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— Je ne veux même pas que vous y pensiez, dit Malko. Allez vite retrouver l’heureux homme qui a l’honneur de vous inviter à déjeuner.

D’après sa tenue, elle n’allait pas s’arrêter aux plaisirs de l’estomac…

Il attendit qu’elle ait pénétré dans le Palais Schwartzenberg pour examiner la Volvo accidentée. L’étiquette de vidange était collée sur le montant de la portière avant, celle qui était à moitié arrachée. Malko lut le kilométrage : 10 456. Il s’assit derrière le volant et regarda le compteur : 10 987. Plus de quatre cents kilomètres.

Pamela Balzer avait menti. C’était bien sa voiture qui avait transporté les assassins de John Mac Kenzie et Heidi Ried.

Chapitre IV

— Il faut absolument identifier les deux hommes qui se trouvaient avec Pamela Balzer au Bristol, martela Jack Ferguson.

— C’est plus facile à dire qu’à faire, remarqua Malko, mais j’ai peut-être une piste.

— Laquelle ?

Malko sortit un bout de papier de sa poche et le tendit au chef de station.

— J’ai trouvé ce numéro de téléphone dans la boîte à gants de la Volvo.

— Qu’est-ce que c’est ?

— J’ai appelé. Il s’agit de la délégation irakienne à l’OPEP.

— Les Irakiens !

L’Américain semblait stupéfait. Il secoua la tête.

— Il n’y a probablement aucun rapport. Cette fille fréquente beaucoup de gens.

Malko, lui, n’était pas étonné.

— Ce double meurtre brutal est bien dans la façon des Irakiens, remarqua-t-il. On n’a jamais vu les Iraniens se livrer à ce genre d’action en Europe où ils n’ont pas de réseaux de soutien.

— Les Iraniens sont aussi à l’OPEP, corrigea Jack Ferguson, têtu. Le passeport de Farid Badr constitue un indice supplémentaire. De toute façon, il faut monter une opération sur cette Pamela Balzer. Vous vous en sentez capable ?

— Ça va être difficile, remarqua Malko. Bien sûr, le contact est établi, mais je doute qu’elle se confie sur l’oreiller, même si je paie de ma personne. Il faut trouver une astuce.

— Un brillant chef de mission comme vous devrait y arriver, commenta Jack Ferguson. J’espère que vous n’avez pas trop abîmé sa voiture.

— Le pare-chocs de ma Rolls risque de vous coûter plus cher que sa portière, commenta sobrement Malko.

— C’est le « Caucasien »[8] qu’il faut identifier, lança l’Américain, celui qui était au bar du Bristol. Il faudrait que le barman en fasse un portrait-robot…

— Que vous ferez placarder, un peu partout en Europe, ironisa Malko. Vous ignorez même sa nationalité. Le meilleur moyen est encore de séduire Pamela et de la faire parler. Je rentre à Liezen car, ce soir, je reçois quelques amis. De toute façon, je ne peux pas la brusquer ou elle va se douter de quelque chose.

Jack Ferguson le regarda, plein de gravité.

— John et Heidi sont morts, dit-il. J’ai envie de les venger.

— Moi aussi, dit Malko. Tout autant que vous.

* * *

La nuit n’avait pas porté conseil à Malko. Après avoir récupéré Alexandra au Sacher, ployant sous le poids de ses emplettes, il avait regagné Liezen et dîné simplement avec deux couples d’amis. Chevreuil et Sachertorte. Ensuite, Alexandra, en guêpière blanche, s’était amusée avec les glaces de leur chambre… Il venait de terminer son petit déjeuner et ouvrait distraitement son courrier, cherchant comment il pourrait lire dans le cœur de la pulpeuse Pamela Balzer. Il eut soudain une idée. Une seule personne pouvait lui venir en aide.

Mandy la Salope !

Entre eux, c’était une vieille histoire, mais pas vraiment une histoire d’amour. Il avait, quelques années plus tôt, arraché Mandy Brown aux griffes de « Russian Louis » Siegel, un gangster de Honolulu, en lui procurant son premier orgasme sur une couche de trois millions de dollars en billets de cent, et elle lui en avait gardé une reconnaissance éternelle. Depuis, Malko avait fait appel deux ou trois fois à elle, dans des circonstances difficiles où Mandy, plus salope et pulpeuse que Dalila, avait fait merveille.

