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— Je suis curieux de savoir si vous pouvez « lire » cette suite de signes. Après tout, c’est vous le spécialiste.

Langdon examina la grille.

Heredom, point cerclé, pyramide, escalier...

Langdon soupira.

— C’est, à l’évidence, un pictogramme allégorique. Sa signification est davantage métaphorique, symbolique, que littérale.

Solomon sourit.

— Les spécialistes ne savent pas répondre par oui ou non... Dites-moi simplement ce que vous voyez.

Peter veut-il réellement le savoir ?

— J’y ai jeté un coup d’œil tout à l’heure. Pour moi, cette grille est une image... une représentation du monde terrestre et du Paradis.

Solomon fronça les sourcils, étonné.

— Ah oui ?

— Absolument. En haut, on a le mot Heredom : la maison sacrée. Ce que j’interprète comme la maison de Dieu, ou le Paradis.

— Ça se tient.

— La flèche vers le bas, après le mot Heredom, indique que le reste du pictogramme se situe au-dessous, autrement dit, sur terre. (Langdon baissa les yeux vers la base de la grille.) Les deux lignes inférieures, celles qui sont sous la pyramide, représentent la terre elle-même, la terra firma, le niveau le plus bas. Ce n’est pas un hasard si l’on trouve à ces deux niveaux les douze anciens signes astrologiques, puisqu’ils représentent la religion des premiers hommes qui voyaient, dans les mouvements des astres et des planètes, la manifestation d’une main divine.

Solomon approcha sa chaise pour étudier à son tour la grille.

— D’accord. Quoi d’autre ?

— Sur ces fondations astrologiques, se dresse la grande pyramide, s’élevant vers les cieux, le symbole d’une sagesse perdue. Elle est remplie par les symboles des grandes cultures et religions de l’Histoire : un florilège de signes égyptiens, grecs, bouddhistes, hindous, musulmans, juifs, chrétiens, et j’en passe... Le tout décrivant un mouvement ascendant, se rassemblant, fusionnant dans l’entonnoir de la pyramide, pour se fondre en une seule et unique philosophie. (Langdon marqua un temps d’arrêt.) Pour former une seule conscience universelle, une vision de Dieu partagée par toute l’humanité, représentée par ce symbole ancien qui flotte au-dessus du sommet de la pyramide.

— Le point cerclé. Le symbole universel de Dieu.

— Exact. De tous temps, ce symbole a été au centre de la vie des hommes. C’est le dieu Râ des Égyptiens, l’or des alchimistes, l’Œil qui voit tout, la singularité avant le Big Bang, et le...

— Et le Grand Architecte de l’univers.

Langdon acquiesça. C’était sans doute avec ce raisonnement qu’il avait vendu à Mal’akh l’idée que le point cerclé était le Mot perdu.

— Et l’escalier ? demanda Solomon.

Langdon examina le pictogramme sous la pyramide.

— Vous savez mieux que quiconque de quoi il s’agit. Cela symbolise l’escalier maçonnique : celui qui s’élève des ténèbres terrestres vers la lumière, comme l’échelle de Jacob menant au paradis, ou la colonne vertébrale reliant le corps mortel à l’esprit éternel. (Langdon marqua une nouvelle pause.) Pour le reste des symboles, ils semblent former un ensemble cosmogonique, maçonnique et scientifique, destiné à accréditer l’existence des Mystères anciens.

— Voilà une interprétation élégante, commenta Solomon en se frottant le menton. Je reconnais, évidemment, que cette grille peut être vue sous un angle allégorique, toutefois... (Ses yeux s’illuminèrent.) Cet ensemble de symboles peut être lu d’une autre façon. Et ce qu’ils nous révèlent alors est beaucoup plus explicite.

— Ah bon ?

Solomon se leva et marcha dans la pièce.

