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Il revint à la salle du coffre. Chris Jones, en sueur, enfonçait des chignoles dans la paroi blindée.

— Encore un petit quart d’heure ! annonça-t-il.

* * *

Un agent de sécurité de l’ambassade irakienne sursauta en voyant un voyant rouge commencer à clignoter sur un panneau de contrôle. Celui-ci répertoriait tous les points sensibles sous surveillance. Il n’hésita pas une seconde et décrocha le téléphone le reliant directement à Tarik Hamadi, chez lui.

— Qu’est-ce qu’il y a ? demanda le « diplomate ».

L’Irakien avait la bouche pâteuse et mal à la tête.

Après avoir organisé une exfiltration expresse pour Fatima Hawatmeh, après son échec de l’Amigo, il avait passé la soirée à communiquer avec Bagdad. Deux de ses hommes veillaient sur Georges Bear, chez lui.

— Un problème sur la rue de Stalle, annonça le garde de sécurité. Les alarmes volumétriques annoncent une intrusion.

Tarik Hamadi se dressa sur son lit, la poitrine serrée dans un étau comme par une crise d’angine de poitrine.

Là-bas se trouvaient les secrets les plus importants ! S’ils tombaient entre les mains de leurs adversaires, c’était la catastrophe. Il regarda sa montre : minuit et demi.

— Réveillez Aziz et les autres, ordonna-t-il. J’arrive.

Une douzaine d’hommes de son service dormaient dans le sous-sol de l’ambassade, avec leurs armes. Inutile de prévenir Georges Bear. Ce dernier pourrait tout juste s’affoler. Il se leva et entreprit de s’habiller à toute vitesse. Le moindre mouvement d’air dans les bureaux de la CTC déclenchait une alarme à distance. Évidemment, il aurait pu appeler la police. Mais, s’il avait l’occasion, du même coup, de se débarrasser des agents de la CIA, c’était encore mieux.

* * *

Elko Krisantem aperçut une silhouette qui courait sur le terre-plein pour disparaître dans l’immeuble. Ce fut suffisant : une voiture avait remonté la rue, quelques instants plus tôt, à faible allure. Il se glissa à toute vitesse dans le trou et courut jusqu’au coffre. Il arriva au moment où Malko et Chris Jones étaient en train de trier un monceau de papiers sous la garde de Milton Brabeck.

— Quelqu’un arrive ! annonça-t-il.

Déjà, les deux « gorilles » entassaient leurs trouvailles dans de grands sacs de plastique. Ils avaient pensé repartir par la porte, mais c’était impossible maintenant.

— Chris, la porte ! lança Malko.

Chris Jones se précipita. Il lui fallut moins d’une minute pour coller un pain de plastic, contre le chambranle de la porte blindée, déclenché par un détonateur à friction. Il suffisait d’ouvrir le battant pour déclencher l’explosif.

Malko, Milton et Elko étaient en train de déménager les sacs. Ils y étaient presque parvenus quand une sourde explosion ébranla l’immeuble. Les autres arrivaient. Malko et Milton étaient déjà parvenus dans les locaux de la compagnie d’assurances. Chris Jones, protégé par Elko Krisantem, commença à se hisser le long de l’échelle de corde lancée dans le trou. Ils entendirent des pas pressés, des exclamations et, soudain, un moustachu surgit, tenant un court pistolet-mitrailleur Beretta. Elko était invisible caché par le battant et il ne distingua que Chris Jones.

Le Turc porta la main à sa ceinture et ne trouva rien. Une fraction de seconde pour réaliser qu’il avait laissé l’Astra à l’étage du dessus… Il regarda autour de lui et son regard tomba sur la perceuse utilisée par les deux Américains. Du même geste, il se baissa, la ramassa et appuya sur la détente. La mèche se mit à tourner à 500 tours/minute. Elko pivota et, d’un seul élan, en plongea l’extrémité dans le ventre de l’Irakien.

