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Il retomba, ivre de satisfaction, et demeura emmanché en elle jusqu’à ce que son sexe diminue de volume.

— C’était merveilleux ! glissa-t-il à son oreille.

— Pour moi aussi, assura Pamela.

Un quart d’heure plus tard, quand il traversa le hall de l’Amigo, il avait toujours une braise brûlante au creux du ventre et elle n’était pas prête de s’éteindre. Pamela avait déchaîné en lui quelque chose qui balayait tout le reste. Il pensa à la drogue et se dit que c’était une bonne comparaison. On devait se sentir comme ça après son premier « fix ». Incroyablement bien et définitivement en enfer.

* * *

Chris Jones, gêné par la pluie, avait du mal à suivre de près l’Audi 100 noire, l’avenue Louise étant presque déserte. Juste avant le bois de la Cambre, l’Audi tourna à droite dans le quartier résidentiel de Uccle. Des villas cossues et des résidences modernes au milieu de grands parcs. L’Audi tourna autour de l’Observatoire, enfila la rue François-Folie et pénétra dans une grande résidence. Chris Jones continua, stoppa vingt mètres plus loin et revint sur ses pas en courant.

Il aperçut un parc dominé par une énorme résidence et l’entrée d’un parking souterrain. Il s’y engouffra en courant et s’arrêta pour observer les lieux. Une voiture manœuvrait au fond. Guidé par la lueur des phares, il la rejoignit au moment où elle se garait dans un box. C’était l’Audi noire. Dissimulé derrière un pilier de ciment, Chris Jones aperçut le compagnon de Pamela en sortir et se diriger vers une porte communiquant avec les appartements de la résidence. Chris attendit un peu, puis emprunta le même itinéraire. La porte s’était refermée. Heureusement, il avait avec lui un petit trousseau fourni par la TD[17]. Il lui fallut exactement quarante secondes pour ouvrir la serrure de sécurité et refermer derrière lui. La minuterie était encore allumée et l’ascenseur en service.

Montant un étage à pied, il déboucha dans un petit hall coquet. Personne. L’ascenseur s’arrêta. Il n’y avait plus qu’une chose à faire : prendre l’escalier de secours et vérifier à quel étage l’ascenseur avait stoppé.

Chris Jones le trouva au huitième. Deux portes sur le palier. L’une portait une plaque : Docteur J. Broeck – Généraliste. L’autre était anonyme. L’Américain redescendit, ressortit par l’entrée de l’immeuble normale et nota le numéro de la résidence : 28. Il avait au moins l’adresse de l’inconnu.

L’adresse et le numéro de la voiture allaient pouvoir mener à quelque chose.

* * *

Pamela Balzer fumait nerveusement, Malko assis sur le bord de son lit.

— Oui, il ne m’a dit que son nom, répéta-t-elle, excédée. Il ne pensait qu’à me sauter. Bien sûr qu’il va me rappeler…

— Il ne vous a rien dit de précis sur ses activités ?

— Non, il est dans le business, il voyage beaucoup. Il habite seul, mais n’aime pas faire venir de gens chez lui.

— Et ce voyage à Rotterdam ?

— Rien non plus.

Rotterdam, c’était le plus grand port d’Europe. Pas vraiment une destination de vacances… Pamela écrasa sa cigarette dans le cendrier et explosa.

— J’en ai marre ! Maintenant que vous l’avez récupéré votre type, je veux me tirer !

— À Vienne ? demanda Malko. La dernière expérience ne vous a pas suffi…

— Non, dit-elle. À Bombay, là où j’ai encore des amis. Je reviendrai plus tard. J’ai peur.

Malko posa gentiment la main sur la sienne.

— Il faut rester. Ici, vous ne risquez rien. Nous vous protégeons jour et nuit. Ensuite, vous irez à Bombay ou à New York, nous vous aiderons.

Il se leva pour partir, mais Pamela le retint.

— Restez. J’ai peur seule.

