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— Où l’avez-vous connu ?

— À Londres où il était en poste.

— C’est un de vos « clients » ?

— Oui, fit-elle après une certaine hésitation. Mais c’est un homme très délicat, très charmant.

— C’est lui qui a emprunté votre voiture ?

— Oui.

— Que vous a-t-il dit ?

— Qu’il en avait besoin pour un rendez-vous discret, qu’il ne voulait pas utiliser sa voiture diplomatique. C’était soi-disant pour rencontrer une femme.

— Et la seconde personne qui se trouvait au bar.

— Je ne le connais pas. Il est arrivé de Bruxelles avec Tarik. Nous avons passé la soirée tous les trois. Ensuite Tarik m’a laissée avec lui. Il est venu chez moi.

Autrement dit le « diplomate » arabe avait loué les services de Pamela pour son ami. On progressait.

— Dites-moi tout, insista Malko. Les moindres détails sont utiles. C’est à cause de cet homme qu’à mon avis on a voulu vous tuer. Mais, moi-même, je ne comprends pas pourquoi.

— C’est un Américain, expliqua Pamela. Il s’appelle Georges. Un homme d’une cinquantaine d’années, très courtois, très gentil. Il y avait longtemps qu’il n’avait pas fait l’amour et le faisait mal. Mais je crois que je lui ai beaucoup plu. Parce qu’il m’a demandé mon numéro de téléphone.

— Vous le lui avez donné ?

— Non. Je lui ai dit de passer par Tarik. Je ne veux pas être harcelée par des maniaques…

— Et puis ?

— Il m’a quittée à l’aube, quand Tarik est venu le chercher. Il m’a juste demandé de lui téléphoner.

— Où ?

— Il m’a laissé un numéro, à Bruxelles.

— Lequel ?

— Je ne le connais pas par cœur. Il est noté dans mes papiers chez moi, à Vienne.

— Vous en avez parlé à Tarik ?

— Non.

Malko eut l’impression qu’on lui ôtait un grand poids de l’estomac. Il se leva.

— Très bien, nous repartons pour Vienne.

C’est probablement pour ce numéro de téléphone que les deux tueurs irakiens étaient partis aux trousses de Pamela Balzer. Car le mystérieux Georges avait dû le mentionner au « diplomate » irakien. Il fallait le trouver avant qu’il ne soit trop tard.

— Attendez ! lança Pamela. Quand je vous l’aurai donné, que se passera-t-il ?

— Je ne sais pas encore, dit Malko, mais au moins, nous vous protégerons.

— Où est mon fiancé ?

— Je n’en sais rien. Avec Mandy Brown probablement, nous allons sûrement les retrouver en bas. Venez.

La course contre la montre était commencée. Si les Irakiens apprenaient que la CIA pouvait remonter à « Georges », ils n’hésiteraient sûrement pas à supprimer ce dernier.

Chapitre X

Mandy Brown avait disparu ! Ainsi d’ailleurs que Kurt de Wittenberg. De nombreux invités dansaient encore le quadrille devant le château ou buvaient un peu partout. Chris Jones pour se remettre avait avalé d’un seul trait un verre de Johnny Walker pur. Pamela Balzer, encadrée des deux « gorilles » et d’Elko Krisantem, eut beau parcourir la pelouse, le château et les dépendances, elle dut se rendre à l’évidence : Mandy la diabolique avait enlevé son fiancé…

— Ce petit salaud me le paiera ! siffla Pamela.

Ils prirent le chemin du parking. Mieux valait être loin quand on découvrirait le corps du second Irakien étranglé par Elko. Ce dernier reprit son volant. Malko et Pamela Balzer, à l’arrière, avec la voiture de protection des gorilles derrière. Direction : Paris. Pamela alluma une cigarette et toussa, sa gorge était encore douloureuse. Puis elle tourna vers Malko un regard inquisiteur.

— Que faites-vous dans cette histoire ? Kurt m’avait dit que vous aviez un château, que vous étiez un mondain…

— J’ai un château, mais je ne suis mondain qu’à mi-temps, corrigea Malko.

