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Et cependant, ils restent aveugles. Ils refusent de regarder le passé !

Le passé mystique de l’Église, pourtant, n’était nulle part aussi évident qu’à son épicentre : au Vatican ! Au cœur de la place Saint-Pierre se dressait un grand obélisque... Taillé mille trois cents ans avant la naissance de Jésus, ce monolithe mystérieux n’avait aucun lien, de près ou de loin, avec le christianisme moderne. Et pourtant, il se dressait au milieu de la place. Au saint des saints des terres de l’Église. Un phare de pierre, projetant ses signaux invisibles. Un mémorial pour les quelques sages qui se souvenaient encore où tout avait commencé. Cette Église, née de la matrice des Mystères anciens, avait hérité de ses rites et de ses symboles.

D’un symbole, en particulier.

On le trouvait partout – sur les autels, les habits, les clochers. C’était l’icône même de la chrétienté : l’image du sacrifice d’un être humain. Le christianisme, plus que toute autre religion, avait compris le pouvoir de transformation inhérent au sacrifice. Et aujourd’hui, pour honorer celui de Jésus, ses fidèles reproduisaient de misérables expiations... le jeûne, le carême, les dîmes...

Toutes ces offrandes sont vaines, évidemment. Pour un vrai sacrifice, il faut que le sang coule !

Les forces des ténèbres avaient depuis longtemps adopté les sacrifices de sang et, ce faisant, étaient devenues si puissantes que les forces du bien ne parvenaient plus à les contenir. Bientôt, toute lumière aurait disparu de la terre et les adeptes de l’ombre pourraient gouverner librement l’esprit des hommes.

97.

— Le Huit Franklin Square existe forcément ! pesta Sato. Regardez encore !

Nola Kaye ajusta son écouteur.

— Madame, j’ai regardé partout. Cette adresse n’existe pas à Washington.

— Mais je suis sur le toit du Un Franklin Square ! Il doit y avoir un numéro Huit !

Sur un toit ? Inoue Sato ?

— Attendez une seconde, s’il vous plaît...

Nola lança une nouvelle recherche. Devait-elle parler à sa chef du hacker ? Ce n’était peut-être pas le meilleur moment, Sato était obnubilée par le Huit Franklin Square. Et Nola ne parvenait pas à trouver l’information.

— Je vois le problème, reprit Nola en regardant son écran. Le Un Franklin Square est le nom de l’immeuble... pas une adresse. L’adresse de l’immeuble, en l’occurrence, c’est le 1301 Rue K.

Sato vacilla sous le coup.

— Je n’ai pas le temps de vous expliquer... mais la pyramide donne clairement l’adresse : Huit Franklin Square.

Nola sursauta.

La pyramide désignait un lieu ?

— L’inscription indique : Le secret est à l’intérieur de l’Ordre – Huit Franklin Square.

Nola n’en croyait pas ses oreilles.

— Un ordre comme celui des francs-maçons, par exemple ?

— Je suppose.

L’analyste réfléchit un moment, puis tapa de nouvelles instructions sur son clavier.

— Le nom des rues a peut-être changé au cours des siècles ? Si cette pyramide est aussi ancienne que le prétend la légende, alors les numéros sur Franklin Square n’étaient sans doute pas les mêmes à l’époque ? Je vais lancer une recherche sans le numéro huit avec les mots « ordre », « Franklin Square » et « Washington ». De cette façon, on saura s’il y a... Nola s’interrompit.

— Quoi ? Qu’est-ce que vous avez trouvé ? s’impatienta Sato.

Nola contemplait le premier résultat donné par le moteur de recherche : une photo de la majestueuse pyramide de Khéops – cette image servait de fond d’écran à un site consacré à un bâtiment de Franklin Square. Une construction qui ne ressemblait en rien aux autres immeubles du quartier.

Ni à aucun bâtiment de la ville, d’ailleurs.

