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C’était Nola Kaye. Elle avait, pour une fois, de bonnes nouvelles...

— Toujours aucun signe de diffusion. Je pense qu’on aurait eu des retours à présent. Il semble que vous soyez arrivée à temps.

Grâce à vous, Nola, se dit Sato en regardant l’ordinateur d’où le message avait été envoyé. Il s’en est fallu de peu !

Sur les conseils de Nola Kaye, l’agent à Kalorama Heights avait fouillé les poubelles et découvert l’emballage tout neuf d’une clé 3G. Grâce au numéro exact du modèle, Nola avait pu rechercher les serveurs et réseaux compatibles, et ainsi repérer le point de connexion le plus probable pour l’ordinateur, à savoir un petit transmetteur au coin de la 16e Rue et de Corcoran, à trois cents mètres de la Maison du Temple.

Nola avait aussitôt donné l’information à Sato. En chemin pour le temple maçonnique, le pilote avait survolé le relais et expédié une décharge électromagnétique pour le neutraliser. In extremis. Quelques secondes plus tard, le fichier était envoyé.

— Vous avez fait du bon travail, ce soir, lança Sato. Allez vous reposer. Vous l’avez bien mérité.

— Merci, madame... (Elle eut un moment d’hésitation.) Je voulais vous dire...

— Oui ? Il y a autre chose ?

Nola resta silencieuse un moment, se demandant si elle devait parler ou non.

— Non, rien d’important. Ça attendra demain. Bonne nuit.

125.

Dans la salle de bains luxueuse, au rez-de-chaussée de la Maison du Temple, Robert Langdon se regardait dans le miroir, pendant que l’eau coulait dans le lavabo. Même sous cet éclairage tamisé, il avait une tête de déterré.

Son sac en bandoulière, ne contenant plus que ses notes pour la conférence et ses effets personnels, était désormais beaucoup plus léger. Il lâcha malgré lui un petit rire. Son passage à Washington avait été beaucoup plus mouvementé que prévu.

Heureusement, Peter était vivant.

Et la vidéo n’avait pas été diffusée.

L’eau chaude sur son visage lui fit du bien. Il revenait à la vie. Sa vue était encore brouillée, mais l’adrénaline dans son corps s’était enfin dissipée. Il se sentait de nouveau calme et serein. Après s’être séché les mains, il consulta sa montre Mickey.

Déjà ? !

Langdon sortit et emprunta le couloir d’honneur, admirant sur les murs courbes les portraits des grands maçons. Y figuraient des présidents des États-Unis, des philanthropes, des savants, et autres personnalités illustres du pays. Il s’arrêta devant le tableau de Harry S. Truman, le trente-troisième président, tentant d’imaginer cet homme accomplissant les rites et le travail de recherche laborieux pour devenir franc-maçon.

Il y a un monde caché derrière celui que nous voyons.

— Vous nous avez faussé compagnie ! lança Katherine.

Malgré l’enfer qu’elle avait connu cette nuit, elle rayonnait de bonheur... comme si elle avait rajeuni de dix ans.

Langdon esquissa un sourire fatigué.

— Comment va-t-il ?

Katherine le prit dans ses bras.

— Comment pourrais-je vous remercier ?

— Oh je n’ai rien fait du tout !

— Peter va s’en sortir..., le rassura-t-elle en s’écartant pour le regarder. Et il vient de me dire quelque chose d’incroyable... d’absolument merveilleux. (Sa voix tremblait d’excitation.) Il faut que j’aille voir ça de mes propres yeux. Je reviens tout de suite.

— Mais où allez-vous ?

— Je n’en ai pas pour longtemps. Au fait, Peter veut vous parler, en tête à tête. Il vous attend dans la bibliothèque.

— Il vous a dit pourquoi ?

Katherine eut un petit rire.

— Peter et ses secrets...

— Mais...

— À tout à l’heure, ajouta-t-elle en s’éloignant.

