Выбрать главу

— Non, ne faites pas ça !

Mal’akh appuya sur l’icône d’envoi. Peter se contorsionna, tirant sur ses liens, dans l’espoir de faire tomber l’ordinateur par terre. Mais ses efforts furent vains.

— Du calme, Peter. C’est un gros fichier. Cela va prendre quelques minutes.

Il montra la barre de progression :

ENVOI DU MESSAGE : 2 %

— Si vous me révélez ce que je veux savoir, j’interromps l’envoi. Et personne ne verra jamais ces images...

Peter regardait la barre progresser de plus en plus :

ENVOI DU MESSAGE : 4 %

Mal’akh récupéra l’ordinateur, le posa sur l’un des fauteuils où prenait place le Suprême conseil, et tourna l’écran vers Solomon. Puis, il revint vers lui et mit la grille de symboles sur ses genoux.

— La légende dit que la Pyramide maçonnique dévoile le Mot perdu. C’est son ultime message codé. Je suis persuadé que vous pouvez le décrypter.

Il désigna l’écran.

ENVOI DU MESSAGE : 8 %

Mal’akh reporta son attention sur Peter Solomon qui le fixait. Un regard empli de haine.

La haine, parfait ! songea Mal’akh. Plus grande est la haine, plus grand sera mon pouvoir quand le rite sera accompli.

*

Au siège de la CIA à Langley, Nola Kaye plaquait son téléphone contre son oreille, ayant toutes les peines du monde à entendre Inoue Sato derrière le bruit de la turbine.

— Ils disent qu’il est impossible d’empêcher le transfert ! cria Nola. Il faut une heure pour couper un FAI et, s’il passe par un réseau sans fil, cela ne servira à rien de neutraliser les installations filaires.

Aujourd’hui, il était quasiment impossible d’arrêter le flot de données qui circulaient sur le Web. Il y avait trop d’accès possibles, entre les lignes classiques, les hotspots WiFi, les clés 3G, les téléphones satellite, les smartphones, les PDA avec messagerie intégrée... La seule façon d’empêcher un transfert de données, c’était de détruire l’appareil source.

— J’ai inspecté l’équipement de votre hélicoptère, reprit Nola. Apparemment, vous avez un EMP à bord.

Les fusils à EMP, electromagnetic-pulse, étaient un équipement classique des forces d’intervention, ces armes permettant d’arrêter une voiture à distance. En projetant une puissante onde électromagnétique, un fusil EMP pouvait effectivement mettre hors service tous les appareils électroniques : voitures, téléphones, ou ordinateurs. Au dire de Nola, le Faucon noir était équipé d’un magnétron à visée laser capable d’envoyer une décharge de dix gigawatts. L’onde pouvait griller la carte-mère de l’ordinateur et effacer tout le disque dur.

— Impossible de s’en servir, répondit Sato. La cible est à l’intérieur d’un bâtiment de pierre. Aucune ouverture dans la structure et les murs absorberont l’onde. Vous savez si la vidéo est passée ?

Nola regarda un autre écran, qui faisait une recherche en boucle sur toutes les nouvelles entrées concernant la franc-maçonnerie.

— Rien pour le moment. Mais si ça sort, on le saura en quelques secondes.

— Tenez-moi au courant.

*

Quand l’hélicoptère amorça sa descente vers Dupont Circle, Langdon retint son souffle. Quelques piétons surpris s’écartèrent lorsque l’appareil se posa brutalement sur la pelouse, juste à côté de la célèbre fontaine dessinée par les deux architectes qui avaient également conçu le Mémorial Lincoln.

Trente secondes plus tard, Langdon était à bord d’une Lexus, fonçant sur New Hampshire Avenue, en direction de la Maison du Temple.

*

Peter Solomon ne savait que faire. Katherine, se vidant de son sang, occupait toutes ses pensées... et cette vidéo aussi. Il tourna lentement la tête vers l’ordinateur.

