— John Mac Kenzie pensait cela à Berchtesgaden. Les policiers de la DST à Roissy aussi. Nous sommes sur une histoire énorme, dont nous ne savons pratiquement rien. Cette Pamela Balzer est en possession d’une information dont elle ignore, probablement, l’importance. Mais elle est la seule à pouvoir nous la donner. Les autres ne l’oublieront pas.
Tarik Hamadi écoutait le récit d’Ibrahim Kamel, de plus en plus perturbé. Ce dernier avait tenté dans la matinée de joindre Pamela Balzer, mais elle l’avait poliment éconduit, lui proposant de passer la voir chez son coiffeur… Évidemment, c’était difficile de l’y liquider… Ensuite, elle partait.
— Elle se doute de quelque chose ? demanda Tarik Hamadi.
— Je n’en sais rien, répondit piteusement Ibrahim. Ça peut être une coïncidence.
— Et l’agent de la CIA ?
— Aucune nouvelle. Il n’est pas dans son château, nous avons téléphoné. Il n’est pas non plus au Sacher.
— Bizarre ! conclut Tarik Hamadi.
Cela commençait à faire beaucoup de coïncidences… Les deux hommes qui surveillaient Pamela Balzer appartenaient probablement à la CIA. Mais comment étaient-ils remontés jusqu’à elle ? L’échec d’Ibrahim dans sa liquidation de leur agent avait tout fichu en l’air.
— Elle quitte Vienne ce soir pour trois jours, annonça Ibrahim. Elle va en France pour une grande fête, dans un château, elle me l’a dit. Avec son fiancé.
Une idée jaillit dans le cerveau de Tarik Hamadi. Et pas une idée gaie… Tout devenait clair.
— Téléphonez immédiatement au château de Liezen, dit-il, et demandez si le prince Linge est déjà parti pour la France. Rappelez-moi aussitôt.
Il raccrocha et attendit. Pas longtemps. La voix d’Ibrahim Kamel était altérée lorsqu’il l’eut de nouveau en ligne.
— On m’a dit qu’il prenait l’avion pour Paris aujourd’hui, annonça-t-il.
Tarik Hamadi sentit le sang se retirer de son visage. C’était la catastrophe, cette fois, plus question de coïncidences.
— Cette chienne va retrouver l’agent de la CIA, dit-il. Débrouillez-vous pour savoir où elle va et liquidez-la, ordonna-t-il. Il faut empêcher qu’elle leur parle. Rappelez-moi dès que c’est fait.
Il raccrocha sans laisser à Ibrahim le temps de répondre.
— Holy cow !
Chris Jones échangea un regard avec Milton Brabeck tout aussi stupéfait que lui. Même Malko n’en revenait pas. Une apparition incroyable venait de surgir au milieu des passagers débarquant du vol en provenance de Londres.
Mandy Brown !
Un diadème d’impératrice ceignait ses cheveux blonds, encadrant son visage outrageusement maquillé, en dépit de l’heure matinale. Ses oreilles et son cou étaient ornés d’une parure d’émeraudes qui devait valoir dix mille ans de salaire d’un cadre moyen. Mais c’était surtout sa robe qui était inouïe. Un long fourreau de cuir noir descendant jusqu’au sol qui semblait cousu sur elle. Deux guirlandes de roses rouges en cuir en constituaient le haut, laissant les trois quarts de ses seins à l’air et elle était tellement étroite du bas que Mandy ne pouvait avancer qu’à tout petits pas. Arrivée devant Malko, elle pivota et il découvrit que le cuir noir se resserrait juste en haut des cuisses, moulant une mappemonde sur laquelle on aurait pu poser un verre !
— Tu aimes ? demanda-t-elle. C’est un truc de Jean-Claude Jitrois. Il paraît qu’on s’habillait comme ça à la Renaissance… Le problème, c’est que j’ai du mal à marcher.
Il l’entraîna à l’écart afin d’éviter un viol collectif. Les Britanniques qui débarquaient du vol avaient les yeux hors de la tête. Ils commençaient leurs vacances avant même d’avoir touché le sol français.
Accrochée à son bras, Mandy lui glissa à l’oreille :
— Si tu veux me sauter, faudra attendre que je l’enlève. J’ai rien dessous, sauf mes bas.