Il n’en dit pas plus. Pamela n’était pas idiote. Peu à peu, abrutie par les émotions et bercée par le ronronnement du moteur, elle s’endormit et glissa contre Malko.

Curieuse impression de refaire la route avec une autre femme que Mandy. Il regarda sa montre : trois heures du matin. Impossible de rouler d’une traite jusqu’à Vienne.

— Nous nous arrêterons à Paris, au Plaza Athénée, dit-il à Krisantem.

* * *

Pamela Balzer dormait nue, à plat ventre, ses longs cheveux noirs répandus autour d’elle. Malko ouvrit les yeux et la contempla quelques instants. Elle était véritablement splendide, avec ses hanches en amphore. Sous la taille minuscule, elles faisaient paraître la chute de ses reins encore plus pleine et plus cambrée. Les jambes, qui n’en finissaient pas, ajoutant encore à l’érotisme du reste. Sa peau mate avait la douceur de la soie. Une sublime bête d’amour.

Elle avait insisté pour partager la chambre de Malko. Chris Jones, Milton Brabeck et Krisantem, dans deux autres chambres, les encadraient.

Malko attrapa le téléphone. Il était temps de donner des nouvelles à la CIA. Le standard d’un hôtel était toujours relativement sûr. Il composa le numéro personnel de Jack Ferguson qui décrocha à la troisième sonnerie.

— Je suis à Paris, annonça Malko, beaucoup de choses sont arrivées, mais je crois que j’ai progressé. Pouvez-vous avoir des informations sur un certain Tarik Hamadi, diplomate irakien à Bruxelles.

Il lui donna son numéro et raccrocha. Pamela ne s’était pas réveillée. Elle bougea dans son sommeil et il aperçut, en plus de ses seins magnifiques, la marque noire des doigts de Selim.

Le téléphone sonna au moment où Malko se demandait s’il n’allait pas profiter sur-le-champ de ce cadeau royal.

C’était Jack Ferguson. Très excité.

— Ce type dont vous m’avez donné le nom est responsable de toutes les opérations spéciales des Services irakiens en Europe, annonça le chef de la CIA à Vienne. Il opère depuis des années et rend compte directement au chef de l’État. Un très gros calibre.

— Ça ne m’étonne pas, dit Malko.

— Vous savez quelque chose sur la seconde personne que nous cherchons à identifier ?

— Oui, mais je vous le dirai de vive voix. Nous rentrons aujourd’hui.

Il raccrocha au moment où Pamela Balzer s’étirait avec un sourire amusé et une expression trouble dans ses immenses yeux noirs.

— C’est la première fois de ma vie que je me réveille à côté d’un homme sans avoir fait l’amour avec lui, remarqua-t-elle.

— Il y a un début à tout, dit Malko.

— Je n’ai plus rien à me mettre, enchaîna-t-elle. Il faudrait aller m’acheter une robe chez Ungaro, en face.

Évidemment, en dame de cour, elle risquait de se faire remarquer. Elle sauta du lit et Malko observa le balancement de ses hanches, tandis qu’elle gagnait la salle de bains. Comment, partie de son Cachemire natal, était-elle parvenue à sa position actuelle ? Il lui avait fallu une sacrée volonté en dehors de ses qualités physiques…

Elle réapparut drapée dans un peignoir de bain, juvénile, sans maquillage, et s’assit sur le lit à côté de Malko. Amicale.

— Je suis contente que vous n’ayez pas essayé, dit-elle. Je n’aime pas baiser. Quand j’étais à Bombay, j’ai servi de partenaire à une sorte de fakir qui faisait un show pour les touristes. Il avait un membre de près de trente centimètres qui ne débandait jamais. Nous étions sur scène, tous les jours, de huit heures à minuit. J’ai cru mourir, surtout quand il me prenait par-derrière, et cela m’a dégoûtée de l’amour. J’étais sans cesse déchirée.