Выбрать главу

C’est le moment où le fade se précisant, le dentier à tignasse commence à émettre des soupirs pour films X.

La Pine, qui sait tout de la minette émérite, n’a pas manqué de ponctuer celle-ci d’un double doigt de cour dans les caroncules de dindon. Cette manœuvre distinguée précipite la délivrance de la chérie. Elle émet, dès lors, des onomatopées dont je ne conçois que le sens général car ma pratique de l’anglais comporte certaines carences.

— Que dit-elle ? demandé-je au garagiste.

Il reste pétrifié, sans voix.

— Vous vous la faisiez, hé ? je lui questionne, son attitude me semblant révélatrice.

Il ne répond pas ; mais qui ne dit rien, chosetruc, pas vrai ?

Sur ces entrefesses, le laideron se shoote à la menteuse césarienne. Ça décarre par une japperie prolongée de spitz nain, qui tourne au glapissement de l’oryctérope pour s’achever par le déchirant bêlement du saïga en rut entre Caspienne et Oural. Un panard d’une grande beauté !

Quand Pinuche réapparaît d’entre les cannes de la perruque dentifiée, tu jurerais un mec en train de se raser. Le garaco, n’écoutant que sa jalousie d’amant trompé lui saute sur le râble avec la nette intention de l’étrangler. Mais Pinassu n’est pas la chiffe molle qu’on pourrait croire. Malgré son arthrite, il lance son genou cagneux dans les couilles de l’antagoniste qui, dare-dare, lâche prise.

En homme chez qui la conscience professionnelle prévaut toujours, j’interviens pour une tranche napolitaine fortement portée à sa glotte, de laquelle il résulte une brutale détérioration du larynx. Bref, il s’évanouit.

— Trouvons de quoi le ligoter et le bâillonner, mon César, décidé-je, nous irons ensuite le coucher dans la baignoire pour qu’il puisse dormir à satiété.

Deux minutes plus tard, le cher tonton Swetzla fait la sourde oreille à la réalité. Saucissonné, muselé, nanti d’un coussin sous sa tête chauvissante, il rêve à son enfance, et peut-être aussi aux joyaux perdus du cat from Iran.

Je viens rejoindre La Pine et son Emily Broutée dans la piaule.

— Tu as tes cadennes sur toi, Césario ?

Il sort de sa poche arrière une paire de menottes dont l’usure atteste l’âge.

— Vous permettez, ma jolie chérie ? fais-je à la gosseline aux chailles en forme de râteleuse à foin. Clic !

Un bracelet à la cheville.

Clac !

L’autre au montant du lit de cuivre.

A présent, il n’est plus que d’attendre.

37

À PERDRE HALEINE, HÉLÈNE

Deux plombes et quarante broquilles que nous attendons, Césarpion et ma pomme. Devisant et somnolant tour à tour.

Par instants, Pinuchet va déposer un baiser sur le pubis de la secrétaire.

— Je ne sais pas où tu as pris qu’elle était moche, fait-il. Elle a un genre, c’est tout ! Ce qui importe chez une femme, c’est la sensualité qu’elle dégage.

— T’as sûrement raison, padre.

Je dois battre ma coulpe : après tout, ne l’ai-je pas convoité également, ce laideron ?

La Vieillasse demande, au gré de ses réflexions pusillanimes :

— Le Roumain…

— Lequel ?

— Le neveu aviateur…

— Eh bien ?…

— Pourquoi a-t-il accepté de collaborer avec nous en te laissant prendre son identité, puisqu’il était riche à milliards ?

— Justement, ma vieille Pinasse, il a eu peur de les perdre. Voyant resurgir le problème, des années plus tard, il a jugé bon d’aider ceux qui ouvraient une enquête à ce propos, pour mieux contrôler les choses.

La Pine hoche la tête.

— Il doit craindre ! estime cet être de grande sagesse.

— Et il a raison, terminé-je. Papa me disait toujours lorsque j’étais chiare : « Il n’y a que les honnêtes gens qui ont la conscience tranquille, alors sois honnête, c’est plus confortable. »

C’est pile à la fin de cette citation paternelle que le biniou fait entendre son grelottement de passage à niveau.

Je ne puis me retenir de lui bondir au colback et de l’arracher de sa fourche.

— Sana ? demande la voix rousse de Mathias.

— Entièrement ! réponds-je.

— Ça y est, c’est en marche.

— Raconte !

— Je dois être bref car le Sombre reste en liaison phonie avec moi et il ne faut pas que…

— Parle, au lieu de débiter des préambules ! l’interromps-je.

— Il vient de recevoir la visite d’un couple d’Arabes. La femme lui a demandé pourquoi ce n’était pas toi qui les accueillais. Il a répondu que tu étais occupé à surveiller le magot.

— After, sir ?

— Jérémie leur a remis le bracelet. La fille a poussé un cri d’admiration.

— Normal, il est grandiose. Ensuite ?

— Elle a déclaré qu’elle le prenait avec elle et que le black devait attendre en compagnie du type qui l’escortait. Blanc a rouscaillé qu’il n’avait pas de temps à perdre. La femme lui a répondu assez vertement que lorsqu’on traite une transaction de cette importance, il est inconcevable d’être brimé par sa montre et elle est partie.

— Et après ?

— Ton fils s’est mis à filer cette dame. Elle a une voiture, mais lui roule à moto.

J’égosille :

— Toinet ?

— Il est en permission depuis hier et il est venu nous voir au moment où, selon tes instructions, nous mettions notre dispositif au point avant que notre Jet privé nous amène ici, à Bigbitoune.

— Qui a eu l’idée d’embarquer le môme dans cette putain de mission ?

— Pinaud. Mais ton Antoine n’est plus un enfant, Antoine, tu le sais. Dans le cas présent, sa jeunesse est un atout précieux et… (Il lâche vivement :)

— Je coupe, le Négro est en train de parler.

Effectivement, il raccroche.

J’en fais de même et me tourne vers l’Ancêtre.

— César ! aboyé-je, c’est la sénilité qui t’incite à embarquer un gamin dans une histoire à haute tension comme celle-là ?

— Où as-tu pris que c’est un gamin, bêle l’Ineffable : il a son permis de conduire !

Depuis que je sais le môme engagé dans notre croisade, j’ai les flubes. Pour ceux qui ne connaîtraient pas cette expression, je précise que j’ai les copeaux. Bien sûr, Toinet se destine à mon métier, mais il n’est pas encore aguerri. Il ne pèserait pas lourd dans les griffes de Soliman Draggor. Rien qu’à évoquer cette hypothèse, j’en suinte du panais.

La vieille Pinasse qui me connaît entièrement devine mon tourment.

— Il ne faut pas te ronger les sangs.

— Ta gueule, vieux Zob !

Loin de s’offusquer, il bêle son rire de macaque frileux.

— Le petit ne risque rien. Son travail n’est que d’appoint, fait-il valoir.

— Pauvre loque ! Tu le connais, le prince, toi ? Si tu étais enfermé avec quinze boas constrictors et autant de lions affamés, tu serais davantage en sécurité que dans l’espace vital de ce forban !

Je gronde un moment encore puis, me calmant :

— En tout cas, s’il lui arrive la moindre des bricoles, je n’irai pas à ton enterrement !

Le vénérable tasteur de chattes rigole en produisant le bruit d’un pissat de caniche.

— Tu dis ça, Antoine, mais tu ne pourrais pas t’en empêcher !

38

PLANQUE TON ZIZI, HENRI