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Il ne suffirait pas qu’il dégaine son feu pour les faire tenir tranquilles : ce sont des coriaces. Et l’endoffé de Pinuche qui est bon à nib avec sa chiasse décidément chronique !

S’il pouvait les anesthésier avec son membre ! Les gonzesses, déjà. Ensuite il opérerait les bonshommes à coups de crosse. Con de Pinuche !

Alonzo Gogueno perdu corps et biens ! La couille ! Oh ! merde ! Il se sent un coup de flou artistique dans l’âme, Béduglas. Cherche sa bonne étoile à travers les vitres cernant le salon, mais on est dans l’hémisphère Sud et sa bonne étoile ne fréquente pas la région. Elle se pavane dans l’autre partie de la Voie lactée, la garce !

— Eh bien, dit Veronica, vous nous montrez votre… différence, cher ami ?

Le Gros ne perd pas le sens des affaires :

— Alors allongez le grisbi, ma jolie. Vous connaissez nos tarifs ?

Elle secoue la tête.

— Pas avant d’avoir constaté qu’il n’y a pas tromperie sur la marchandise !

— C’est contraire z’aux z’usages, assure le Placide. Quand t’est-ce on grimpe un’ pute, on la cigle avant l’embroque !

— Pas nous, gros sac ! Allez, sors ta queue qu’on se marre ! fait le copain blond à la Porsche.

— J’me plaindrerai à Marinette, avertit Béru, ell’ m’a branché su’ du mond’ qu’y sont pas corrèques !

Mais le blouson blanc n’en a cure ; tout ce qu’il fait, c’est de rigoler.

A ce moment de la scène tendue, le téléphone retentit. Veronica décroche, écoute et pousse un hurlement victorieux, onomatopée argentine qui exprime l’enthousiasme.

Elle se retourne vers les autres pour leur apprendre une very good nouvelle. Ils marquent à leur tour un vif contentement et, pour l’instant, oublient les deux Français pour s’abandonner à leur liesse.

— T’as compris c’dont y s’passe ? demande le Mammouth à Pinaud.

— J’ai bien peur, chevrote le chiasseux. Je crois qu’ils se sont emparés du fils del Panar et qu’ils vont l’amener ici !

— Mais y avait un garde à son ch’valet, bordel !

— Que racontez-vous, tous les deux ? demande Veronica, méfiante comme une hyène (où y a de la hyène y a pas de plaisir).

— On cause, répond le Gros.

— Ouvre ta boutique, goret !

Le Mastar hoche la tête.

— D’ac, j’vas déballer l’zoziau, mais t’as tort d’me causer su’ c’ ton, biscotte il est dans ses p’tits souliers au lieu d’épanouir comme un parasol. Moi, j’aim’ l’ montrer en pleine forme ! N’ serait ce qu’ par coquett’rie.

En rechignant, il se défroque. Son bénouze lui choit sur les pompes. Il descend son slip des deux pouces conjugués. Mister Dunœud apparaît. Non dans toute sa gloire, mais très intimidant tout de même. Genre tuyau de pompe à essence. Il pend et, cependant, tu enregistres des promesses dans le frémissement qui le galvanise.

Veronica brandit son pouce pour féliciter le phénomène et lance un quolibet humiliant à ses deux copains mâles. Ils font la gueule. Et pas qu’un peu ! Puis elle se tourne vers la potesse du blond et lui jette un ordre. C’est vraiment elle qui dirige la troupe. L’interpellée regarde son ami. Très pâle, il acquiesce pour confirmer l’ordre. Alors la gonzesse s’agenouille devant le Vigoureux et entreprend de lui choyer le mandrin. Béru, tu le connais ? Une petite secouée mutine, un coup de langue sur la collerette à Julot, et voilà son instrument qui requinque à tout berzingue, prend son essor et se met à diriger la Cinquième comme un vrai chef.

C’est commotionnel comme effet. Un qui ne connaît pas, qu’il soit homme ou femme, est toujours frappé de saisissement à la vue de ce sauciflard dantesque.

Ils matent silencieusement.

— Corrèque ? demande l’Hénorme à la ronde. Alors aboulez l’osier, m’sieurs-dames, avant qu’nous allassions plus loin dans les démonstrations.

— Viens ! fait Veronica en lui tendant la main.

