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J’entendis à ma porte un bruit de verrou. Je levai les yeux.

— Hé, Fumier. Quelle heure est-il ?

Il est à présent 1200, écrivit Fumier.

J’avais passé presque quatre-vingt-dix minutes à faire joujou. Basta ! J’étais disposé à voir des personnes en chair et en os.

— Dégage, Fumier.

Au revoir, écrivit-il. Le texte disparut dès que je l’ai eu lu.

On frappa à la porte. J’allai ouvrir. J’étais persuadé que c’était Harry et me demandai à quoi il ressemblait.

Il ressemblait à une brunette hypercanon avec une peau olive (verte) sombre et de longues, longues jambes.

— Tu n’es pas Harry, dis-je avec un à-propos de débile profond.

La brunette me regarda puis me détailla de la tête aux pieds.

— John ?

Je la fixai sans comprendre pendant une seconde et retrouvai son nom tout d’un coup, juste avant que son identité ne flotte comme un fantôme devant mes yeux.

— Jesse.

Elle acquiesça. Je la dévisageai. J’ouvris la bouche pour dire quelque chose. Elle ne m’en laissa pas le temps. Elle prit ma tête entre ses mains et m’embrassa avec une telle fougue que je culbutai en arrière. Elle réussit à fermer la porte d’un coup de pied alors que nous tombions par terre. J’étais impressionné.

J’avais oublié comme il est facile pour un homme jeune d’avoir une érection.

Six

J’avais également oublié combien de fois un homme jeune peut renouveler une érection.

— Ne le prends pas mal, disait Jesse, allongée sur moi après la troisième ( !) fois. Mais je ne suis pas tant que ça attirée par toi.

— Merci, mon Dieu. Si tu l’étais, je serais réduit à un ectoplasme.

— Ne le prends pas mal. J’ai de l’affection pour toi. Même avant… (elle fit un geste, tâchant de trouver le moyen de décrire une transplantation corporelle totale de jouvence) le changement, tu étais intelligent et sympa et drôle. Un bon ami.

— Hum… Tu sais, Jesse, en général, le baratin du « soyons amis » vise à exclure le sexe.

— Je ne veux pas que tu te fasses des illusions à cause de ce qui vient de se passer, c’est tout.

— Je trouvais magique d’être transporté dans un corps de vingt ans et d’en tirer tant d’excitation qu’il est impératif de forniquer comme un sauvage avec la première femme qu’on voit.

Jesse me regarda un instant puis éclata de rire.

— Oui ! C’est exactement ça. Même si, dans mon cas, tu étais la deuxième personne. J’ai une compagne de cabine, tu sais.

— Ah oui ? À propos, comment Maggie s’en est tirée ?

— Oh, grands dieux. En comparaison, je ressemble à une baleine échouée, John.

Je caressai ses hanches.

— Une baleine échouée rudement belle, Jesse.

— Je sais.

Soudain, elle se redressa, me chevauchant. Elle leva les bras et les croisa derrière la tête, pointant ses seins déjà merveilleusement fermes et pleins. Je sentis l’intérieur de ses cuisses irradier de la chaleur alors qu’elle les fermait autour de ma taille. Même si je n’avais pas d’érection sur le moment, il allait en venir une bientôt.

— Je veux dire, regarde-moi, déclara-t-elle sans nécessité puisque je ne l’avais pas quittée des yeux depuis l’instant où elle s’était assise. Je suis d’une beauté fabuleuse. Je ne dis pas ça par vanité. Mais je n’ai jamais été aussi belle de ma vie. Loin s’en faut.

— Je trouve ça difficile à croire.

Elle saisit ses seins et pointa les tétons vers mon visage.

— Vise-moi ça, dit-elle en faisant tressauter celui de gauche. Dans la vie réelle, celui-là était d’une taille plus petite que celui-ci et il était quand même trop grand. J’ai toujours eu mal au dos depuis la puberté. Et je crois que mes seins n’ont été aussi fermes que pendant une semaine, quand j’avais treize ans. Peut-être.

Elle se pencha, me prit les mains et les posa sur son ventre plat et parfait.

— Jamais non plus je n’ai eu le ventre comme ça. J’ai toujours eu une rondeur ici, même avant d’avoir fait des bébés. Après deux enfants, eh bien, disons que, si j’en avais voulu un troisième, mon ventre aurait tourné au duplex.

Je glissai mes mains dans son dos et lui empoignai le cul.

— Et ça ?

— Un imposant chargement, fit-elle en riant. J’étais grosse, mon ami.

— Être grosse n’est pas un crime. Kathy avait des rondeurs. Ça me plaisait beaucoup.

— Mes kilos ne me posaient pas de problème. Il est stupide de faire des complexes à cause de son corps. D’un autre côté, je ne le vendrais pas maintenant pour un empire. (Elle laissa courir ses mains sur elle de façon provocante.) Je suis hyper sexy !

Sur ces mots, elle pouffa de rire et renversa la tête. Je l’accompagnai de bon cœur. Puis elle se pencha et scruta mon visage.

— Je trouve ces yeux de chat incroyablement fascinants. Je me demande s’ils ont vraiment utilisé l’ADN du chat pour les fabriquer. Tu sais, greffer de l’ADN de chat sur le nôtre. Ça ne me déplairait pas d’être à moitié chatte.

— À mon avis, ce n’est pas de l’ADN de chat. Nous ne possédons aucun autre attribut de cet animal.

Jesse se redressa.

— Par exemple ?

— Eh bien, dis-je en avançant avec nonchalance les mains vers ses seins, primo, les mâles ont des barbillons sur le pénis. Tu les aurais remarqués si j’en avais.

— Ça ne prouve rien, dit-elle en projetant brusquement son buste en avant et ses fesses en arrière pour se retrouver allongée sur moi. (Elle sourit d’un air égrillard.) Et si on ne l’avait pas fait assez fort pour qu’ils sortent ?

— Je sens un défi.

— Et moi, je sens également quelque chose, ajouta-t-elle en se trémoussant.

— À quoi tu penses ? me demanda Jesse plus tard.

— À Kathy. Et à toutes les fois où nous étions allongés côte à côte comme nous maintenant.

— Tu veux dire sur le tapis ? sourit Jesse. Je lui donnai une légère tape sur la tête.

— Non, pas sur le tapis. Allongés, c’est tout, après l’amour, en train de bavarder et de savourer le fait d’être ensemble. Nous étions ainsi la première fois que nous avons parlé de nous engager.

— Pourquoi tu as abordé ce sujet ?

— Ce n’est pas moi, c’est Kathy. Nous fêtions mon soixantième anniversaire et vieillir me déprimait. Alors elle a suggéré de nous engager quand le moment serait venu. J’ai été quelque peu surpris. Nous avions toujours été antimilitaristes. Nous avions protesté contre la guerre subcontinentale, tu sais, à une époque où ce n’était guère populaire de le faire.

— Beaucoup de gens ont protesté contre cette guerre.

— Oui, mais nous avions activement protesté. On était même devenus un sujet de plaisanterie en ville.

— Alors quels arguments t’a-t-elle donnés pour vous engager dans l’armée coloniale ?

— Qu’elle n’était pas contre la guerre ni l’armée en général, mais juste contre cette guerre-là et notre armée. Que les gens ont le droit de se défendre et que, là-bas, l’univers était probablement ignoble. Et elle a dit aussi qu’à part ces nobles raisons nous redeviendrions assez jeunes pour faire à nouveau des étincelles.