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97 L'édition de 1595 a omis « Il peut estre», que l'on peut lire sur la partie manuscrite de l'« exemplaire de Bordeaux », malgré la rature qui se trouve à cet endroit. Je réintroduis donc cette petite phrase — qui a tout de même son importance — dans ma traduction.

98 A. Lanly traduit ici : « qui se voient [seulement en second lieu] après leurs affaires ». Je ne partage pas son point de vue. « Après » peut fort bien signifier « d'après » en marquant une cause et non une succession temporelle. Du moins si j'en crois l'exemple donné (malheureusement sans référence !) par le Dictionnaire du Moyen Age et de la Renaissance de Greimas/Keane : « Après le naturel, d'après nature. » Je me risque donc à traduire « d'après la réussite de leurs affaires », car cela me semble plus convaincant, de toutes façons, dans le contexte ?

99 « baissera la tête » par humilité, bien sûr. Mais...« l'expression est belle, il nous la faut choyer » !

100 Selon P. Villey , ce chapitre aurait été écrit par Montaigne à l'occasion de « la création de l'Ordre du Saint-Esprit, destiné à remplacer l'Ordre de Saint-Michel, qui était tombé dans un grand discrédit. »

101 Jules César, le vainqueur des Gaules.

102 A l'origine, ces « ordres » avaient été créés pour lutter contre les « infidèles ». Devenus souvent trop puissants et/ou trop riches (Templiers), ils furent peu à peu réduits par la royauté et transformés en effet en ordres purement honorifiques.

103 Cet ordre fut fondé en 1469 par Louis XI. Si l'on en croit Montluc, il avait encore tout son prestige sous Henri II vers 1550. Ce serait sous Charles IX que des abus (évoqués par Montaigne) lui auraient ôté sa réputation.

104 Il me semble qu'il faut ainsi comprendre « ...le dancer, ...le parler... » Pour « le voltiger », il s'agit de figures exécutées à cheval, que Montaigne a déjà évoquées ailleurs.

105 Cette phrase, déjà présente dans le texte de 1588, a été oubliée dans la traduction d'A. Lanly (II, 57).

106 En latin, « virtus » est en effet de la même racine que « vis », la force. Cf. ma traduction, Livre I, XIX, §4. Cette étymologie (?) vient en fait de Cicéron : Tusculanes, II, 18.

107 Madame d'Estissac est la mère de Charles d'Estissac qui accompagnera Montaigne dans son voyage en Italie. Elle était veuve depuis 1565 et avait une fille, Claude, qui épousa en 1587 le comte de La Rochefoucauld.

108 D'après Montaigne lui-même, c'est en 1571 que, lassé de ses charges publiques, il avait décidé de se retirer dans sa « librairie ».

109 Elle était probablement très jeune encore en effet, en 1565. On sait qu'elle se remaria d'ailleurs en 1580 (donc peu de temps après que Montaigne eut composé ce texte), avec Robert de Combaut, premier maître d'Hôtel d'Henri III.

110 On est encore loin de « l'Homme-machine » ; ce n'est même pas encore Descartes, bien sûr. Mais Montaigne emploie bel et bien le mot « machine », qu'il faut certainement entendre ici au sens large de « construction, assemblage ». Traduire par « mécanique » comme le fait A. Lanly II, p. 60 me semble aller un peu loin.

111 Comment rendre « actions toutes formées » ? Il m'a semblé que cette « forme » était celle de l'esprit et du raisonnement.

112 Aristote Politiques VII, 16.

113 Platon République V.

114 Platon Lois VIII.

115 La traduction d'A. Lanly a omis la deuxième partie de cette parenthèse qui figure pourtant bien dans le texte de 1580, déjà.

116 Il s'agit de Jean d'Estissac, doyen de Saint Hilaire de 1542 à 1571, et qui mourut en 1576. Selon Jean Plattard Montaigne a pu le voir en effet en 1574, lorsqu'il se rendit au camp de Ste Hermine.