Langdon soupira. Il avait eu son compte de mystères pour la soirée. Des questions restaient sans réponse, certes, entre autres la Pyramide maçonnique et le Mot perdu, mais ces réponses, si elles existaient, ne le concernaient pas.

Je ne suis pas franc-maçon.

Rassemblant ce qui lui restait d’énergie, Langdon se rendit dans la bibliothèque. Peter l’attendait, assis à une table devant la pyramide.

— Robert ? demanda-t-il en lui faisant signe d’approcher. J’aimerais vous dire un mot.

Langdon sourit.

— Oui, j’ai cru comprendre que vous en aviez perdu un.

126.

La bibliothèque de la Maison du Temple a été la première bibliothèque de Washington ouverte au public. Ses élégants rayonnages renfermaient deux cent cinquante mille volumes, dont le rarissime Ahiman Rezon – « l’Aide à un frère ». Dans des vitrines étaient exposés des bijoux maçonniques, des objets cérémoniels et un exemplaire de la première édition américaine des « constitutions d’Anderson » publiée par Benjamin Franklin.

Cependant la plus grande merveille de la bibliothèque, aux yeux de Langdon, n’était pas un livre.

Mais une illusion.

Solomon, un jour, la lui avait montrée. Si on se plaçait à un endroit précis du salon principal, la table de lecture et la lampe dorée, qui l’éclairait, formaient, par un effet de perspective, une pyramide... la réplique exacte de la Pyramide maçonnique avec sa coiffe d’or. Pour Solomon, cette illusion d’optique rappelait à tous que les mystères de la franc-maçonnerie étaient visibles à quiconque regardait dans la bonne direction.

Ce soir, toutefois, les secrets de l’Ordre se trouvaient devant lui, bien réels. Langdon s’assit en face du Grand Commandeur et des deux morceaux de la Pyramide maçonnique.

Peter souriait.

— Le « mot » auquel vous faites référence, Robert, n’est pas une légende. Il existe.

Langdon resta un moment silencieux.

— Je ne comprends pas... Comment est-ce possible ?

— Qu’est-ce qui est si difficile à accepter ?

Tout ! avait envie de rétorquer Langdon, en scrutant les yeux de Peter.

— Vous prétendez que le Mot perdu existe et qu’il a réellement le pouvoir qu’on lui prête ?

— Un pouvoir gigantesque. Il peut transformer l’humanité en révélant les Mystères anciens.

— Un simple mot, Peter ? Comment un mot pourrait-il...

— Vous allez vous en rendre compte.

Langon regarda encore son ami sans rien dire.

— Comme vous le savez, poursuivit Solomon en se levant pour faire le tour de la table, c’est une très ancienne prophétie. Il est dit qu’un jour le Mot perdu sera exhumé, et que l’humanité aura de nouveau accès à un pouvoir oublié.

Langdon se souvenait de la conférence de Peter sur l’Apocalypse. Même si beaucoup de gens, à tort, croyaient que l’Apocalypse était une fin du monde cataclysmique, le sens littéral du terme était « révélation » – la révélation, selon les Anciens, à une sagesse transcendantale. L’avènement de l’ère de la lumière. Toutefois, Langdon avait du mal à imaginer qu’un tel bouleversement puisse être initié par... un mot.

Peter s’assit à côté de lui et désigna les deux tétraèdres.

— La Pyramide maçonnique, le symbolon de la légende, est ce soir complète et décryptée.

D’un geste empreint de respect, il posa la coiffe sur la base de pierre. La pointe dorée prit sa place dans un tintement métallique.

— Ce soir, mon ami, vous avez réalisé ce que personne n’avait pu accomplir. Vous avez assemblé la pyramide, déchiffré tous ses codes, et finalement révélé... ceci.

Peter sortit une feuille de papier qu’il posa sur la table. Langdon reconnut la grille de symboles qui avait été réorganisée grâce au carré magique de Franklin. Il l’avait étudiée rapidement, un peu plus tôt dans la loge.