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— Et puis, je n’aurais pas dû te reprocher de passer du temps avec Diane, poursuivit-elle. Tu es un homme bien, tu l’aides à remonter la pente. C’était très mal venu de ma part après ce que je t’ai fait.

Je devenais folle. Edward ne pouvait pas gober un truc pareil.

— Mais c’est si dur de te voir avec une autre femme, pleurnicha-t-elle. Je me rends compte du mal que je t’ai fait. Je voudrais qu’on se retrouve… comme avant…

C’en était risible. Ça ne pouvait pas marcher. Impossible. Edward ne tomberait pas dans un piège aussi grossier. Il ne retomberait pas dans les griffes de cette tigresse qui se faisait passer pour une chatte inoffensive.

— Je t’en supplie, susurra-t-elle. Dis oui. Juste pour ce soir, s’il te plaît. On parlera de mon installation ici…

Un sourire mauvais passa sur son visage.

— Merci… soupira-t-elle, au bord de l’agonie. Je t’attends.

Quel crétin ! Cette garce raccrocha, sortit un miroir de son sac et vérifia son maquillage. Elle rangea le tout et se tourna vers moi.

— Edward ne changera jamais, je sais très bien ce qu’il a envie d’entendre.

— Tu es odieuse, comment peux-tu parler de lui de cette façon ? Et tous tes mensonges ?

Elle balaya ma remarque d’un revers de la main.

— Un conseil : ne passe pas ta soirée à l’attendre.

Elle éclata de rire.

— Ma pauvre Diane, je t’avais prévenue !

Je partis en direction de la terrasse. Je tirai sur ma clope comme une forcenée.

En revenant dans le pub, je découvris qu’Edward était arrivé. Megan et lui étaient prêts à partir. Elle passa un bras autour de sa taille, il se laissa faire, je serrai les poings. Elle me remarqua la première.

— Ce n’est pas Diane là-bas ? lui demanda-t-elle.

— Si, lui répondit-il en me regardant.

Elle l’entraîna vers moi. Lui et moi ne nous quittions pas des yeux.

— Bonsoir, me dit Megan. Quel dommage, je ne savais pas que tu étais là, on aurait pu prendre un verre ensemble et faire vraiment connaissance.

Elle m’adressa un sourire empreint d’une grande gentillesse. Edward l’observait avec un regard que je ne lui connaissais pas. Sidérée par les talents de comédienne de Megan, je la laissai enchaîner sans avoir le temps de la remettre à sa place.

— Nous devons te laisser, j’ai réservé une table. On remet ça à très vite ?

Totalement désarçonnée, je hochai la tête bêtement.

— Va m’attendre dans la voiture, lui dit Edward.

Elle déposa un baiser sur sa joue puis me dit « à bientôt ». Je la suivis du regard. Edward aussi. Elle s’arrêta à la porte, se retourna et nous fit un signe de la main.

— Tu vas vraiment passer la soirée avec elle ?

— On a besoin de se parler.

— N’oublie pas ce qu’elle t’a fait.

Le regard d’Edward se durcit.

— Tu ne la connais pas.

— Ne la laisse pas te faire de mal.

— Elle a changé.

Il s’apprêta à tourner les talons, je le retins par son caban.

— En es-tu vraiment certain ?

— Bonne soirée.

Je le lâchai, il me regarda une dernière fois et fit demi-tour.

Il ne rentra pas tard chez lui. Je compris qu’il s’enfermait dans sa chambre noire lorsque je vis la lumière rouge filtrer à travers les volets. Megan avait dû échouer.

Mon moral s’effondra le lendemain matin, ils étaient tous les deux sur la plage. Je les observais, cachée derrière les rideaux de ma chambre. Elle se collait à lui, lui souriait en battant des cils, j’en étais sûre. Pourtant, il gardait une certaine distance avec elle. Ils remontèrent en direction des cottages, il la raccompagna à sa voiture. Ils étaient l’un en face de l’autre. Je distinguais le visage fermé d’Edward, elle posa ses mains sur son torse. Il secoua la tête et se recula. Megan se hissa sur ses talons pour l’embrasser sur la joue. Elle monta dans sa voiture et partit. Il s’alluma une cigarette avant de s’enfermer chez lui.

