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— Leurs fils, si, remarqua Hoster sur un ton désolé.

— Pas si tu tues également les fils. Interroge les Castral sur ce compte, si tu m’en crois. Demande à lord et lady Tarbeck, ou aux Reyne de Castamere. Demande au prince de Peyredragon. » Un instant, les nuages d’un rouge profond qui couronnaient les collines à l’ouest lui rappelèrent les enfants de Rhaegar, tout enveloppés dans leurs capes écarlates.

« Est-ce pour cela que vous avez tué tous les Stark ?

— Pas tous. Les filles de lord Eddard vivent encore. L’une d’elles vient tout juste d’être mariée. L’autre… » Brienne, où es-tu ? L’as-tu retrouvée ? « … si les dieux sont bons, elle oubliera qu’elle a été une Stark. Elle épousera quelque forgeron épais ou un aubergiste à la trogne grasse, lui garnira sa maison d’enfants et n’aura jamais raison de craindre qu’un chevalier s’en vienne briser leurs crânes contre un mur.

— Les dieux sont bons », déclara son otage sur un ton incertain.

Continue à le croire. Jaime fit tâter de ses éperons à Honneur.

L’Arbre-sous se révéla un plus grand village que Jaime ne s’y attendait. La guerre était passée par ici, aussi ; des vergers noircis et le squelette calciné de maisons démolies en témoignaient. Mais pour chaque maison en ruine, on en avait rebâti trois nouvelles. À travers le bleu du crépuscule qui montait, Jaime nota du chaume frais sur une vingtaine de toits, et des portes taillées dans du bois encore vert. Entre une mare à canards et une forge, il trouva l’arbre qui donnait son nom au lieu, un chêne, ancien et haut. Ses racines torses serpentaient pour entrer et sortir de la terre comme un nid de lents serpents bruns, et des centaines de vieux sous de cuivre avaient été cloués sur son énorme tronc.

Becq contempla l’arbre, puis les maisons vides. « Où sont passés les gens ?

— Ils se cachent », répondit Jaime.

À l’intérieur des habitations, on avait éteint les feux, mais certains fumaient encore, et aucun n’était froid. La chèvre que Harry Merrell le Bouillant découvrit en train de fourrager dans un potager était la seule créature vivante en vue… Mais le village avait une redoute aussi solide que n’importe laquelle dans le Conflans, avec d’épais murs de pierre hauts de douze pieds, et Jaime sut que c’était là qu’il trouverait les villageois. Ils se sont cachés derrière ces murs quand les pillards sont venus, c’est pour cela qu’il existe encore un village ici. Et ils s’y cachent de nouveau, de moi.

Il mena Honneur jusqu’aux portes de la redoute. « Holà de la place. Nous ne vous voulons aucun mal. Nous sommes des gens du roi. »

Des visages apparurent sur le mur au-dessus de la porte. « C’est des gens du roi qu’ont brûlé not’ village, lui lança un des hommes. Et avant ça, c’est d’aut’ gens du roi qu’ont volé nos moutons. Ils étaient pour un autre roi, mais ça a pas fait grande différence à nos moutons. Des gens du roi ont tué Harsley et ser Ormond, et ont violé Lacey jusqu’à ce qu’elle meure.

— Pas mes hommes, répondit Jaime. Voulez-vous ouvrir ces portes ?

— Quand vous serez partis, ouais. »

Ser Kennos vint se placer près de lui. « Nous pourrions aisément enfoncer la porte, ou l’incendier.

— Pendant qu’ils nous laissent tomber des pierres dessus, ou nous hérissent de plumes. » Jaime secoua la tête. « La besogne serait sanglante, et pour quoi ? Ces gens ne nous ont fait aucun mal. Nous nous abriterons dans les maisons, mais je ne veux pas qu’on y vole rien. Nous avons nos propres provisions. »

Tandis qu’une demi-lune grimpait dans le ciel, ils attachèrent leurs chevaux sur le pré communal et dînèrent de mouton salé, de pommes séchées et de fromage sec. Jaime mangea frugalement et partagea une outre de vin avec Becq et Hos l’otage. Il essaya de dénombrer les sous cloués au vieux chêne, mais il y en avait trop et il perdait sans cesse le compte. À quoi sert donc tout ça ? Le petit Nerbosc le lui expliquerait, s’il lui posait la question, mais cela gâcherait le mystère.

