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— Oui, je crois, mon général.

— C’est bien ce que je pensais. Donc une Étoile de bronze pour vous, mon gars. Félicitations.

— Oui, mon général. Merci, mon général.

— Mais je ne vous ai pas fait venir ici dans ce but, reprit Keegan. (Il désigna la table.) Je ne pense pas que vous ayez déjà rencontré le général Szilard qui dirige nos Forces spéciales. Repos, inutile de saluer.

— Mon général, dis-je en lui adressant du moins un signe de tête.

— Caporal, entama Szilard, dites-moi, qu’avez-vous entendu au sujet de la situation de Corail ?

— Pas grand-chose, mon général. Juste des conversations entre amis.

— Vraiment, fit-il d’un ton sec. J’aurais cru que votre ami, le soldat Wilson, vous avait donné un briefing exhaustif.

Je commençais de prendre conscience que mon impassibilité, jamais très réussie, l’était encore moins ces jours-ci.

— Bien sûr que nous connaissons le soldat Wilson, enchaîna Szilard. Vous voudrez peut-être lui dire que sa façon de fouiner n’est pas aussi subtile qu’il le croit.

— Harry sera surpris de l’apprendre.

— Sans aucun doute. Je n’ai pas le moindre doute non plus qu’il vous ait mis au courant de la nature des soldats des Forces spéciales. Ce n’est pas un secret d’État, entre nous soit dit, même si nous ne portons pas les informations sur les Forces spéciales dans la base de données générale. Nous consacrons l’essentiel de notre temps à des missions qui imposent le secret et la confidentialité la plus stricte. Nous n’avons guère l’opportunité de passer beaucoup de temps avec le restant d’entre vous. Ni guère d’inclination non plus, d’ailleurs.

— Le général Szilard et les Forces spéciales prennent le commandement de notre contre-attaque des Rraeys sur Corail, annonça le général Keegan. Si nous escomptons reprendre la planète, notre objectif immédiat est d’isoler leur appareil à détection des tachyons, de le mettre hors d’état de fonctionner sans le détruire si possible, mais de le détruire s’il le faut. Le colonel Golden (Keegan désigna un homme à l’air sombre assis à côté de Newman) pense que nous savons où il se trouve… Colonel.

— En deux mots, caporal, dit Golden, notre surveillance avant le premier assaut sur Corail a révélé que les Rraeys ont déployé un ensemble de petits satellites en orbite autour de la planète. Au début, nous avons cru qu’il s’agissait de satellites espions destinés à suivre les mouvements de troupes et des coloniaux au sol, mais à présent nous pensons qu’il s’agit d’une batterie permettant de repérer les structures tachyons. Nous croyons que la station de repérage qui compile les données transmises par les satellites se trouve sur la planète elle-même et qu’elle a été acheminée au sol pendant la première vague de l’attaque.

— Nous pensons qu’elle est sur la planète parce que l’ennemi estime qu’elle s’y trouve plus en sécurité, ajouta le général Szilard. Restée sur un vaisseau, un bâtiment FDC offensif risquerait de l’atteindre, même par pur hasard. Et, comme vous le savez, aucun vaisseau, sauf votre navette, ne s’est approché de la surface de Corail. On peut donc parier qu’elle s’y trouve.

Je me tournai vers Keegan.

— Puis-je poser une question, mon général ?

— Allez-y.

— Pourquoi me dites-vous tout cela ? Je ne suis qu’un caporal sans escadron, ni compagnie ni bataillon. Je ne vois pas pourquoi me mettre au courant.

— Parce que vous êtes l’un des rares survivants de la bataille de Corail et le seul qui n’a pas survécu par pure chance, expliqua Keegan. Le général Szilard et ses hommes pensent, et je suis d’accord avec eux, que sa contre-attaque aura une meilleure chance de succès si un soldat qui a participé au premier assaut conseille et observe le second. Autrement dit, vous.

— Avec tout le respect que je vous dois, mon général, ma participation a été minime et désastreuse.

— Moins désastreuse que la plupart des autres, repartit Keegan. Caporal, je ne vous mentirai pas : je préférerais quelqu’un d’autre dans ce rôle. Toutefois, vu la situation, nous n’avons personne. Même si la somme des conseils et des avis que vous pourrez donner est minime, ce sera mieux que rien du tout. De surcroît, vous avez montré une capacité à improviser et à réagir au quart de tour dans une situation de combat. Vous serez utile.

— Et que vais-je faire ?

Keegan jeta un coup d’œil à Szilard.

— Vous serez affecté à l’Épervier, dit Szilard. Ce sont les Forces spéciales ayant le plus d’expérience dans cette situation particulière. Votre boulot consistera à conseiller l’état-major de l’Épervier en relation avec votre expérience de Corail, à observer et à agir comme liaison entre les forces régulières des FDC et les Forces spéciales si nécessaire.

— Je vais aller au combat ?

— Vous êtes surnuméraire, répondit Szilard. Il est bien plus probable qu’il ne vous sera pas demandé de participer aux affrontements.

— Vous devez comprendre que cette assignation est des plus inhabituelle, précisa Keegan. Dans la pratique, en raison des différences de mission et de personnel, les forces régulières et les Forces spéciales ne sont presque jamais mélangées. Même au cours des combats où les deux corps sont engagés ensemble contre un ennemi commun, elles ont tendance à assumer des rôles distincts et mutuellement incompatibles.

— Je comprends, dis-je.

Je comprenais bien plus qu’ils ne le savaient. Jane servait sur l’Épervier.

Comme s’il avait suivi le cours de ma pensée, Szilard prit la parole.

— Caporal, j’ai appris que vous aviez eu un incident avec l’un de mes soldats. Une femme de l’Épervier. Il faut me garantir qu’il n’y aura plus d’incident de ce genre.

— Oui, mon général. L’incident est lié à un malentendu. Une erreur d’identité. Il ne se reproduira pas.

Szilard lança un signe de tête vers Keegan.

— Très bien, fit ce dernier. Caporal, vu votre nouvelle fonction, je pense que votre rang ne correspond pas à la tâche. Vous êtes par la présente promu lieutenant, promotion qui prend effet immédiatement, et vous vous présenterez au commandant Crick, l’officier commandant l’Épervier, à 1500. Cela devrait vous laisser le temps pour vous préparer au départ et faire vos adieux. Des questions ?

— Non, mon général. Mais j’ai une requête.

— Cela sort de l’ordinaire, dit Keegan sitôt que je l’eus exposée. Et en d’autres circonstances – pour les deux cas –, je dirais non.

— Je comprends, mon général.

— Toutefois, les dispositions seront prises. Et espérons qu’il en sortira quelque chose de positif… Très bien, lieutenant, vous pouvez disposer.

Harry et Jesse vinrent me retrouver dès que possible après le message que je leur adressai. Je leur annonçai mon assignation et ma promotion.

— Tu penses que c’est Jane qui a arrangé ça ? demanda Harry.

— Je le sais. Elle m’a dit qu’elle l’avait fait. Il se peut que je me révèle utile d’une certaine manière. Mais je suis certain qu’elle a planté un micro espion dans l’oreille de quelqu’un. Je pars dans quelques heures.

— Nous allons encore être séparés, regretta Jesse. Et ceux qui restent de la compagnie de Harry et de la mienne le seront aussi. Nos camarades sont assignés sur d’autres vaisseaux. Nous attendons de connaître les nôtres.

— Qui sait, John ? dit Harry. Nous serons probablement renvoyés sur Corail avec toi.