117 Le Maréchal de Monluc, qui a écrit ses souvenirs, intitulés Commentaires est mort en 1577, et son fils en 1566.

118 Note de l'édition P. Villey : « Ce terme de droit désigne une disposition par laquelle on appelle successivement un ou plusieurs héritiers à succéder pour que celui qu'on a institué le premier ne puisse pas aliéner les biens soumis à la substitution.[...] Il s'agit ici de substitution en faveur des mâles. Un commentateur a observé que Montaigne a cédé aux préoccupations dont il signale ici les exagérations : mû par le désir de perpétuer son nom, il a fait un testament par lequel il disposait de plus qu'il ne possédait, et institué le puîné de ses descendants héritier de sa terre et du nom, ce qui a donné lieu par suite du second mariage de sa fille Léonore, à un procès qui ne s'est terminé que deux siècles après. » (P. Villey II, Sources et annotations p. 041).

119 Platon Lois XI.

120 Il s'agit de la « Loi salique », c'est-à-dire celle des Francs Saliens, écrite selon la tradition d'abord sous le règne de Clovis, puis de Charlemagne. Elle excluait les femmes de la succession à la terre, et fut ensuite étendue à la couronne, sous les Valois. A l'époque où écrivait Montaigne, cette question était d'actualité, puisqu'on pensait que Henri III n'aurait pas d'enfants. P. Villey fait observer que Montaigne défend cette loi comme « raisonnable » et non comme historiquement fondée sur quelque texte ancien. (P. Villey II, Sources et annotations p. 041).

121 Cette « fille » est toute spirituelle puisqu'il s'agit de son roman L'Histoire éthiopique qui a été traduit par Amyot.

122 Il s'agit en fait de Cremutius Cordus, dont parle Tacite Annales, IV, 34.

123 Saint Augustin avait bel et bien des enfants : ses « Confessions » nous l'apprennent ; Montaigne n'avait certainement pas lu cet ouvrage...

124 Montaigne écrit : « mousquetaires » ; mais il ne s'agit pas de bretteurs gascons façon Dumas : ce sont les soldats porteurs de mousquets, ancêtres de nos fusils, et non de rapières. J'ai donc préféré parler de mousquetsplutôt que de mousquetaires...Montaigne écrit : « mousquetaires » ; mais il ne s'agit pas de bretteurs gascons façon Dumas : ce sont les soldats porteurs de mousquets, ancêtres de nos fusils, et non de rapières. J'ai donc préféré parler de mousquetsplutôt que de mousquetaires...

125 D'après Xiliphin, abrégé de : Dion Cassius, Vie de Caracalla.

126 Le passage entre crochets figure dans l'édition de 1580 et 1588. Mais il a été rayé d'un trait de plume dans l'« exemplaire de Bordeaux », et il ne figure pas dans l'édition de 1595. L'édition de P. Villey le donne en note (II, p. 405), mais A. Lanly  dit seulement (II, note 18, p. 77) que « Les éditions savantes donnent ici une phrase qui figurait dans les éditions publiées du vivant de Montaigne » — sans la citer. Cette anecdote donne un éclairage de plus sur « l'homme-Montaigne » et confirme qu'il ne manquait pas d'humour... C'est pourquoi j'ai jugé bon de la reproduire ici.

127 Le texte de 1588 comportait ici une phrase dont voici la traduction : « J'ai une mémoire qui n'est pas capable de conserver trois jours durant ce que je lui ai confié. »

128 L'édition de 1588 comportait ici un développement qui a été barré dans l'« exemplaire de Bordeaux ». En voici la traduction : « et à la confiance que je leur accorde. Ce que je prends aux autres, ce n'est pas pour me l'attribuer, je ne prétends à rien ici, sauf à raisonner et juger : le reste n'est pas mon affaire. Je ne demande rien, si ce n'est qu'on examine si j'ai bien su choisir ce qui convenait à mon propos. Et si je cache parfois volontairement le nom de l'auteur des passages que j'emprunte, c'est pour réfréner la liberté de ceux qui prétendent juger de tout, et n'ayant pas le flair nécessaire pour goûter les choses par elles-mêmes, se fondent sur le nom de celui qui a écrit et sur sa renommée. Je veux qu'ils soient bien attrapés en condamnant Cicéron ou Aristote parce qu'ils croient que c'est de moi. »