Ce qui troublait Nola, ce n’était pas l’architecture unique de cet édifice, mais plutôt sa fonction... à en croire le site, il s’agissait d’une sorte de temple... d’un sanctuaire pour un ancien ordre secret.

98.

Saisi d’un violent mal de crâne, Robert Langdon reprit connaissance.

Où suis-je ?

Autour de lui, c’était l’obscurité. Il se trouvait dans une cave, profonde et silencieuse.

Il était étendu sur le dos, les bras le long du corps. Encore engourdi, il tenta de bouger ses doigts et ses orteils. Magnifique ! Ses muscles lui obéissaient de nouveau !

Que s’était-il passé ?

À l’exception de sa céphalée et de l’obscurité épaisse, tout paraissait à peu près normal.

Enfin, presque.

Il était couché sur une surface dure et étonnamment lisse, comme une plaque de verre. Plus étrange encore, il sentait ce contact froid partout sur sa peau – ses épaules, son dos, ses fesses, ses cuisses, ses mollets.

Je suis tout nu ?

Inquiet, il passa les mains sur son corps.

Où étaient ses vêtements ?

Des bribes de souvenirs lui revenaient en mémoire, par flashes... Des images terrifiantes. Un agent de la CIA baignant dans son sang. Le visage d’un démon tatoué. Sa propre tête heurtant le sol... Les scènes se succédaient de plus en plus vite. Il se rappela tout à coup que Katherine était ligotée et bâillonnée dans la salle à manger.

Langdon voulut s’asseoir mais sa tête heurta violemment un obstacle, juste au-dessus de lui. Une onde de douleur lui traversa le crâne, manquant de le faire tourner de l’œil. Sonné, il leva les mains, sondant l’espace. Ce qu’il découvrit le laissa pantois. Le plafond de la pièce se trouvait à trente centimètres de sa tête !

Où suis-je ?

Il voulut écarter les bras, mais il rencontra deux parois.

Lentement, la vérité lui apparut. Il n’était pas dans une pièce, mais dans une boîte !

Il commença à cogner du poing contre le couvercle.

Je suis dans un cercueil !

Il se mit à appeler au secours. La terreur enfla, un poids écrasant, intolérable.

On m’a enterré vivant !

Le couvercle de son étrange sarcophage refusait de bouger, même si Langdon faisait pression de toutes ses forces avec ses bras et ses jambes. Apparemment, le réceptacle était en fibre de verre. Étanche, hermétique, et incassable.

Il allait mourir asphyxié !

Il se revit dans ce puits où il était tombé enfant... Cette nuit de terreur passée dans l’eau glacée, au fond de ce trou noir...

Et ce soir-là, enterré vivant, Robert Langdon connaissait son pire cauchemar.

*

Katherine Solomon tremblait sur le sol de la salle à manger. Le fil de fer avait entaillé ses chevilles et ses poignets, et au moindre mouvement, elle avait l’impression que ses liens se resserraient.

Le monstre tatoué avait assommé Langdon et emporté son corps ainsi que le sac avec la pyramide. Où l’avait-il emmené ? L’agent de la CIA était mort. Tout était silencieux depuis plusieurs minutes. Était-elle seule dans la maison ? Elle avait tenté d’appeler à l’aide mais, à chaque essai, la boule de tissu s’enfonçait dangereusement dans sa gorge.

Elle sentit des vibrations de pas. Elle tourna la tête, dans le fol espoir de voir arriver des secours, mais c’est la silhouette du démon qui apparut dans le couloir. Katherine se recroquevilla, terrifiée. La même silhouette qui avait fait irruption dans la maison de ses parents, dix ans plus tôt.

Il a tué les miens.

L’homme marcha vers elle, l’attrapa par la taille et la chargea sur son épaule. Les fils de fer s’enfoncèrent dans sa chair, le bâillon étouffa ses cris de douleur. Il l’emporta dans le salon, où, plus tôt dans la journée, elle avait pris le thé avec lui.