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« Le royaume de Dieu est au-dedans de vous », disait Jésus.

« Connais-toi toi-même », disait Pythagore.

« Ne savez-vous pas que vous êtes des dieux ? » disait Hermès Trismégiste.

Et la liste était sans fin.

Toutes les écoles mystiques à travers les âges avaient tenté de transmettre cette idée. Le secret est en soi... Et pourtant, l’humanité continuait de chercher Dieu au ciel.

Cette découverte, à ce moment précis, était le dernier pied de nez que lui faisait le destin. Les yeux tournés vers les cieux, comme tous les aveugles avant lui, Robert Langdon vit enfin la lumière.

Elle le frappa tel un faisceau tombant du ciel :

le

secret est

à l’intérieur de l’Ordre

Huit Franklin Square

L’illumination !

Le message sur la coiffe devint soudain limpide comme du cristal. Sa signification brillait comme un phare dans la nuit. À l’image de tous les textes maçonniques, l’inscription était un symbolon – un code en plusieurs morceaux –, un message fractionné. Le sens du message camouflé était si simple... Comment avait-il pu lui échapper ?

Plus étonnant encore, Langdon se rendait compte à présent que la coiffe donnait effectivement la clé pour décoder la grille de symboles. C’était élémentaire. Comme l’avait dit Peter Solomon, le sommet de la pyramide était un talisman puissant, capable de faire naître l’ordre du chaos.

Langdon tambourina sur le couvercle.

— J’ai trouvé ! J’ai trouvé !

Au-dessus de lui, la pyramide disparut. Le visage tatoué lui succéda. L’homme le regarda fixement.

— J’ai résolu l’énigme ! cria Langdon. Laissez-moi sortir !

Lorsque l’homme répondit, Langdon n’entendait plus rien. Mais il put lire sur les lèvres : « Parlez. »

— Oui ! Je vais vous le dire ! hurla Langdon, l’eau lui recouvrant les yeux. Sortez-moi de là ! Je vais tout vous expliquer !

C’était si simple !

Les lèvres du géant remuèrent encore : « Parlez... ou mourez. »

L’eau grignotait ses derniers centimètres cubes d’air. Langdon renversa sa tête en arrière, pour garder la bouche au-dessus de la surface. Il ne voyait plus rien. En se cabrant, il plaqua ses lèvres sur la vitre de Plexiglas.

Il consuma ses dernières secondes d’air pour expliquer comment on déchiffrait la Pyramide maçonnique.

Sitôt qu’il eut fini, l’eau s’engouffra dans sa gorge. Par réflexe, il prit une dernière inspiration et ferma la bouche. Un instant plus tard, il était entièrement submergé. Le liquide avait complètement envahi le caisson.

*

Il a réussi ! pensa Mal’akh. Langdon avait percé le secret de la pyramide.

La solution était effectivement évidente.

Derrière le hublot, Robert Langdon l’implorait du regard.

Mal’akh secoua la tête et articula doucement, pour que Langdon puisse lire sur ses lèvres :

— Merci, professeur. Bon voyage dans l’au-delà.

103.

Comme tout bon nageur, Langdon s’était souvent demandé ce qu’éprouvaient les gens qui se noyaient. Maintenant, il était aux premières loges ! Même s’il pouvait retenir sa respiration plus longtemps que la moyenne, il sentait déjà les effets du manque d’oxygène dans son corps. Le dioxyde de carbone s’accumulait dans son sang, tous ses voyants internes passaient au rouge, réveillant son instinct de survie...

Retiens-toi !

L’envie de respirer devenait chaque seconde plus irrépressible. Il approchait du point de rupture – ce moment où l’on ne peut plus lutter contre le réflexe.

Ouvrez le couvercle !

Langdon brûlait de cogner à la paroi, mais mieux valait économiser l’oxygène. Immobile, il fixait des yeux le hublot dans le brouillard liquide, tentant de croire en sa bonne étoile. Le monde extérieur n’était plus qu’une tache de lumière derrière le Plexiglas. Ses muscles étaient en feu... premiers signes de l’hypoxie.

