Выбрать главу

Baise avec un sanglot le beau saule qui pleure;

Et que le dur tronc d’arbre a des airs attendris;

Et que l’épervier rêve, oubliant la perdrix;

Et que les loups s’en vont songer auprès des louves!

«Divin!» dit le hibou; le moineau dit: «Tu trouves?»

Amour, lorsqu’en nos cœurs tu te réfugias,

L’oiseau vint y puiser; ce sont ces plagiats,

Ces chants qu’un rossignol, belles, prend sur vos bouches

Qui font que les grands bois courbent leurs fronts farouches

Et que les lourds rochers, stupides et ravis,

Se penchent, les laissant piller le chènevis,

Et ne distinguent plus, dans leurs rêves étranges,

La langue des oiseaux de la langue des anges.

Caudebec, septembre 183.

X .

Mon bras pressait ta taille frêle

Et souple comme le roseau;

Ton sein palpitait comme l’aile

D’un jeune oiseau.

Longtemps muets, nous contemplâmes

Le ciel où s’éteignait le jour.

Que se passait-il dans nos âmes?

Amour! amour!

Comme un ange qui se dévoile,

Tu me regardais, dans ma nuit,

Avec ton beau regard d’étoile,

Qui m’éblouit.

Forêt de Fontainebleau, juillet 18…

XI .

Les femmes sont sur la terre

Pour tout idéaliser;

L’univers est un mystère

Que commente leur baiser.

C’est l’amour qui, pour ceinture,

À l’onde et le firmament,

Et dont toute la nature,

N’est, au fond, que l’ornement.

Tout ce qui brille offre à l’âme

Son parfum ou sa couleur;

Si Dieu n’avait fait la femme,

Il n’aurait pas fait la fleur.

À quoi bon vos étincelles,

Bleus saphirs, sans les yeux doux?

Les diamants, sans les belles,

Ne sont plus que des cailloux;

Et, dans les charmilles vertes,

Les roses dorment debout,

Et sont des bouches ouvertes

Pour ne rien dire du tout.

Tout objet qui charme ou rêve

Tient des femmes sa clarté;

La perle blanche, sans Ève,

Sans toi, ma fière beauté,

Ressemblant, tout enlaidie,

À mon amour qui te fuit,

N’est plus que la maladie

D’une bête dans la nuit.

Paris, avril 18…

XII. Églogue

Nous errions; elle et moi, dans les monts de Sicile.

Elle est fière pour tous et pour moi seul docile.

Les cieux et nos pensers rayonnaient à la fois.

Oh! comme aux lieux déserts les cœurs sont peu farouches!

Que de fleurs aux buissons, que de baisers aux bouches,

Quand on est dans l’ombre des bois!

Pareils à deux oiseaux qui vont de cime en cime,

Nous parvînmes enfin tout au bord d’un abîme.

Elle osa s’approcher de ce sombre entonnoir;

Et, quoique mainte épine offensât ses mains blanches,

Nous tâchâmes, penchés et nous tenant aux branches,

D’en voir le fond lugubre et noir.

En ce même moment, un titan centenaire,

Qui venait d’y rouler sous vingt coups de tonnerre,

Se tordait dans ce gouffre où le jour n’ose entrer;

Et d’horribles vautours au bec impitoyable,

Attirés par le bruit de sa chute effroyable,

Commençaient à le dévorer.

Alors, elle me dit: «J’ai peur qu’on ne nous voie!

Cherchons un autre afin d’y cacher notre joie!

Vois ce pauvre géant! nous aurions notre tour!

Car les dieux envieux qui l’ont fait disparaître,

Et qui furent jaloux de sa grandeur, peut-être

Seraient jaloux de notre amour!»

Septembre 18…

XIII .

Viens! – une flûte invisible

Soupire dans les vergers. -

La chanson la plus paisible.