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Je l’ai regardé. Il se tenait penché à sa portière, les sourcils joints au-dessus de son regard glacé.

— Si, Max, ça va…

— Tu sembles tout chose ?

— Je viens de passer à la purge le petit Maurice… Je crois que je me suis trop donné…

— Alors il est revenu ?…

— Oui, il est revenu !

— Tu as les pierres ?

Si je lui avouais que je ne les avais pas, il allait rentrer dans la maison, trouver Maurice vivant, le liquider pour de bon…

J’ai porté la main à ma poche gonflée par le revolver…

— Oui.

— Bravo… Allez, grimpe !

Je n’avais pas la force d’ouvrir la portière arrière… C’est Charly qui a actionné la manette de l’intérieur…

J’ai fait un effort surhumain pour me pencher. J’ai basculé en avant sur la banquette. Je me suis redressé… Je ne sentais plus mon dos… Charly a rabattu la portière… L’auto a démarré.

Une vaste torpeur m’engourdissait. Je voyais la vie à travers un brouillard… Le flottement de la voiture me berçait… Je pensais à Jacqueline, à Sylvie, et à cette suave odeur de cimetière qui flottait dans leur jardin.

CONCLUSION

Max conduit, les dents crispées sur son fume-cigarette d’or… À ses côtés, Charly mâche du chewing-gum. C’est très important pour la concentration, le chewing-gum ; tous les sportifs le prétendent ! Max chantonne… Ou plutôt il pense à un air joyeux, mais il ne le chante qu’en dedans, en haut du nez…

La voiture arrive sur la place de l’église au moment où un enterrement débouche. Max est obligé de freiner. Comme il a du savoir-vivre (et le sens de l’humour noir) il ôte son feutre beige à ruban clair… Il pousse Charly du coude pour l’inciter à en faire autant.

Charly sourit finement et met son chapeau sur ses genoux. Alors tous deux se retournent vers l’arrière pour voir si Lino les a imités…

Mais Lino a la tête penchée en avant, sur sa poitrine… comme tous les gens qui meurent assis.

L’enterrement de Mme Broussac passe en cahotant devant la Chevrolet bien briquée qui accapare tout le soleil.

FIN