Depuis Zahlé, Neyla savait ce qui allait arriver. Elle connaissait assez les hommes pour ne pas se méprendre sur la façon dont Abu Chaki la regardait. Aussi, lorsqu’il posa la main sur sa cuisse, elle se recroquevilla intérieurement. Le gros Libanais la dégoûtait, et elle avait eu trop peur pour se sentir la muqueuse d’attaque. Elle ferma les yeux, faisant semblant de dormir. Les doigts de son voisin remontèrent jusqu’à l’endroit où le tissu du jean était chaud et plus souple. Neyla resserra les cuisses, instinctivement. Aussitôt, Abu Chaki se pencha vers elle et gronda :
— Laisse-toi faire, petite putain, sinon, je dis aux Syriens ce que vous avez fait. C’est avec des baïonnettes qu’ils te baiseront …
Neyla se sentit liquéfiée. Comment savait-il ? Elle se fit toute molle et se dit que ce n’était qu’un mauvais moment à passer … Brutalement, les doigts défirent le jean, y plongèrent, la fouillèrent sans douceur, plus pour s’assurer que c’était une femme que pour lui procurer un quelconque plaisir. D’ailleurs, la panique la rendait sèche comme de l’amadou …
Une main lui enserra la nuque, la courbant vers le ventre de son voisin. Ce dernier lança au chauffeur :
— Mets de la musique !
Les battements rythmés des tambourins s’élevèrent dans la 500, couvrant la respiration haletante du voleur de voitures. Neyla résistait encore, les bras ballants, le jean ouvert sur son ventre nu. La nuit était tombée et la limousine blanche filait dans un paysage désolé.
Elle baissa encore la tête et ses lèvres entrèrent en contact avec quelque chose de chaud et de mou. Subrepticement, son voisin s’était mis à l’aise. Résignée, elle joignit ses doigts à sa bouche, découvrant ce qui semblait une longue saucisse inerte. Surmontant son dégoût, elle entreprit de lui donner la vie, la manipulant avec une maladresse voulue. La main pesa de nouveau sur sa nuque, forçant son visage plus bas.
— Vas-y ! ordonna Abu Chaki.
Il la poussa hors de la banquette, la tirant sur le plancher de la voiture, coincée entre ses énormes cuisses.
Neyla dut se soumettre, priant pour qu’il prenne vite son plaisir. Il lui appuya encore plus sur la nuque et elle s’étouffa à moitié. Les deux hommes à l’avant ne devaient pas perdre une miette de ce qui se passait. Peu à peu, le membre grandissait dans la bouche forcée, arrachant des larmes à Neyla. Son bourreau empoigna ses cheveux à pleines mains, soufflant comme un bœuf, essayant de se lever de la banquette pour venir au-devant de la caresse. Chaque cahot l’enfonçait davantage entre les lèvres de la jeune chiite qui s’en étranglait.
Elle se mit à secouer le sexe à toute vitesse, espérant le faire exploser ainsi. Abu Chaki grogna de plaisir, ne manifestant aucune velléité de s’arrêter. La tête rejetée en arrière, il profitait pleinement de ce viol. Il jeta à son chauffeur :
— Moins vite, idiot !
L’autre ralentit si brutalement que la voiture d’escorte faillit les percuter.
Neyla en profita pour respirer un peu, mais implacablement, la main qui la tenait par les cheveux la força à reprendre sa fellation. Elle se remit au travail, avec le courage du désespoir. Souvent, elle avait fait l’amour sans vrai désir, mais c’était toujours avec des hommes qu’elle choisissait, donc qui ne la dégoûtaient pas. Là, elle se sentait vraiment une putain, avec ce membre ennemi dont elle devait venir à bout. Elle n’avait plus de salive, et les muscles de ses mâchoires étaient douloureux.
Tout ça pour rien !
Quand elle sentit Abu Chaki la tirer vers le haut pour la redresser, elle en fut d’abord soulagée. Cela ne dura pas. Il la retourna, cambrée, contre le siège avant et empoigna son jean à deux mains, le tirant d’un coup vers le bas. Neyla hurla.
— Tiens-la, Hamid, fit en écho le marchand de voitures.
Ils grimpaient des virages en épingle à cheveux, ballottés d’un côté à l’autre.