Sa spécialité, c’était les Arabes qu’elle rendait fous de son corps tout en courbes, rompu à toutes les perversités. Elle avait failli être une Reine de Saba[9], avait mené un émir au bourreau[10] et avait failli être kidnappée pour de bon par un des frères du sultan de Brunei[11]. À chaque aventure son pécule s’arrondissait. Elle s’était même offert comme légitime époux un lord authentique, à peine pédéraste, qui se contentait de la fouetter de temps en temps quand il avait bien sodomisé sa jument préférée. Tous les fantasmes sont honorables… Malko ouvrit son livre d’adresses et composa un numéro à Londres…

Une voix à faire bander un ayatollah en décomposition susurra aussitôt dans l’appareil.

— Bonjour ! Mandy Brown est absente, mais elle ne va pas tarder à revenir. Please, laissez-moi votre nom et quelques mots gentils…

On aurait dit la voix d’un Escort Service. Malko laissa son nom, demandant à être rappelé. Mandy le faisait toujours… Il avait à peine raccroché qu’Alexandra pénétra dans la bibliothèque. Maquillée, les cheveux relevés avec de fines nattes encadrant son visage sensuel, les yeux ombrés de rose, ce qui en faisait ressortir le vert. Mais surtout, c’est sa tenue qui époustoufla Malko : une robe longue, marron glacé, décolletée en carré, très ajustée à la taille, s’évasant ensuite en un large cercle froufroutant. Un vrai tableau Renaissance. Elle s’arrêta devant Malko, puis tournoya sur elle-même, ce qui lui permit de remarquer que le tissu, avant de s’évaser, moulait étroitement la cambrure de sa superbe croupe dans laquelle il se déversait depuis tant d’années.

— Tu aimes ?

— Qu’est-ce que c’est que cela ? demanda Malko, stupéfait par cette apparition matinale.

— Tiens, regarde !

Elle lui tendit un carton d’invitation qu’il lut. Son Altesse Sérénissime le Prince Malko Linge était convié à une grande soirée costumée dans le château des Saint-Brice, à Amboise, en France, afin de commémorer le cinq centième anniversaire de la venue de Léonard de Vinci en ces lieux. Festivités et bals étaient prévus. Tous les invités devaient être costumés. Il leva les yeux. Alexandra le fixait, l’air coquin.

— J’ai l’impression d’être une autre femme, dit-elle, soudain émoustillée.

Quelque chose brûlait dans ses yeux et ses lèvres semblaient d’un coup avoir gonflé. Malko s’approcha, ému à son tour. Son regard plongea dans le décolleté où les seins, poussés en avant par un balconnet pourpre, attiraient la main de l’honnête homme comme le miel attire les mouches. Il les caressa doucement et Alexandra lui adressa un regard trouble.

— Salaud ! fit-elle. Je suis sûre que tu as déjà l’impression de me tromper.

— C’est un peu cela, avoua Malko.

Il pinça la pointe d’un sein et elle gémit. Appuyée à la boiserie, elle le laissa farfouiller sous la grande robe, remonter le long des jambes gainées de bas marron glacé et trouver la peau nue des cuisses. Au-dessus, il n’y avait plus rien… Quand les doigts effleurèrent sa toison, elle murmura à l’oreille de Malko.

— Je ne mettrai rien ce soir-là. Comme ça, si j’ai affaire à un cavalier un peu audacieux, il pourra me baiser debout contre un arbre du parc. Ça doit être délicieux. En plus, tu sais, à cette époque, les hommes portaient des hauts-de-chausses très ajustés. Au moins, on pouvait voir à l’avance ce qu’on allait se mettre dans le corps. Et choisir…

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8

Terme utilisé par les Américains pour désigner un homme de race blanche.

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9

Voir Coup d’état au Yemen.

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10

Voir Carnage à Abu Dhabi.

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11

voir Arnaque à Bruneï.