Béru se lève. Pour pouvoir se laisser guider, il enjambe son pantalon et son slip tire-bouchonnés. Le voilà parti sans eux, tel un petit garçon que sa gentille maman entraîne à l’école. Son énorme cul nu, poilu et crevassé de cicatrices, est d’un effet certain sous le veston. De même, ses chaussettes dépareillées et ses godasses complètent harmonieusement le pittoresque de la silhouette.

Le couple sort. Le Noir n’a pas l’air joyce. L’exhibition de ce gros Français tourne mal pour son prestige à lui. Après cette séance, il aura à tout jamais l’air d’un connard aux yeux de sa gonzesse.

Ils se taisent. Le grand blond vêtu de blanc file une mandale à sa poule pour avoir turluté le bâton à un bout de Messire Bigzob. Elle comprend, ne proteste pas.

Veronica referme au verrou.

La chambre, comme l’a laissé entendre l’auteur de ce pur chef-d’œuvre, est minuscule : un plumard, un placard mural, un fauteuil.

— Allonge-toi sur le lit ! enjoint la fille.

Tu sais ce qu’il pense à cet instant, l’Obèse ?

Que cette pétasse est celle qui a fait dégorger l’ami Alfred et l’a plongé dans les noires manigances qui lui valent d’être au trou. S’il s’écoutait, il lui décollerait la tronche d’une mandale. Il en pratique de vraiment meurtrières, parfois. C’est la terreur des cervicales, Béru ! Une bielle de loco lancée à toute vibure est comme anémiée, comparée à sa droite.

Il s’étend, nez en moins, et attend.

Elle le contemple avec un rire mauvais.

— Tu n’es pas un phénomène, tu es un monstre ! fait-elle. Tu es sale, grossier, grotesque, puant. Ton énorme membre est une anomalie de la nature.

L’Hénorme se contient.

— P’t’êt’, admet-il. N’empêche, poupée, qu’ si tu l’morfles dans la casemate, tu d’viens tout’ chose du réchaud. T’as la craquette qui part à dame ! La bouche d’en bas qui bave des rondelles d’ sauciflard ! L’ minou qui déjante ! L’ nénuphar de culotte qu’épanouit ! J’ai tringlé des milliers d’sagouines, espère, à part trois-quat’ qu’étaient trop z’étroites du chaudron et trois ou quat’ zaut’ qui cramaient du frigounet après la séance, j’ai eu qu’ des compliments, des suppliances à recommencer, des pâmades qu’en finissaient pas. Pose ta culotte si t’en as une, c’qu’est pas certain v’nant d’une greluse comme toi, et grimpe-moi en danseuse, ma poule ! C’qu’en découl’ra, tu l’oublilleras jamais. Tu s’ras au paradis. Et encore, j’ai idée que les zélus du paradis doivent s’plumer un peu la banane à s’gratter l’trou du luth.

Contrairement à l’estimation, Veronica porte une culotte. Et même une culotte classique, de bon ton.

Elle la décarpille.

Juste comme elle l’envoie dinguer à travers la pièce du bout de son pied mutin, on tambourine à la porte. Elle va ouvrir. Le négro, son pote, pénètre comme un fou dans la chambre, les lotos dégoulinant sur ses joues sombres.

Il fulmine :

— Ecoute, Véro, tu as envie de te le taper, bon ! Mais je te préviens que quand ce sera terminé, je lui couperai la queue !

Et de sortir un lingue dont il fait jaillir la lame d’une poussée.

— Qu’est-ce y veut, c’gorille ? questionne le Gravos.

Elle lui traduit. Alors Mister Bérurier fils, qui se trouve également être Bérurier père (et même Bérurier paire) se dit que le moment d’agir est idéal étant donné que le quatuor se trouve divisé en deux duos.

Il cueille l’oreiller par-dessus sa tête et le lance dans le portrait de l’énergumène. Le temps que celui-ci ait exécuté la parade, Alexandre-Benoît est déjà debout et lui file sa tatane gauche dans le service trois-pièces. Le méchant lâche sa lame pour sles frangines et tombe à genoux en geignant. Béru l’assaisonne d’un second coup de latte dans le temporal. Le black se fait (également) dans l’esprit du jaloux. Out ! Flegmatique, Mister Cognedur ramasse le ya, fait rentrer la lame dans le manche et le glisse dans une de ses chaussures.