Elle prit sa main et la posa sur le cuir en haut des cuisses et il sentit effectivement les serpents des jarretelles. Mandy la Salope avait le sens de l’érotisme. Chris Jones et Milton Brabeck sentaient leur univers basculer. Elle leur sourit, coquine.
— Vous êtes pas déguisés, vous ?
— Viens ! dit Malko.
Elko Krisantem attendait au volant d’une Mercedes 600 de location. Il y avait quand même trois heures de route jusqu’à Amboise. Ils gagnèrent le parking où les « gorilles » récupérèrent la voiture de protection bourrée de costumes et d’armes.
Ils étaient arrivés de Vienne la veille au soir et avaient couché à Paris. En repassant au château de Liezen, Malko avait trouvé un mot très sec d’Alexandra l’avertissant qu’elle partait quelques jours chez des amis. Sans préciser lesquels, évidemment… Comme elle avait vidé la commode où elle entassait ses dessous, le pire était à craindre. À tout hasard, il avait laissé le numéro du château d’Amboise, au cas improbable où elle aurait un regret…
Malko s’installa à l’arrière de la Mercedes avec Mandy Brown qui se tenait très droite à cause du diadème. Elle expédia à Malko une œillade lubrique.
— C’est vachement excitant ce machin de cuir ! Quand j’attendais l’avion, il y a un mec qui est venu se frotter contre moi par-derrière. J’ai cru qu’il allait percer mon cuir avec son truc…
Elle en était encore tout émue.
Malko posa la main sur une cuisse gainée de cuir et dit de sa voix la plus douce.
— Mandy, il faut maintenant que je t’explique quelque chose.
Mandy Brown sembla parcourue par une décharge électrique. Tournant vers Malko un regard furibond.
— Je me doutais qu’il y avait une arnaque. Tu ne vas pas me parler de cette pute de Pamela ! Tu veux la baiser ou quoi ? Tu n’as pas besoin de moi pour ça…
Il était temps de dissiper un malentendu.
— C’est vrai, dit Malko, je m’intéresse à elle, mais pas pour ce que tu crois…
Mandy Brown poussa un glapissement aigu.
— Arrête cette caisse immédiatement ! Je veux descendre.
Comme il ne bronchait pas, elle attrapa Elko Krisantem par l’épaule et se mit à le secouer comme un prunier. Le Turc se retourna, expédiant à Mandy un regard à faire rentrer n’importe qui sous terre. La jeune Américaine revint alors à Malko, flamboyante de fureur.
— Salaud ! Et moi qui ai marché une fois de plus ! Comme une conne ! Je pensais que tu m’emmenais pour un week-end d’amoureux. C’est encore un de tes coups tordus.
Brutalement, elle se jeta vers la portière et tenta de l’ouvrir. Malko la rattrapa de justesse et dut la ceinturer pour l’empêcher de se jeter dehors. Ils luttèrent quelques instants et dans la bagarre la croupe moulée de cuir se retrouva tout contre son ventre. Tandis qu’elle continuait à le couvrir d’injures. Impavide, Elko Krisantem gardait l’œil fixé sur la route… La situation n’évoluait plus, mais, peu à peu, Malko, au contact de ce cuir tiède, sentit une sensation agréable monter de ses reins. D’une main, sans se soucier du tombereau d’injures déversées par Mandy, il se mit à caresser une cuisse, suivant la ligne des jarretelles, comme on apprivoise un animal.
Fous-moi la paix, hurla Mandy, je ne veux pas que tu me touches.
De nouveau, elle voulut sauter par la portière et Malko parvint à la refermer. Immédiatement, du volant, Elko Krisantem les verrouilla toutes les quatre… Répit. Il fallait employer les grands moyens.
Mandy restait tassée comme un animal, tournant le dos à Malko. Gentiment, celui-ci s’empara de la fermeture de la robe et tira vers le bas, découvrant le dos de Mandy Brown, la ceinture, à laquelle étaient attachés ses bas, et une bonne partie de sa croupe. Comme elle l’avait précisé, elle ne portait rien sous sa robe. Malko glissa une main entre le cuir et la peau, atteignit ce qu’il cherchait plus bas et commença à faire ce qu’il pouvait pour la calmer. D’abord, il ne se passa rien. Bloquée dans sa position inconfortable, à moitié nue, Mandy Brown subissait passivement en grognant des obscénités.