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L’homme poussa un long soupir et ouvrit les yeux. Tranquillement, il tourna alors les talons et quitta la pièce.

Dans le silence, Katherine entendait les battements de son cœur. Juste au-dessus d’elle, un assemblage curieux de lampes semblait moduler la lumière dans la pièce, passant de l’ambiance lumineuse pourpre à un indigo profond. Quand elle découvrit le plafond, elle s’immobilisa de surprise : il était couvert de dessins – une sorte de carte ésotérique du ciel, avec les étoiles, les planètes, les constellations, entremêlées de symboles astrologiques, de signes kabbalistiques et de formules magiques. Des lignes matérialisaient les orbites elliptiques, des tableaux d’angles indiquaient l’ascension droite et la déclinaison des astres, ornés de créatures du zodiaque qui la regardaient fixement. La chapelle Sixtine d’un fou.

En tournant la tête, Katherine découvrit que le mur à sa gauche était du même acabit. Des chandelles sur un bougeoir ancien éclairaient de leur lueur vacillante une paroi couverte de textes, de photos et de dessins. Certaines feuilles ressemblaient à des papyrus, ou à des parchemins issus de vieux grimoires. D’autres étaient plus récentes. Le tout était mélangé à des croquis, des schémas, des cartes, et des photographies. Chaque élément avait été positionné avec soin et collé au mur, tandis qu’un entrelacs arachnéen de lignes avait été tracé par-dessus, reliant diverses pièces du collage en un réseau vertigineux.

Katherine détourna la tête pour chasser cette image de son esprit.

Mais de l’autre côté, la vision était plus terrifiante encore...

Près de la table de pierre où elle était sanglée, une petite desserte avait été installée, qui ressemblait aux tables d’instruments des blocs opératoires. Sur le plateau, on avait disposé une seringue, un flacon empli d’un liquide sombre et... un grand couteau avec un manche en os. La lame effilée avait été lustrée avec minutie, et luisait dans la pénombre.

Seigneur... que va-t-il me faire ?

105.

Rick Parrish, l’expert en sécurité réseau de la CIA, arriva dans le bureau de Nola Kaye muni d’une simple feuille.

— Tu en as mis un temps ! Je t’ai demandé de venir tout de suite !

— Désolé, répondit-il en relevant des grosses lunettes de myope. J’ai voulu rassembler d’autres informations pour toi, mais...

— Montre-moi déjà ce que tu as.

Parrish tendit le papier.

— C’est caviardé, mais tu as l’essentiel, dit-il.

Nola examina la note, perplexe.

— Je ne sais toujours pas comment le hacker est entré, déclara Parrish. Toujours est-il qu’il est parvenu à lancer un robot d’indexation dans notre moteur de recherche et...

— Peu importe ! Pourquoi la CIA a-t-elle un fichier secret sur les pyramides, les portes anciennes et les symbolons gravés ? C’est ça la vraie question !

— C’est précisément ce qui m’a retardé. J’ai tenté de savoir quel document exactement était visé par l’attaque. J’ai donc fait une recherche sur l’arborescence du fichier et... (Parrish s’éclaircit la gorge :) Apparemment, le document en question appartient à un espace privé, réservé au... directeur de la CIA en personne.

Nola le regarda, incrédule.

Le grand patron avait un dossier sur la Pyramide maçonnique ? Certes, le directeur actuel, comme nombre de hauts responsables de l’Agence, était franc-maçon, mais de là à garder des secrets de l’Ordre dans les ordinateurs de la CIA...

Toutefois, vu les derniers événements de la nuit, tout était possible.

*

L’agent Simkins était embusqué derrière un buisson, dans le parc de Franklin Square. Il surveillait l’entrée à colonnades de l’Aimas Temple. Rien. Aucune lumière à l’intérieur. Pas âme qui vive. Il se retourna pour regarder Bellamy, qui faisait toujours les cent pas au milieu de la pelouse. Il avait l’air d’avoir froid. Très froid. Malgré la distance, Simkins le voyait frissonner.

Son téléphone vibra. C’était Inoue Sato.

— La cible devrait être là, non ?

— Il a dit qu’il en avait pour vingt minutes, répondit-il en consultant sa montre. Cela fait quarante minutes qu’on attend. Ce n’est pas normal.

— C’est fini, il ne viendra plus.

Sato avait raison.

— Vous avez eu des nouvelles d’Hartmann ?

— Aucune. Et je n’arrive pas à le joindre.

Simkins se raidit. Ça non plus, ce n’était pas normal.

— Je viens d’appeler le PC logistique, poursuivit Sato. Ils ont perdu le contact aussi.

Nom de Dieu !

— Ils ont la localisation GPS de l’Escalade ?

— Oui. Une adresse à Kalorama Heights, répliqua Sato. Rassemblez vos hommes, on y va !

*

Inoue Sato coupa la communication et contempla la capitale qui s’offrait à son regard. Un vent glacé soulevait les pans de sa veste. Elle croisa les bras sur sa poitrine pour se réchauffer. La chef du Bureau de sécurité de la CIA avait rarement froid. Et rarement peur. Mais cette nuit, elle tremblait.

106.

Mal’akh, vêtu de son pagne, remonta rapidement dans son salon par le passage secret caché derrière le tableau.

Il faut que je me prépare. Le temps presse ! Il jeta un coup d’œil vers le cadavre de l’agent dans l’entrée. La maison n’était plus sûre.

La pyramide de pierre à la main, il fila dans son bureau du rez-de-chaussée et s’installa derrière son ordinateur. Tandis que l’appareil démarrait, Mal’akh songea à Langdon dans son caisson. Dans combien de jours, combien de semaines découvrirait-on son corps ? Aucune importance. Mal’akh serait déjà loin, alors.

Le professeur avait joué son rôle avec brio.

Non seulement il avait réuni les deux morceaux de la pyramide, mais il avait trouvé la clé pour décrypter la grille sous la base. Au premier abord, ce tableau de symboles semblait totalement indéchiffrable. Pourtant la solution était simple, juste sous leur nez.

L’ordinateur de Mal’akh s’éveilla et afficha l’e-mail qu’il avait reçu plus tôt, avec la photo de la coiffe partiellement cachée par l’index de Bellamy.

le

secret est

à l’intérieur de l’Ordre

■■■ Franklin Square

Huit, Franklin Square, lui avait révélé Katherine Solomon. Elle lui avait aussi appris que des agents de la CIA avaient pris position là-bas, dans l’espoir de le capturer et de découvrir à quel ordre la pyramide faisait référence. Les francs-maçons ? Les Shriners ? Les rosicruciens ?

Aucun des trois ! Mal’akh connaissait à présent la réponse. Grâce à Langdon.

Quelques minutes plus tôt, alors que le liquide le submergeait, le professeur d’Harvard lui avait donné le sésame. « Ordre Huit Franklin Square ! » avait-il crié, les yeux emplis de terreur. « Ordre Huit ! »

Mal’akh n’avait pas compris tout de suite.

— Ce n’est pas une adresse ! hurlait Langdon, la bouche plaquée contre le hublot. C’est le nom d’un carré magique !