle acuité. Ses capacités mentales étaient décuplées.

Réfléchis ! Vite !

Il examina encore une fois la grille, cherchant un indice – un modèle, un mot caché, une icône clé, n’importe quoi. Mais cela restait un ensemble aléatoire.

Un pur chaos...

À chaque seconde qui passait, un étrange engourdissement le gagnait – son corps se préparait à protéger son esprit, à amoindrir la douleur lorsque la vie le quitterait. L’eau atteignait à présent ses oreilles. Langdon se souleva au maximum, écrasant son visage contre le hublot. Des images d’horreur défilèrent devant ses yeux : Un enfant, en Nouvelle-Angleterre, se débattant dans l’eau, au fond d’un puits... Un homme, à Rome, coincé sous un squelette, prisonnier d’un sarcophage...

Terrifiée, Katherine tentait encore de sauver Langdon. Elle hurlait qu’il ne pouvait déchiffrer la pyramide sans aller à l’Aimas Temple...

Comment espérait-elle faire entendre raison à un fou ?

— Il y a là-bas la pièce manquante du puzzle ! Robert a besoin de toutes les informations !

Ses efforts étaient louables, mais Langdon était convaincu que Huit Franklin Square ne désignait pas l’Aimas Temple.

Il y a une impossibilité chronologique.

Selon la légende, la Pyramide maçonnique avait été fabriquée au milieu du XIXe siècle, des décennies avant que les Shriners n’existent. Avant même que le quartier s’appelle Franklin Square. La coiffe ne pouvait indiquer un immeuble inexistant à l’époque, qui plus est à une adresse inconnue. Quoi que puisse désigner « Huit Franklin Square », cette chose devait exister en 1850...

Malheureusement, Langdon était dans une impasse.

Il fouillait sa mémoire, à la recherche d’un indice. Huit Franklin Square ? Un lieu qui existait en 1850 ? Rien ne lui venait. Le liquide s’engouffrait dans ses oreilles. Luttant contre la peur, il se concentra encore sur la grille de symboles de l’autre côté du hublot. Il ne voyait pas le lien... Dans un sursaut désespéré, son esprit s’efforçait d’étudier toutes les associations possibles.

Huit Franklin Square... Square, un carré... cette grille de symboles est carrée... Le carré, comme l’équerre, est un symbole maçonnique... Les autels des francs-maçons sont carrés... Les carrés ont des angles à quatre-vingt-dix degrés...

L’eau montait toujours, mais Langdon l’ignora.

Huit Franklin Square... Le chiffre huit... La grille a huit colonnes et huit lignes... Il y a huit lettres dans le mot Franklin... Le 8, une fois tourné de quatre-vingt-dix degrés, donne le symbole ∞ de l’infini... Huit est le nombre de la destruction en numérologie...

Toujours aucune idée...

Au-dehors, Katherine suppliait leur tortionnaire, mais les gargouillis de l’eau dans ses oreilles emportaient les mots...

— ... il ne peut pas sans... le message sur la coiffe est évident... le secret est à l’intérieur...

Puis il n’entendit plus rien.

L’eau avait totalement submergé ses tympans. Un silence, comme dans le ventre d’une matrice, l’enveloppa. Langdon comprit. C’était la fin.

Le secret est à l’intérieur...

Les derniers mots de Katherine résonnaient dans son tombeau.

Le secret est à l’intérieur...

Langdon avait déjà entendu cette phrase. Mot pour mot... Le souvenir lui revint soudain.

Le secret est... à l’intérieur.

Même, en ses ultimes instants, les Mystères anciens le narguaient. « Le secret est à l’intérieur »... C’était l’enseignement clé des mystères. Ils exhortaient l’homme à chercher Dieu non pas au Paradis, au-dessus, mais « en son cœur » – au fond de lui ! C’était le message de tous les grands maîtres.