Quelques heures plus tard, on frappait à ma porte. J’ouvris et découvris Edward.

— Je peux entrer ?

Je me décalai, il pénétra dans le séjour. Il semblait nerveux, il tournait en rond.

— Tu as quelque chose à me dire ?

— Je pars.

— Comment ça, tu pars ?

Il se tourna et s’approcha de moi.

— Je m’en vais juste quelques jours. J’ai besoin de prendre du recul.

— Je comprends. Et Megan, que fait-elle ?

— Elle reste à l’hôtel.

Je caressai sa joue rongée par sa barbe, je passai un doigt sur ses cernes. La fatigue le marquait de plus en plus. Il était à bout.

— Fais attention à toi.

Il ne me quittait pas des yeux. Sans que je m’y attende, il me prit dans ses bras, me serra contre lui et blottit sa tête dans mon cou. Je me cramponnai à lui et ne pus retenir quelques larmes. Il redressa le visage, m’embrassa sur la tempe, me lâcha, et partit sans un mot.

Rapidement après son départ, la mélancolie me gagna. J’errai comme une âme en peine dans mon cottage.

Les jours se suivaient et se ressemblaient, la tension était retombée. Je ne sortais pas de chez moi. Je ne voulais pas croiser Megan et repartir dans cette bataille puérile. Pas étonnant qu’Edward ait fui. Il ne donnait pas signe de vie, mais je n’en étais pas surprise. Je passais des heures, assise dans un fauteuil, face à la baie de Mulranny. Je remontais le fil du temps, la mort de Colin et Clara, mon arrivée en Irlande, ma rencontre avec Edward.

Un après-midi, mon téléphone sonna. Félix. J’hésitai quelques instants avant de lui répondre.

— Salut.

— Toujours pas noyée dans la bière ?

— Qu’est-ce que tu es bête, parfois. Quoi de neuf, à Paris ?

— Oh, rien de particulier. Et toi ?

— Rien non plus.

— Tu as une drôle de voix. Ça ne va pas ?

— Si, si, tout va bien.

— Que fais-tu, en ce moment ?

— Je pense à mon avenir.

— Et ?

— Je suis paumée, mais j’espère trouver mes réponses d’ici peu.

— Tiens-moi au courant.

— Promis. Bon, je te laisse.

Je raccrochai et j’allumai une cigarette.

Une semaine qu’Edward était parti. Une semaine que je retournais la situation dans tous les sens, que j’envisageais tous les scénarios. Lorsqu’on frappa à ma porte en fin d’après-midi, je sus qui c’était le moment de vérité.

Edward se tenait sur le seuil, sérieux. Il plongea ses yeux dans les miens, j’eus peur. Mon cœur s’emballa. Sans dire un mot, il entra et alla se poster devant la baie vitrée. Je le suivis et restai à quelques pas de lui. Il se passa la main sur le visage, et soupira profondément.

— Quand Megan est arrivée, j’ai été dépassé par les événements. J’ai eu peur de ce qui me tombait dessus. Pourtant, j’avais déjà toutes mes réponses, et depuis longtemps. Si j’avais été honnête avec moi-même dès le début, j’aurais évité tout ce cirque.

— Qu’essayes-tu de me dire ? lui demandai-je, la voix chevrotante.

— J’ai demandé à Megan de partir, de rentrer chez elle, à Dublin.

— Tu es sûr de toi ?

— Elle est sortie de ma vie, une bonne fois pour toutes. C’est terminé. Maintenant, on est tous les deux, rien que tous les deux.

Je restai sans voix. Je le regardai, il n’avait jamais été aussi serein, aussi détendu qu’à cet instant. Il me sourit, s’approcha de moi, me prit par la taille. Je m’agrippai à sa chemise pour ne pas m’écrouler. Je fuis l’intensité de son regard. Il posa son front contre le mien.

— Diane… je veux construire quelque chose avec toi… je t’…