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922a : Exactement.

645d : Qu’est-ce qui va se passer ?

922a : J’en sais rien. Ça pourrait être la stase.

645d : Mais faut faire quelque chose !

922a : Bonne chance, mon pote ! Personnellement, je pense qu’on est partis pour bien se marrer. Mille ans de rigolade.

32

La porte du bureau d’Anna était ouverte, et son attention fut attirée par la voix tendue de Frank, qui était au téléphone. Ayant déjà surpris une de ses conversations, elle eut moins de scrupules cette fois, d’autant qu’il lui aurait été difficile de ne pas entendre ce qu’il disait alors qu’il haussait le ton :

— Quoi ? Mais comment peuvent-ils faire une chose pareille ?

Ensuite, un silence. Ponctué par le grincement de sa chaise et un bref tapotement de doigts.

— Hm-hm. Ouais. Eh bien, qu’est-ce que tu veux que je te dise ? C’est vraiment dommage. Ça pue, c’est sûr… Ouais. Enfin, tu sais comment c’est… toi, tu t’en sortiras toujours, d’une façon ou d’une autre. C’est plutôt ton personnel qui va se retrouver dans la mouise… Non, non, je comprends. Tu as fait de ton mieux. Tu ne pouvais rien faire à partir du moment où tu avais vendu. Ce n’est pas ta faute, Derek… Ouais, je sais. Ils trouveront du boulot ailleurs. Ce n’était pas comme si c’était la seule biotech dans le coin, c’est la capitale mondiale de la biotechnologie, après tout, hein ?… Ouais, bien sûr. Tu me préviens dès que tu seras fixé… D’accord. Moi aussi. Salut !

Il raccrocha brutalement, jura tout bas.

Anna jeta un coup d’œil par sa porte.

— Un problème ?

— Ouais.

Elle se leva et s’approcha de son bureau. Il secouait la tête en regardant par terre d’un air dégoûté.

Il leva les yeux et croisa son regard.

— Small Delivery Systems ferme Torrey Pines Generique, et ils foutent presque tout le monde dehors.

— Quoi ? Mais ils venaient de les racheter, non ?

— Oui. Mais ils ne voulaient pas des gens. Ce qui les intéressait, chez Torrey Pines, c’était sûrement un truc bien précis, une sorte de brevet. Ou l’un des gars qu’ils ont gardé. Ils en ont invité quelques-uns à rejoindre le labo de Small Delivery à Atlanta. Comme ce mathématicien dont je t’ai parlé. Celui qui avait envoyé une demande de subvention, tu vois qui je veux dire ?

— L’un des dossiers qui ont été retoqués ?

— C’est ça.

— Ton panel n’avait pas été impressionné, si je me souviens bien.

— Exactement. Et maintenant, je commence à me demander s’ils ne se sont pas fourré le doigt dans l’œil. Enfin, nous n’aurons plus l’occasion de le savoir. Ils vont lui faire signer un contrat par lequel ils s’arrogeront tous les droits sur ses travaux, et ils les feront breveter, ou ils les protégeront comme un secret de fabrication, ou ils les enterreront, purement et simplement, si ça interfère avec un de leurs produits. Enfin, ce que leur service juridique pensera être le plus juteux.

Anna le regarda un instant ruminer et dit :

— Enfin…

Il la fusilla du regard.

— Un type comme celui-là appartient à la NSF.

Anna haussa un sourcil. Elle était bien consciente de l’attitude ambivalente, voire radicalement négative, de Frank envers la NSF. Il y avait assez souvent fait allusion. Frank comprit son regard, dit :

— Tu comprends, s’il était ici, on pourrait l’inciter à foncer. Lui dire d’attaquer, quoi. Comme un chien.

— Je ne pense pas que nous ayons un programme qui fait ça.

— Eh bien, il faudrait, voilà ce que j’en dis, moi.

— Tu pourras dire ça au comité, cet après-midi, dit Anna.