Soudain, un beau visage apparut au-dessus de lui, flottant dans l’air, tel celui d’un ange. C’était Katherine. Ses yeux se posèrent sur lui. Langdon eut une bouffée d’espoir. Elle allait le sauver. Katherine ! Mais il l’entendit crier d’horreur. Son ravisseur l’avait amenée là uniquement pour qu’elle assiste à son supplice.

Katherine, je suis désolé...

Dans ce caisson obscur, noyé d’eau, Langdon vivait ses derniers moments. Il allait cesser d’exister... d’être... ce qu’il était... ce qu’il avait été... ce qu’il aurait pu être... Tout s’arrêtait là. Quand son cerveau mourrait, tous ses souvenirs, toutes ses connaissances chèrement acquises se dissoudraient dans un raz de marée chimique.

Langdon mesurait son insignifiance. Une particule dans l’univers. Jamais il n’avait ressenti cette solitude, cette humilité. Comme une délivrance, le point de rupture arriva.

Le réflexe de survie qui allait mettre fin à ses jours.

Ses poumons expulsèrent soudain leur air vicié, se comprimant pour l’inspiration. Mais Langdon résista encore. Son dernier instant. L’ultime. Puis il abandonna la partie.

Le réflexe contre la raison.

Sa bouche s’ouvrit.

Ses poumons aussi.

Et le liquide entra en lui.

La douleur dans sa poitrine fut plus vive qu’il ne le supposait. Le liquide emplit ses poumons, comme de la lave. Un violent éclair lui traversa le crâne ; il avait l’impression que sa tête était écrasée dans un étau. Un bourdonnement assourdissant retentit dans ses oreilles. Et, derrière, les hurlements de Katherine.

Puis un grand flash de lumière.

Puis les ténèbres.

Et ce fut la fin.

104.

Robert est mort.

Katherine s’était arrêtée de crier. La vision de Langdon, noyé dans le caisson, la paralysait d’effroi.

Derrière le hublot, les yeux de son ami étaient écarquillés, le regard vide. Son visage était figé en un masque de douleur et de regret. D’ultimes petites bulles d’air montaient de sa bouche, puis, lentement, comme si l’âme acceptait de quitter le corps, le cadavre s’enfonça dans l’eau, disparaissant de sa vue.

C’était fini.

Implacable, Mal’akh referma le panneau du hublot, abandonnant la dépouille de Langdon dans son cercueil.

Puis il se tourna vers Katherine avec un grand sourire :

— On y va ?

Sans attendre sa réponse, l’homme la chargea sur son épaule, éteignit la lumière et sortit de la pièce. En quelques enjambées vigoureuses, il emporta sa prisonnière dans la salle où régnait la lumière pourpre. Une forte odeur d’encens y planait. Comme un vulgaire sac, il lâcha Katherine sur une table carrée au centre de la pièce. Le choc lui coupa le souffle. Dans son dos, la surface était froide et rêche. De la pierre ?

Ne lui laissant pas le temps de récupérer, il lui retira les fils de fer qui entravaient ses poignets et ses chevilles. Par réflexe, elle tenta de se sauver, mais ses membres ankylosés ne lui obéissaient plus. Il l’attacha aussitôt sur la table avec de larges sangles, une passée sur ses jambes, et une autre sur sa taille qui emprisonnait ses bras. Il en plaça une dernière sur sa poitrine, juste au-dessus des seins.

En quelques minutes, Katherine fut de nouveau immobilisée. Le sang revenait peu à peu dans ses membres.

— Ouvrez la bouche, chuchota l’homme en passant sa langue sur ses lèvres.

Katherine serra les dents de dégoût.

Il approcha de nouveau son index. Le contact de ce doigt courant sur ses lèvres donna à Katherine la chair de poule. Elle serra davantage les dents. Son tortionnaire lâcha un petit rire. De son autre main, il trouva un point de compression dans la nuque et pressa d’un coup. Les mâchoires de Katherine s’ouvrirent soudain. A nouveau, l’index pénétra dans sa bouche, s’enroula à sa langue. Elle hoqueta, et tenta de le mordre, mais l’homme avait déjà retiré son doigt. D’un air satisfait, il observa son index humide. Puis il ferma les paupières et, à nouveau, il enduisit de salive le sommet de son crâne.