Il demeura près d’elle quelques minutes. Chris Jones était revenu avec l’adresse de Georges Bear. Ils progressaient. Il restait maintenant à découvrir pourquoi les Irakiens tenaient tellement à conserver le secret sur leurs relations avec Georges Bear.

* * *

— Envoie le chauffeur à la Cosmos Trading Corporation, ordonna Tarik Hamadi d’une voix blanche de fureur, qu’il dise à Mr Georges de me retrouver à l’endroit habituel dans une heure.

Pour se calmer les nerfs, l’Irakien se mit à arpenter le bureau qu’il occupait au troisième étage de l’ambassade d’Irak, un cube de béton gris au 38 avenue de Floride dans le quartier d’Uccle, à quelques centaines de mètres du domicile de Georges Bear. Ils s’étaient tous installés à Bruxelles pour diverses raisons. D’abord la nullité des Services de Renseignements belges, qui ignoraient à peu près tout ce qui se passait sur leur territoire. Ensuite, la discrétion dont faisaient preuve les banques et les milieux d’affaires locaux. La proximité d’Anvers et de Rotterdam ajoutait un plus aux deux raisons précédentes. Enfin, l’extrême droite était encore très puissante et très structurée en Belgique, avec de nombreux réseaux souterrains d’amitiés dans les forces de l’ordre. Quand on combattait Israël, cela pouvait servir.

Une nouvelle fois, il se fit passer la bande enregistrée des communications téléphoniques de Georges Bear qu’on lui avait apportée avec son petit déjeuner. Ses hommes avaient placé une « bretelle » sur sa ligne, par prudence. Georges Bear était un collaborateur fidèle, mais on n’était jamais assez prudent. La précaution s’était avérée utile…

Tarik Hamadi avait découvert le pot aux roses : cette salope de Pamela Balzer était à Bruxelles alors que Fatima Hawatmeh la guettait à Vienne ! Et surtout, ce sournois de Georges Bear l’avait revue… Sans lui en parler… L’Irakien essaya d’estimer les dégâts. Les conversations surprises ne laissaient aucun doute : c’était purement sexuel de la part de Bear. Quel imbécile il avait été de vouloir lui faire plaisir lors de son passage à Vienne. Par contre, la présence de Pamela Balzer ne devait sûrement rien au hasard. Il avait découvert trop tard, en perdant deux de ses hommes, quelle était maintenant sous la protection et entre les mains des Services américains et israéliens. Elle avait mené ses nouveaux amis droit à Georges Bear ! Tarik Hamadi en avait des sueurs froides. Un mois plus tôt, c’eût été un désastre. Maintenant ce n’était plus qu’un très grave contretemps, à condition de réagir. Vite. Son premier réflexe avait été d’envoyer deux « liquidateurs » chez Bear. Seulement, il ne pouvait toucher un cheveu de sa tête sans l’autorisation de Saddam Hussein lui-même. Et pour l’obtenir, il faudrait expliquer ses deux bévues. Ce qui pouvait avoir des conséquences très fâcheuses pour lui. En forme de potence…

Mieux valait laver son linge sale en famille.

Il regarda les frondaisons du Bois de la Cambre se disant que, s’il ne pouvait toucher à Georges Bear, par contre, rien ne lui interdisait de liquider Pamela Balzer et l’agent de la CIA. Tant que les agents américains n’avaient pas été en contact direct avec Georges Bear, les dégâts étaient limités.

Il composa un numéro en Autriche, à l’OPEP, et donna quelques ordres à mots couverts en arabe. Fatima Hawatmeh allait rabattre sur Bruxelles.

Vingt minutes s’étaient écoulées. Il avait hâte d’aller à son rendez-vous.

Sa Mercedes diplomatique noire l’attendait en bas ; il s’installa à l’arrière, pensif. Qui étaient ses adversaires ? Ibrahim Kamel avait été abattu, son Selim étranglé. Donc le Service Action d’un grand Service était impliqué. Il y avait une nouvelle complication en vue : Pamela Balzer savait forcément qu’il avait voulu la faire tuer. En avait-elle parlé à Georges Bear ?

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17

Technical Division de la CIA.