Il posta des sentinelles afin de veiller à ce que personne ne franchît les confins du village. Il dépêcha également des éclaireurs, pour s’assurer qu’aucun ennemi ne les prenait par surprise. Minuit approchait quand deux cavaliers revinrent avec une femme qu’ils avaient capturée. « Elle est arrivée à cheval, en toute impudence, et elle a demandé à vous parler, m’sire. »

Jaime se remit rapidement debout. « Je ne pensais pas vous revoir si tôt, madame. » Bonté des dieux, elle paraît avoir vieilli de dix ans depuis la dernière fois que je l’ai vue. Et qu’est-il arrivé à son visage ? « Ce pansement… vous avez été blessée…

— Une morsure. » Elle toucha la poignée de son épée, l’épée qu’il lui avait donnée. Féale. « Messire, vous m’avez chargée d’une quête.

— La fille. Vous l’avez retrouvée ?

— En effet », dit Brienne, la Pucelle de Torth.

« Où est-elle ?

— À un jour de cheval d’ici. Je peux vous conduire à elle, ser… Mais vous devrez venir seul. Sinon, le Limier la tuera. »

Jon

« R’hllor, chanta Mélisandre, ses bras levés sous la neige qui tombait, tu es la lumière dans nos yeux, le feu dans nos cœurs, la chaleur dans nos ventres. À toi le soleil qui réchauffe nos jours, à toi les étoiles qui nous gardent dans le noir de la nuit.

— Louons tous R’hllor, le Maître de la Lumière », répondirent les invités de la noce en un unisson hésitant, avant qu’une rafale glacée n’emporte leurs paroles. Jon Snow releva le capuchon de sa cape.

La neige tombait légèrement, ce jour, une maigre poudre de flocons dansant dans l’air, mais le vent soufflait de l’est dans l’axe du Mur, froid comme le souffle du dragon de glace dans les histoires que racontait sa vieille nourrice. Même le feu de Mélisandre frissonnait ; les flammes se tassaient dans la fosse, crépitant bas tandis que psalmodiait la prêtresse rouge. Seul Fantôme semblait ne pas avoir conscience du froid.

Alys Karstark se pencha vers Jon. « De la neige aux noces présage d’un mariage froid. La dame ma mère le disait toujours. »

Il jeta un coup d’œil à la reine Selyse. Une tempête de neige a dû éclater le jour où elle a épousé Stannis. Pelotonnée sous sa mante d’hermine et entourée de ses dames, servantes et chevaliers, la reine sudière paraissait une créature fragile, pâle et ratatinée. Un sourire forcé avait gelé sur ses lèvres minces, mais ses yeux débordaient de révérence. Elle déteste le froid, mais elle adore les flammes. Il suffisait à Jon de la regarder pour le constater. Sur un mot de Mélisandre, elle entrerait de son plein gré dans le feu, l’étreindrait comme un amant.

Tous les gens de la reine ne semblaient pas partager sa ferveur. Ser Brus paraissait à demi ivre, la main gantée de ser Malegorn empaumait le cul de la dame sa voisine, ser Narbert bâillait et ser Patrek du Mont-Réal semblait furieux. Jon Snow commençait à comprendre pourquoi Stannis les avait laissés auprès de sa reine.

« La nuit est sombre et pleine de terreurs, récita Mélisandre. Seuls nous naissons et seuls nous mourrons, mais en traversant cette vallée obscure, nous puisons notre force l’un de l’autre, et de toi, notre maître. » Ses soieries et ses satins écarlates tourbillonnaient à chaque rafale. « Ils sont deux qui s’avancent ce jour pour unir leurs vies, afin d’affronter ensemble les ténèbres de ce monde. Emplis de feu leurs cœurs, seigneur, qu’ils puissent suivre ta voie brillante pour toujours main dans la main.