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Sur cette traduction

Les éditions des « Essais » de Montaigne ne manquent pas. Mais qu'elles soient «savantes» ou qu'elles se prétendent «grand public», elles n'offrent pourtant que le texte original, plus ou moins «toiletté», et force est de constater que les « Essais », tant commentés, sont pourtant rarement lus... C'est que la langue dans laquelle ils ont été écrits est maintenant si éloignée de la nôtre qu'elle ne peut plus vraiment être comprise que par les spécialistes.

Dans un article consacré à la dernière édition « de référence1 », Marc Fumaroli faisait remarquer qu'un tel travail de spécialistes ne peut donner « l'éventuel bonheur, pour le lecteur neuf, de découvrir de plain-pied Montaigne autoportraitiste “à sauts et gambades” ». Et il ajoutait: « Les éditeurs, une fois leur devoir scientifique rempli, se proposent, comme Rico pour Quichotte, de donner une édition en français moderne pour le vaste public. Qu'ils se hâtent ! »

Voici justement une traduction en français moderne, fruit d'un travail de quatre années sur le texte de 1595, qui voudrait répondre à cette attente.

C'est que, contrairement à l'adage célèbre, traduire Montaigne n'est pas forcément le trahir. Au contraire. Car s'il avait choisi d'écrire en français, Montaigne était bien conscient des évolutions de la langue, et s'interrogeait sur la pérennité de son ouvrage:

« J'écris ce livre pour peu de gens, et pour peu d'années. S'il s'était agi de quelque chose destiné à durer, il eût fallu y employer un langage plus ferme: puisque le nôtre a subi jusqu'ici des variations continuelles, qui peut espérer que sous sa forme présente il soit encore en usage dans cinquante ans d'ici ? » [III-9.114]

Puisse cette traduction apporter une réponse à son inquiétude...

GdP

2003-2010

Sur la présente édition de ce texte

Destinée précisément au «vaste public», et cherchant avant tout à rendre accessible la savoureuse pensée de Montaigne, la présente éditions numérique de ce texte propose quelques dispositifs destinés à faciliter la lecture.

— Dans chaque chapitre, le texte a été découpé en blocs ayant une certaine unité, et numérotés selon une méthode utilisée depuis fort longtemps pour les textes de l'antiquité, constituant des repères indépendants de la mise en page.

— Lorsque cela s'est avéré vraiment indispensable à la compréhension, j'ai mis entre crochets [] les mots que je me suis permis d'ajouter au texte.

— Les notes éclairent les choix opérés pour la traduction dans les cas épineux, mais fournissent aussi quelques précisions sur les personnages anciens dont il est fréquemment question dans le texte de Montaigne, et qui ne sont pas forcément connus du lecteur d'aujourd'hui.

— Les références bibliographiques des citations sont indiquées en notes ou entre crochets à la suite des citations, notamment pour les vers.

— Les appels de notes fonctionnent - quand l'appareil le permet - en tant que liens hypertexte, en avant et en arrière.

— La table des matières ne figure ni en tête ni à la fin du volume; elle fonctionne également en mode hypertexte, mais elle n'est toutefois accessible que si le logiciel utilisé l'a prévu et le permet.

AVERTISSEMENT

Ce livre numérique est au format « ePub ».

Selon le matériel et le logiciel utilisé, certaines fonctionnalités prévues peuvent ne pas être exploitables: les appels aux notes et l'accès aux chapitres par le sommaire, par exemple, si l'écran de l'appareil n'est pas tactile.

Quelques conseils pour une utilisation optimale:

iPad / iPhone / iPod Touch

•avec iBooks la réactivité des hyperliens pour les notes est très bonne: il suffit d’effleurer.

•avec Stanza, il faut faire un «tap maintenu», sinon on déclenche d’autres fonctions...

•sur iPhone et iPod, du fait de la taille de l’écran, il pourra être utile de choisir le mode «paysage» et d’adopter un corps de caractères assez gros.

Liseuses

Sur le CyBook Gen 3, (si on a installé la dernière version du logiciel interne), les appels de notes fonctionnent via le bouton central : deux marques apparaissent en marge et l’appel de note est encadré; un second clic sur le bouton central conduit au texte de la note. La procédure est la même pour le retour au texte.

Sur le Sony PRS-600, la faible réactivité de l’écran tactile causera probablement quelques difficultés...

Pour les autres liseuses, voir la notice de la machine ou consulter les aides sur le web.

Typographie

Bien rares sont les logiciels de « traitement de texte » qui permettent de produire facilement un texte conforme aux règles de la typographie « à la française », notamment en ce qui concerne la gestion des espaces avant et après la ponctuation. S’agissant d’un « eBook », et au format « ePub », obtenir un résultat convenable est encore plus problématique : non seulement les règles de ce format sont encore en évolution, mais de plus, les logiciels qui donnent au texte son apparence finale font un peu ce que bon leur semble... Inutile donc de donner au texte initial une apparence trop soignée : celle-ci n’a guère de chances de se retrouver devant les yeux du lecteur !

Le problème délicat des espaces de ponctuation a donc été traité ici de façon sommaire : des espaces insécables avant les « : », les « !? », mais aussi, faute de mieux, avant « ; », ce qui n’est guère joli, mais pour le séparer tout de même du mot qui le précède, et parce qu’il n’existe malheureusement aucune possibilité de le resserrer, comme il faudrait le faire, en plaçant un quart de cadratin...

Caractères spéciaux non reproduits

Par ailleurs, les appareils et les logiciels interprétant l’ePub ne reproduisent pas toujours convenablement les caractères grecs accentués. Dans les passages suivants, il pourra donc se faire que l’on observe des caractères grecs non-accentués, voire déformés.

Le traducteur-éditeur de ce livre s’en excuse à l’avance auprès des hellénistes... Mais ces passages sont très peu nombreux, heureusement :

LIVRE I: chap. 24, §39 - chap. 25 §60 et §106

LIVRE II: chap. 12 §199, 263 et 324 - chap. 26 §2

 

1.NB : Sur iPad / iPhone /iPod Touch avec iBooks et Stanza, on ne rencontre pas ce problème.

Chapitre 1

Sur l'inconstance de nos actions

1. Ceux qui s'emploient à examiner les actions humaines ne rencontrent jamais autant de difficultés que lorsqu'il s'agit de les rassembler et de les présenter sous le même jour. C'est qu'elles se contredisent de telle façon qu'il semble impossible qu'elles fassent partie du même fonds. Dans sa jeunesse, Marius se trouvait ainsi être tantôt le fils de Mars et tantôt le fils de Vénus.

2. Le pape Boniface VIII prit, dit-on, sa charge comme un renard, s'y comporta comme un lion, et mourut comme un chien2. Et qui pourrait croire que c'est Néron, le symbole même de la cruauté, qui s'est exclamé : « Plût à Dieu que je n'eusse jamais su écrire ! » alors qu'on lui faisait signer, selon l'usage, la sentence d'un condamné — tant il avait le cœur serré d'envoyer un homme à la mort.