Elle sembla méditer sa propre réponse. Une sorte de moteur de recherche humain, cherchant des solutions mathématiques…

— Je me suis déjà assez mouillé comme ça, murmura Frank, l’air pas spécialement amusé. D’ailleurs, je me demande bien pourquoi Diane m’a demandé de faire cette intervention.

— Qui sait ? Pour que tu nous fasses profiter de ta sagesse avant de partir, va savoir ?

— Ouais. C’est ça.

Il regarda son bloc jaune couvert de notes.

Anna l’observait, en proie, de nouveau, à cet élan d’affection légèrement irrationnelle qu’elle avait ressenti pour lui le soir où elle avait invité les Khembalais. Il lui manquerait, quand il partirait.

— Tu veux descendre prendre un café ?

— D’accord.

Il se leva lentement, perdu dans ses pensées, en fermant les programmes ouverts sur son ordinateur.

— Hé, qu’est-ce que tu t’es fait à la main ?

— Ça ? Oh, je me suis amoché en faisant de l’escalade. Je me suis rattrapé à la corde.

— Oh mon Dieu, Frank !

— J’étais assuré, de toute façon. C’était juste un mauvais réflexe.

— Ça doit faire mal.

— Quand je plie la main, seulement.

Ils quittèrent les bureaux et se dirigèrent vers les ascenseurs.

— Et Charlie, ça va mieux, ses brûlures de sumac ?

— Il geint et grogne toujours. La plupart des vésicules sont asséchées. Il y en a encore quelques-unes qui continuent à suppurer, mais je pense que le plus dur, maintenant, c’est que ça l’empêche de dormir, la nuit. Il n’a pas beaucoup dormi depuis que c’est arrivé. Entre le prurit et Joe, il est sur le point de devenir dingue.

Arrivée au Starbucks, elle dit :

— Alors, tu as préparé ton intervention devant le comité ?

— Non. Enfin, disons que je suis aussi prêt qu’on peut l’être. Je te le répète, je ne sais pas pourquoi Diane m’a demandé de prendre la parole.

— Ça doit être parce que tu t’en vas. Elle veut te soutirer des informations avant ton départ. Elle fait ça avec certains de nos visiteurs. Au moins, ça montre qu’elle s’intéresse à ta façon de voir les choses.

— Mais comment pourrait-elle la connaître ?

— Ça, je n’en sais rien. Pas par moi, en tout cas. Je ne dirais que des choses positives sur toi, évidemment, mais elle ne m’a rien demandé.

Il caressa doucement la brûlure de sa paume.

— Dis-moi, tu as entendu parler de quelqu’un qui se serait fait coller un blâme et qui s’en serait sorti ? Sans représailles, je veux dire ?

— Ça arrive tout le temps.

— Vraiment ?

— Évidemment. Il y a des moments où c’est la meilleure façon de réagir.

— Hum.

Ils étaient arrivés devant la caisse, et ils s’interrompirent pour demander leurs cafés, qui leur furent servis à une vitesse record. Frank avait l’air songeur. Anna repensa à lui, tel qu’il était arrivé chez elle, l’autre soir, trempé par l’averse, et elle demanda :

— Dis, tu as retrouvé la trace de cette femme avec qui tu as partagé un ascenseur ?

— Non. J’allais t’en parler, justement. J’ai fait ce que tu m’as suggéré, j’ai contacté les services du métro, j’ai demandé à la maintenance le rapport sur lequel figurait son nom. J’ai dit que j’avais besoin de la contacter pour mon assurance.

— Ah bon ? Et alors ?

— Alors, le type du métro me l’a lu intégralement, sans problème. Tout ce qu’elle avait écrit. Mais apparemment, elle ne l’a pas rempli correctement.

— Comment ça ?

Ils ressortirent du Starbucks et rentrèrent dans le bâtiment.

— Elle a donné une fausse adresse. Il n’y a personne qui habite là. Et elle a mis un nom du genre Jane Smith. Qui m’a tout l’air d’être inventé.