Выбрать главу

— Reste là, sale bête, lança-t-elle.

Reconnaissant la toison brune de Pamela Balzer, Malko comprit tout. Sans le savoir, Mandy Brown lui avait probablement sauvé la vie. L’Irakien attendait patiemment qu’elle sorte de son abri pour l’abattre !

Rhabillée, Mandy Brown entraîna son nouvel amant par la main et ils s’éloignèrent. Quelques secondes plus tard, la tête de Pamela Balzer réapparut sous la voiture et elle rampa sur l’herbe, puis commença à se redresser. Malko vit distinctement l’Irakien se raidir, prêt à tirer. Même s’il tirait en même temps, l’autre risquait de cribler Pamela de projectiles avec son Skorpio. Aussi, il hurla de toute la force de ses poumons.

— Pamela ! Couchez-vous !

Ibrahim Kamel se retourna comme un chat, aperçut Malko et, une fraction de seconde plus tard, le staccato du Skorpio déchira le silence. Les projectiles arrosèrent toute la zone où se trouvait Malko. Heureusement, celui-ci s’était abrité après avoir lancé son appel…

Le silence retomba. Affolée, Pamela Balzer était repartie sous la Mercedes.

* * *

Ibrahim Kamel sortit un second chargeur de sa poche et fit tomber le vide dans l’herbe, tous ses sens en éveil. Jurant entre ses dents sans interruption. Où était ce salaud de Selim ? Il ne s’était pas attendu à rencontrer une telle résistance. La présence de ses adversaires signifiait en tout cas qu’il devait remplir sa mission à tout prix. Sinon, c’était la potence. Le général Saadoun Chaker ne connaissait pas d’autre punition pour les erreurs. Prétendant que cette méthode évitait les récidives…

Il eut beau faire le plus doucement possible, le nouveau chargeur fit un « clic » sonore en s’enclenchant, qui s’entendit parfaitement dans le calme de la nuit. Heureusement que les détonations s’étaient confondues avec les pétarades du feu d’artifice. L’Irakien se redressa et décida de se rapprocher de la Mercedes.

Au moment où il bondissait il eut l’impression de recevoir une montagne sur les épaules. Il se retrouva aplati sous une masse de muscles et d’os, serrant toujours son Skorpio. Quelque chose comme une hache s’abattit sur son poignet, en brisant tous les petits os. Ibrahim Kamel poussa un hurlement de douleur et faillit perdre connaissance. Il sentit qu’on le relevait par le col de sa veste. Comme il tentait maladroitement de fuir, celui qui avait atterri sur lui le prit par les cheveux et commença à lui cogner systématiquement le visage sur le capot d’une Volvo. L’acier suédois étant ce qu’il est, ce sont les os d’Ibrahim Kamel qui cédèrent les premiers.

Cette fois, il perdit conscience pour de bon et glissa à terre, sans entendre une voix qui lançait :

— Chris, arrêtez !

— J’ai arrêté, fit paisiblement le « gorille ».

Il avait allongé Ibrahim et fouillait systématiquement ses poches, en prenant le contenu. Il trouva un passeport qu’il examina à la lueur des phares.

— Nous avons affaire à un diplomate ! ricana-t-il. C’était sûrement une mission de bons offices…

Le visage du « diplomate » ressemblait à une soupe de haricots rouges. Chris Jones récupéra encore un petit Walther planqué dans un holster de cheville et se redressa.

— Qu’est-ce qu’on en fait ?

— Attendez, dit Malko.

Il s’approcha de la Mercedes et lança à voix basse.

— Pamela, vous pouvez sortir !

Il dut tirer par la main la jeune call-girl pour qu’elle consente enfin à émerger de sa cachette. Dépoitraillée, le maquillage à vau-l’eau, sanglotante, complètement détruite. Elle fixa Malko avec stupéfaction.

— Qu’est-ce que vous faites ici ?

— Je vous expliquerai plus tard, dit Malko. Vous connaissez cet homme ?

Il l’avait entraînée vers Ibrahim Kamel. Pamela poussa un cri et commença à vomir.

— Vous l’avez tué, mon Dieu !