Celui-ci poussa un cri effroyable. Comme un ouvrier consciencieux, Elko Krisantem appuya de toutes ses forces, le transperçant de part en part. Après avoir traversé les intestins, quelques organes secondaires, un peu déchiqueté la colonne vertébrale, la mèche ressortit dans le dos et commença à attaquer le mur contre lequel l’Irakien était appuyé…

Son hurlement inhumain s’acheva en un râle affreux. Satisfait, Elko lâcha la poignée, abandonnant son adversaire cloué au mur et se rua sur l’échelle à son tour.

* * *

Tarik Hamadi contemplait le coffre ouvert, les yeux injectés de sang. C’était pire que tout ce qu’il avait pu imaginer. Deux de ses hommes étaient morts dans l’explosion de la porte et un troisième agonisait. Les autres attendaient les bras ballants. Il ne comprenait pas encore comment ses adversaires avaient pénétré dans ces bureaux gardés comme Fort-Knox, ni pourquoi les deux morts n’avaient pas donné l’alarme.

En poussant la porte du fond des toilettes, il découvrit le pot aux roses.

Avec ceux qui lui restaient, il se rua dans l’escalier pour tenter d’intercepter les voleurs.

* * *

La sirène d’une voiture de pompiers se rapprochait. Chris Jones se retourna et aperçut des hommes qui déboulaient de l’immeuble à leur poursuite. Une rafale claqua et plusieurs balles sifflèrent non loin de lui. Milton Brabeck l’attendait et le poussa dans l’ombre. Heureusement, la voiture de pompiers débouchait sur le terre-plein du 63 et les Irakiens durent rebrousser chemin. Lorsque les Belges arrivèrent, ils ne trouvèrent personne. Que l’entrée défoncée à coups d’explosifs de l’intérieur, un coffre éventré et un grand trou dans le plafond. Plus une longue perceuse clouant dans un mur ce qu’il restait d’un homme…

Le capitaine des pompiers secoua la tête, médusé.

— C’est bien la première fois, dit-il, que je vois un appartement cambriolé, plastiqué de l’intérieur. C’est une histoire de fous, une fois…

Chapitre XIII

Georges Bear contemplait, accablé, le coffre éventré de son bureau. Tarik Hamadi dissimulait sa fureur en tiraillant sa grosse moustache, luttant contre une furieuse envie d’étrangler l’ingénieur canadien. Son imprudence était la cause de cet enchaînement de catastrophes. Tout un édifice si soigneusement protégé jusque-là, des mois de tractations secrètes ! Même les Services britanniques, qui avaient flairé une partie de la vérité, avaient décidé de ne pas s’y intéresser pour se venger des Iraniens et, aussi, parce que l’Irak était un important partenaire commercial. C’était une firme britannique qui avait aidé les Irakiens à créer leur première usine de gaz binaires mortels, dont on avait vu les effets sur les Kurdes…

— Qu’y avait-il dans ce coffre ? demanda-t-il, se raccrochant à un minuscule espoir.

— Tout, avoua Georges Bear. Vous m’avez affirmé que c’était l’endroit le plus sûr.

Tarik Hamadi sentit le sang se retirer de son visage. C’était maintenant une question d’heures. Dieu merci, la catastrophe survenait assez tard, mais leurs adversaires pouvaient encore leur nuire considérablement.

— Il n’est pas question que vous restiez à Bruxelles, dit-il à Georges Bear. Il faut vous exfiltrer immédiatement, par la voie prévue.

— Je n’ai pas terminé ici, protesta l’ingénieur canadien. Il y a encore beaucoup de choses à vérifier dans les livraisons, il faut que je sélectionne les programmes informatiques que j’emporte.

L’Irakien balaya ses objections d’un geste tranchant.

— Dès qu’ils auront analysé le contenu de ce coffre, l’enfer va se déchaîner. Il ne faut pas que vous soyez ici.

» Quant aux livraisons, les derniers éléments arriveront après-demain au plus tard. Ils sont déjà en route. Cela m’étonnerait qu’ils parviennent à les intercepter. Prenez vos dispositions.