Hamid, le garde du corps, qui n’attendait que cela, se retourna. Neyla vit ses yeux noirs pleins de méchanceté et cria de nouveau. Il lui saisit le cou, à deux mains, l’immobilisant grâce à une prise de judo. Le chauffeur éclata d’un gros rire.
La voiture continuait à rouler lentement sur la route étroite, défoncée et sinueuse. Ils passèrent un poste syrien avec deux soldats endormis à qui le chauffeur cria le nom d’Abu Chaki. Précaution inutile : sa voiture était la seule de ce type dans la Bekaa. C’était son meilleur laissez-passer. Les cahots ne décourageaient pas le gros Libanais.
Il enfonça brutalement deux doigts entre les jambes de la jeune femme, déclenchant un hurlement. Cette dernière n’arrivait plus à se défendre, à demi étouffée par Hamid.
Abu Chaki enserra de son bras droit la taille de Neyla et la força à s’abaisser. Quand la jeune chiite sentit la virilité brûlante prête à la pénétrer, elle poussa un cri si fort que le chauffeur fit un écart qui faillit les envoyer dans le précipice … Abu Chaki lui jeta une injure.
Il pesa à deux mains sur les hanches de la chiite et son sexe s’enfonça d’un coup, causant à Neyla une douleur atroce. Abu Chaki avait toujours aimé ce genre de sensations. Le souffle court, il la maintint ainsi sans bouger, puis ses mains remontèrent, trouvèrent les seins, les malaxèrent brutalement, pinçant les mamelons. Neyla avait du mal à reprendre son souffle avec cette épée massive dans le ventre. Elle essaya de se dégager et crut qu’elle allait y parvenir, car Abu Chaki la laissa s’élever de quelques centimètres. Puis il pesa de nouveau, avec un « han » de bûcheron. Cette fois, la jeune chiite eut l’impression d’être ouverte en deux. Ils restèrent ainsi immobiles, jetés, de gauche à droite, par les virages, Neyla pleurant comme une folle.
Puis, Abu Chaki sembla devenir fou. Ahanant, sans tenir compte des cahots, il se mit à secouer de haut en bas le corps de la jeune femme jusqu’à ce que son sexe glisse facilement le long des parois distendues. Neyla ne sentait plus qu’une énorme brûlure. Soudain, les mains accrochées à ses hanches la serrèrent, à la briser. Abu Chaki eut un brusque sursaut et explosa dans le ventre de la jeune femme avec une suite de grognements rauques.
Neyla s’affaissa, en sueur, comme un pantin de son. Abu Chaki respirait encore lourdement, repu. Ils étaient en train de traverser Aley.
— Tu peux la prendre, jeta-t-il à Hamid. Tu me réveilleras à Beyrouth.
Neyla sanglotait convulsivement. Hamid n’eut aucun mal à la faire passer par-dessus le dossier du siège avant. Elle retomba sur la banquette, puis sur le plancher où elle se trouvait encore quand un nouveau barrage les fit stopper. Les soldats la découvrirent ainsi et échangèrent quelques plaisanteries salaces avec le chauffeur, avant de jeter un coup d’œil respectueux à Abu Chaki, qui somnolait, la bouche ouverte, à l’arrière.
Dans les pays arabes, une femme compte un peu moins qu’un chameau. Dès qu’ils eurent redémarré, Hamid prit Neyla par les cheveux et lui colla le visage contre le tissu de son jean, tendu par une virilité déjà érigée.
Elle protesta en pleurant, mais il la frappa au visage. Alors, elle se résigna. Il était tellement excité qu’il se répandit entre ses lèvres ouvertes en quelques minutes. Il eut un hoquet de plaisir, puis la repoussa. Le chauffeur protesta :
— Et moi ?
Hamid se retourna. Abu Chaki dormait, le pantalon ouvert, malgré les virages et les cahots. Il prit la tête de Neyla et la tira vers le chauffeur.
— Fais-lui la même chose, et vite.
De nouveau, elle dut obéir. Certes, ce n’était pas la première fois qu’elle faisait jouir un homme dans sa bouche, mais jamais de cette façon, aussi bestiale, aussi automatique. À chaque mouvement, sa tête cognait contre l’ébonite du volant. Le chauffeur lui donnait des coups de genou et n’arrivait pas à se concentrer assez pour jouir, à cause des virages. Enfin, dans une ligne droite, Neyla parvint à lui arracher du plaisir. Il faillit en perdre le contrôle de la Mercedes et se tassa sur son siège avec un soupir ravi.