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— Peter, je ne vois pas en quoi cela éclaire quoi que ce soit. Il n’y a aucune pierre à Washington portant cette inscription.

Solomon lui tapota l’épaule.

— Vous êtes passé mille fois devant sans la voir, comme nous tous. Elle est à la vue de tout le monde, comme les Mystères anciens. Et cette nuit, quand j’ai découvert ces sept symboles, j’ai compris que la légende disait vrai. Le Mot perdu est bien enterré à Washington... et il repose au fond d’un grand escalier, lui-même caché sous une très grosse pierre gravée.

Langdon restait interdit.

— Robert, après ce que vous avez fait ce soir, vous méritez de connaître la vérité...

— Vous allez me dire où se trouve le Mot perdu ?

— Mieux que ça, répondit Solomon. Je vais vous le montrer.

*

Cinq minutes plus tard, Langdon, à côté de Peter Solomon, bouclait sa ceinture à l’arrière de l’Escalade. Simkins s’installait au volant, lorsque Sato s’approcha.

— Monsieur Solomon ! lança-t-elle en allumant une cigarette. J’ai passé le coup de téléphone, comme vous me l’avez demandé.

— Alors ?

— C’est d’accord. Ils vont vous laisser entrer.

— Merci.

Inoue Sato le regarda d’un air perplexe.

— Je dois dire que c’est une requête plutôt inhabituelle.

Solomon se contenta de répondre d’un haussement d’épaules.

Sato fit le tour de la voiture et toqua à la fenêtre de Langdon.

— Professeur, lâcha-t-elle d’un ton froid, votre assistance ce soir, bien que tardive, a été cruciale. Et pour cela, je vous remercie. (Elle tira une longue bouffée sur sa cigarette et la souffla au-dessus d’elle.) J’ai un bon conseil à vous donner. La prochaine fois qu’un responsable de la CIA vous dit que la sécurité nationale est en péril... (Ses yeux étincelèrent de colère.) Coopérez ! Ne jouez pas à l’intellectuel révolté contre le pouvoir. Gardez ces conneries pour Harvard !

Langdon voulut contester cette version des faits mais Sato avait déjà tourné les talons et se dirigeait vers l’hélicoptère.

Simkins pivota vers les deux hommes.

— Vous êtes prêts, messieurs ?

— Excusez-moi, répondit Solomon. Juste un moment. (Il sortit de sa poche un morceau d’étoffe et le tendit à Langdon.) J’aimerais que vous mettiez ça, Robert.

Étonné, Langdon regarda le tissu. C’était en velours noir. Quand il le déplia, il reconnut la forme. Un bandeau ! Celui que devait porter l’apprenti lors de la cérémonie d’initiation au premier degré.

— Mais...

— Je préfère que vous ne sachiez pas où nous allons.

— Vous allez me bander les yeux pendant tout le trajet ?

Solomon esquissa un sourire.

— Mon secret. Mes règles.

127.

Un vent froid soufflait entre les piliers du QG de la CIA. Nola Kaye, en frissonnant, emboîta le pas à Rick Parrish, son collègue de la Sécurité réseau. Le parvis était éclairé par la lune.

Où m’emmène-t-il ?

La bombe vidéo avait été désamorcée, mais Nola était encore inquiète. Le fichier caviardé qu’avait récupéré Rick demeurait un mystère. Qu’y avait-il exactement sur le document original ? Pourquoi se trouvait-il dans l’espace personnel du directeur de la CIA ? Il faudrait qu’elle en parle demain matin à Sato. Il y avait encore trop de zones d’ombres à son goût.

Tout en suivant Rick qui tenait à lui montrer quelque chose dehors, Nola n’arrivait pas à chasser les étranges phrases de son esprit :

... lieu secret SOUTERRAIN où... quelque part à WASHINGTON, les coordonnées... découvert une ANCIENNE PORTE qui menait... prévenant que la PYRAMIDE possède un dangereux... déchiffrer ce SYMBOLON GRAVÉ pour révéler...

— Toi comme moi, expliquait Parrish tout en marchant, on sait que le pirate cherchait à son insu des informations sur la Pyramide maçonnique.

C’est évident ! se dit Nola.

— Or, le pirate est tombé sur une facette des secrets maçonniques totalement imprévue.

— Comment ça ?

— Nola, tu sais que le big boss a mis en place un forum où les employés de la maison peuvent échanger leurs idées, et débattre sur toutes sortes de sujets...

— Certes.

Ce forum interne permettait au personnel de la CIA de discuter sur un espace sécurisé et au directeur de l’Agence de savoir ce qui se disait dans son dos.

— Le forum est hébergé sur l’espace personnel du grand patron, mais pour que l’employé lambda puisse y avoir accès, il est placé juste avant le pare-feu protégeant les documents top-secret du patron.

— Où veux-tu en venir ? s’impatienta Nola alors qu’ils dépassaient la cafétéria.

— En un mot, fit Parrish en tendant le doigt devant lui. À ça.

Nola releva les yeux. De l’autre côté du parvis, une sculpture métallique se profilait sous le clair de lune.

Dans une agence qui se vantait de posséder plus de cinq cents œuvres d’art, cette sculpture, appelée Kryptos, était de loin le clou de la collection. Kryptos – qui signifiait « caché » en grec – était l’œuvre de l’artiste James Sanborn, et alimentait bien des rumeurs ici à la CIA.

Composée d’une épaisse plaque de cuivre en « S », la sculpture reposait sur la tranche, tel un mur vertical sinueux. Plus de deux mille lettres étaient gravées sur sa surface... rangées selon un code inconnu. Pour renforcer l’aspect énigmatique de cette paroi, d’autres pièces mystérieuses étaient disposées autour de l’œuvre : une dalle stratifiée de granite à demi enterrée dans le sol, une boussole gravée, une pierre magnétique et même un message en morse, faisant référence à une « mémoire lumineuse » et à des « forces de l’ombre ». Beaucoup de gens pensaient que ces éléments étaient des indices pour décrypter les inscriptions sur la plaque.

Kryptos était une œuvre d’art, mais aussi une énigme.

Déchiffrer la sculpture était devenu une obsession pour nombre de cryptologues – et pas seulement pour ceux de la CIA. Quelques années auparavant, finalement, une portion du code avait été percée. Cela avait fait la Une des journaux, même si la majeure partie de l’inscription gardait son secret. Les zones décodées étaient si étranges qu’elles rendaient la sculpture plus énigmatique encore. Les phrases faisaient référence à des cachettes souterraines, des portes menant à des tombes anciennes, des longitudes, des latitudes...

Nola se souvenait de certains passages : « L’information a été rassemblée et transmise vers un lieu souterrain inconnu... c’était totalement invisible... comment est-ce possible ?... ils ont utilisé le champ magnétique terrestre... »

Elle n’avait jamais prêté une grande attention à cette sculpture. Peu importait le sens de ses inscriptions. Mais ce soir, elle voulait des réponses :

— Pourquoi me montres-tu Kryptos ?

Parrish esquissa un sourire en coin et sortit, d’un geste théâtral, une feuille de sa poche.

— Et voilà ! Ce document caviardé qui te préoccupait tant... J’ai trouvé le texte original !

Nola fit un bond.

— Tu es entré dans l’espace privé du directeur ?

— Pas du tout. C’est justement ce que je viens de découvrir. Regarde, dit-il en lui tendant le papier.

Nola prit la feuille. Quand elle aperçut l’en-tête classique de la CIA, ses sourcils se soulevèrent de surprise.

Ce document n’était pas classé secret-défense. Il n’était même pas confidentiel.