— Pas encore, commenta Chris Jones, sinistre.

— Vous le connaissez ? répéta Malko.

— Oui, c’est Ibrahim, un Irakien ami de…

Elle s’arrêta net et demanda.

— Mais en quoi…

— C’est moi qui vous ai prévenue à Vienne, dit Malko, sinon, ils vous auraient déjà liquidée.

Une silhouette surgit soudain de la pénombre et la voix basse et essoufflée de Milton Brabeck les apostropha.

— Bon sang ! Je vous ai cherchés partout. Qu’est-ce qui se passe ?

— Rien, fit Chris Jones. Juste une conversation amicale.

Malko poussa Pamela pratiquement dans les bras de Milton Brabeck.

— Milton, vous ne la quittez pas d’une semelle. Restez dans le château. Faites attention, il y en a peut-être d’autres…

— Couche-toi sur elle, c’est le meilleur moyen de la protéger ! lança Chris Jones qui retrouvait son humour dans les circonstances graves.

Milton Brabeck s’éloigna, tenant solidement Pamela Balzer par un coude. La jeune call-girl était trop sonnée pour opposer la moindre résistance. Pour une seule soirée, c’était trop : se faire piquer son fiancé et manquer d’être abattue…

Ibrahim Kamel commençait à gémir. Malko ouvrit le coffre de la Mercedes.

— Mettez-le là-dedans, dit-il.

Chris Jones fit rouler l’Irakien comme un paquet et referma le coffre. Malko était déjà au volant.

— On a pas mal de questions à lui poser, fit Chris Jones. Et il a intérêt à répondre.

Ibrahim Kamel était assis par terre, la tête appuyée au pare-chocs de la Mercedes, sanguinolent et agressif. Malko avait trouvé non loin du château une clairière au bout d’un sentier qui devait, en temps normal, servir aux amoureux. Pour ce qu’ils voulaient faire, c’était parfait. Chris Jones lui tendit un papier trouvé dans les poches de l’Irakien.

— Regardez.

Il y avait juste quelques mots et des chiffres : vol 078, en provenance de New York. Arrivée 7 heures 30. Portique numéro 8. Roissy 2.

— Intéressant, dit Malko, braquant une torche électrique sur l’Irakien. C’est vous qui avez mené l’attaque de Roissy ?

Ibrahim Kamel ne répondit pas, avalant son sang.

— Laissez-moi lui parler gentiment, proposa Chris Jones.

Il s’approcha, sans attendre le OK de Malko, envoya brutalement son 45 fillette dans l’entrejambe de l’Irakien. Ce dernier poussa un hurlement dément et se roula par terre, les mains crispées sur son ventre, mangeant de la terre. Chris Jones alla mettre le moteur en route, puis revint vers l’Irakien, lui releva la tête et lui fourra la bouche tout contre le tuyau d’échappement de la Mercedes, emplissant ses poumons de gaz d’échappement.

— On va te gazer comme un Kurde ! lança-t-il. Allez, ouvre bien tes éponges.

— Arrêtez ! ordonna Malko.

Il avait toujours été contre la torture. Même appliquée à un tueur comme cet Ibrahim. Il y avait de fortes chances que ce soit l’assassin de Roissy. Lui aussi utilisait un Skorpio.

Chris Jones lâcha sa victime avec un regret visible. Aussitôt, Ibrahim Kamel, après avoir vomi, se dressa comme un serpent et hurla :

— Je suis diplomate ! Je vais porter plainte ! Vous ne pouvez rien contre moi. J’appartiens à la délégation irakienne de l’OPEP.

— Ah bon, fit Malko, et c’est votre travail d’abattre cette jeune femme.

Silence. Chris Jones rongeait son frein. Brutalement, il redressa l’Irakien et lui lança.

— Tu veux encore un peu dialoguer avec la tôle du capot ?

L’autre, qui avait déjà le nez brisé, des dents en moins, la bouche éclatée, sans compter toutes les petites fractures, devint « amok » d’un coup. Éructant des injures, menaçant Chris Jones.

— Vous ne pouvez rien contre moi ! répéta-t-il. Regardez mon passeport. Conduisez-moi à la police.