— Cette nuit, dans la salle du Temple, quand j’ai cru que j’allais mourir, j’ai examiné cette grille et je suis parvenu à voir par-delà la métaphore, par-delà l’allégorie, pour contempler le cœur même du secret. (Il s’arrêta et se retourna brusquement vers Langdon.) Ces symboles donnent le lieu exact où est enterré le Mot perdu !

— Ça recommence ?

Langdon remua sur sa chaise, mal à l’aise, craignant que les événements de la soirée n’aient troublé l’esprit de Solomon.

— Robert, la légende a toujours dit que la Pyramide maçonnique était une carte, une carte tout à fait précise, pouvant révéler, à celui qui sera digne de la lire, l’emplacement où est caché le Mot perdu. (Solomon posa le doigt sur la grille de symboles.) Je puis vous assurer que ces signes sont conformes à la légende. Il s’agit bel et bien d’une carte. Un schéma qui indique l’emplacement de l’escalier conduisant au Mot perdu.

Langdon eut un petit rire, mais, en son for intérieur, il n’en menait pas large.

— Même si je veux bien croire à la légende de la Pyramide maçonnique, je ne vois pas comment ces symboles pourraient désigner un lieu géographique. Regardez donc. Cela ressemble à tout sauf à une carte.

Solomon esquissa un sourire.

— Parfois, il suffit d’un infime changement de perspectives pour découvrir une image totalement différente.

Langdon examina de nouveau le papier, en vain.

— Une simple question, Robert... Lorsque les francs-maçons posent une pierre angulaire, savez-vous pourquoi c’est toujours celle du coin nord-est du futur édifice ?

— Parce que c’est là que frappent les premiers rayons du soleil. C’est la représentation du pouvoir de l’architecture, celui de s’élever de la terre pour se rapprocher de la lumière.

— Exact. Vous devriez peut-être alors chercher à cet endroit. Là où commence l’illumination, l’incita-t-il en désignant la grille. Dans l’angle nord-est.

Langdon observa donc le coin supérieur droit, le nord-est sur une carte. Le symbole dans la case était « ¯ ».

— Une flèche pointant vers le bas, répondit Langdon, tâchant de comprendre où voulait en venir Solomon. Ce qui signifie « sous Heredom ».

— Non, Robert, pas « sous ». Réfléchissez. Cette grille n’est pas un labyrinthe allégorique. C’est une carte. Et sur une carte, une flèche vers le bas indique...

— Le sud !

— Précisément ! répliqua Solomon, le regard brillant d’excitation. Plein sud ! Et sur une carte un mot n’est jamais une métaphore, mais un lieu précis. Heredom donc ne représente pas le paradis, il indique...

— La Maison du Temple ? Vous pensez que la carte indique un lieu au sud de ce bâtiment ?

— Gloire à Dieu ! La lumière enfin !

Langdon étudia de nouveau la grille.

— Peter... même si vous avez raison, « au sud de la Maison du Temple » cela peut être n’importe où sur une longitude de vingt mille kilomètres.

— Non, Robert. Vous oubliez encore ce que dit la légende. Le Mot perdu est enterré à Washington, ce qui limite ostensiblement le champ de recherche. En outre, il est précisé aussi qu’une grosse pierre repose au-dessus de l’escalier... et que, sur cette pierre, est gravé un message dans une langue ancienne... une sorte de repère pour aider le preux chevalier dans sa quête.

Langdon avait du mal à prendre tout ça au sérieux. Il ne connaissait pas parfaitement Washington, mais il était presque certain qu’il n’y avait pas de mégalithe cachant un escalier souterrain, dans cette ville.

— Le message écrit sur cette pierre, poursuivait Peter Solomon, est là, sous vos yeux. (Il désigna la troisième ligne du tableau.) C’est l’inscription, Robert ! Vous avez résolu l’énigme !

Incrédule, il observa les sept symboles alignés :

 

J’ai résolu l’énigme ? Langdon n’avait pas la moindre idée de la signification de ces signes ; et il était convaincu qu’ils n’étaient gravés nulle part dans la capitale... Encore moins sur une grosse pierre bouchant l’entrée d’un escalier.