ENVOI DU MESSAGE : 29 %

L’homme tatoué tournait autour de l’autel, agitant un encensoir et psalmodiant. De grosses volutes de fumée blanche montaient vers la verrière. Les yeux écarquillés, il semblait être entré en transe. Solomon regarda le vieux couteau, posé sur un carré de soie blanche.

Il allait mourir ce soir. C’était une évidence. La question était d’emprunter le meilleur chemin. Trouverait-il le moyen de sauver sa sœur et ses frères ? Ou sa mort serait-elle totalement vaine ?

Il observa de nouveau la grille de symboles. La première fois, la stupeur l’avait aveuglé... l’empêchant de voir, par-delà le voile du chaos, la vérité flamboyante. Mais, à présent, la signification de ces signes était claire comme de l’eau de roche. Le tableau s’offrait à lui sous un jour entièrement nouveau.

Maintenant, il savait quoi faire...

Il prit une profonde inspiration, leva la tête vers la lune qui brillait derrière les vitres de l’oculus et se mit à parler.

*

Les grandes vérités sont toujours les plus simples.

Mal’akh l’avait compris depuis longtemps.

Et la solution que Peter Solomon lui présentait était si élégante, si pure... Le dernier secret de la pyramide était beaucoup plus limpide qu’il ne l’imaginait.

Le Mot perdu était juste sous ses yeux.

Dans l’instant, un rai de lumière éclaira les mythes et les allégories entourant le Mot perdu. Comme promis, il était effectivement écrit dans une langue ancienne et portait en lui la force mystique de toutes les religions et les sciences passées et à venir : l’alchimie, l’astrologie, la kabbalistique, le christianisme, les rose-croix, la franc-maçonnerie, l’astronomie, la physique, la noétique...

Et maintenant, Mal’akh se trouvait dans la loge du Suprême conseil, au sommet de la grande pyramide d’Heredom, et il contemplait la merveille qu’il avait convoitée depuis tant d’années.

Ma préparation est parachevée

Bientôt, je serai entièrement prêt.

Le Mot perdu est exhumé.

*

À Kalorama Heights, l’agent en faction contemplait le tas d’immondices qu’il avait répandu dans le garage.

— Mademoiselle Kaye, annonça-t-il par téléphone à l’analyste. C’était une bonne idée de fouiller dans les poubelles. J’ai effectivement trouvé quelque chose.

*

Dans la maison, Katherine Solomon recouvrait ses forces. La perfusion de Ringer avait fait remonter sa pression artérielle et apaisé son mal de tête. Installée dans la salle à manger, on lui avait demandé expressément de ne pas bouger. Mais ses nerfs étaient à vif. Et elle s’inquiétait de plus en plus pour son frère.

Où étaient-ils tous passés ?

L’équipe médicale de la CIA n’était pas encore arrivée ; l’agent, son chaperon, était de nouveau parti fouiller la maison ; Bellamy aussi avait disparu. Emmitouflé dans sa couverture, il s’était mis en quête d’informations qui auraient pu aider la CIA à sauver Peter.

Ne tenant plus en place, Katherine se leva. D’un pas chancelant, elle se dirigea vers le salon. Elle aperçut Bellamy dans le bureau. Il se tenait dos à elle et contemplait le contenu d’un tiroir ouvert devant lui. Il ne l’avait pas entendue arriver.

— Warren ?

Le vieil homme se retourna et referma vite le casier d’un coup de hanche. Il était tout pâle et des larmes coulaient sur son visage.

— Que se passe-t-il ? demanda-t-elle en désignant le tiroir. Qu’est-ce que c’est ?

Bellamy n’arrivait pas à parler.

— Qu’y a-t-il là-dedans ?

Bellamy la regarda un long moment avec une profonde tristesse.

— Vous et moi... Nous nous demandions pourquoi... Pourquoi cet homme hait tant votre famille.