Si l'influence des milieux sur l'homme paraît aussi grande, c'est précisément parce qu'ils agissent sur les éléments accessoires et transitoires, ou encore sur les possibilités du caractère dont nous venons de parler. En réalité, les changements ne sont pas bien profonds. L'homme le plus pacifique, poussé par la faim, arrive à un degré de férocité qui le conduit à tous les crimes, et parfois même à dévorer son semblable. Dira-t-on pour cela que son caractère habituel a définitivement changé?
Que les conditions de la civilisation conduisent les uns à l'extrême richesse et à tous les vices qui en sont l'inévitable suite; qu'elles créent chez les autres des besoins très grands sans leur donner les moyens de les satisfaire, il en résultera un mécontentement et un malaise général, qui agiront sur la conduite et provoqueront des bouleversements de toute sorte, mais dans ces mécontentements, ces bouleversements, se manifesteront toujours les caractères fondamentaux de la race. Les Anglais des Etats-Unis ont jadis apporté à se déchirer entre eux, pendant leur guerre civile, la même persévérance, la même énergie indomptable qu'ils en mettent aujourd'hui à fonder les villes, des universités et des usines. Le caractère ne s'était pas modifié. Seuls les sujets auxquels on l'appliquait avaient changé.
En examinant successivement les divers facteurs, susceptibles d'agir sur la constitution mentale des peuples, nous constaterions toujours qu'ils agissent sur les côtés accessoires et transitoires du caractère, mais ne touchent guère à ses éléments fondamentaux, ou n'y touchent qu'à la suite d'accumulations héréditaires très lentes.
Nous ne conclurons pas de ce qui précède que les caractères psychologiques des peuples sont invariables, mais seulement que, comme les caractères anatomiques, ils possèdent une fixité très grande. C'est en raison de cette fixité que l'âme des races change si lentement pendant le cours des âges.
CHAPITRE III
HIÉRARCHIE PSYCHOLOGIQUE DES RACES
Lorsqu'on examine, dans un livre d'histoire naturelle, les bases de la classification des espèces, on constate aussitôt que les caractères irréductibles et par conséquent fondamentaux, permettant de déterminer chaque espèce, sont très peu nombreux. Leur énumération tient toujours en quelques lignes.
C'est qu'en effet le naturaliste ne s'occupe que des caractères invariables, sans tenir compte des caractères transitoires. Ces caractères fondamentaux en entraînent fatalement d'ailleurs toute une série d'autres à leur suite.
Il en est de même des caractères psychologiques des races. Si l'on entre dans les détails, on constate, d'un peuple à l'autre, d'un individu à l'autre, des divergences innombrables et subtiles; mais si l'on ne s'attache qu'aux caractères fondamentaux, on reconnaît que pour chaque peuple ces caractères sont peu nombreux. Ce n'est que par des exemples – nous en fournirons bientôt de très caractéristiques – qu'on peut montrer clairement l'influence de ce petit nombre de caractères fondamentaux dans la vie des peuples.
Les bases d'une classification psychologique des races ne pouvant être exposées qu'en étudiant dans ses détails la psychologie de divers peuples, tâche qui demanderait à elle seule des volumes, nous nous bornerons à les indiquer dans leurs grandes lignes.
En ne considérant que leurs caractères psychologiques généraux, les races humaines peuvent être divisées en quatre groupes: 1° les races primitives; 2° les races inférieures; 3° les races moyennes; 4° les races supérieures.
Les races primitives sont celles chez lesquelles on ne trouve aucune trace de culture, et qui en sont restées à cette période voisine de l'animalité qu'ont traversée nos ancêtres de l'âge de la pierre taillée: tels sont aujourd'hui les Fuégiens et les Australiens.
Au-dessus des races primitives se trouvent les races inférieures, représentées surtout par les nègres. Elles sont capables de rudiments de civilisation, mais de rudiments seulement. Elles n'ont jamais pu dépasser des formes de civilisation tout à fait barbares, alors même que le hasard les a fait hériter, comme à Saint-Domingue, de civilisations supérieures.
Dans les races moyennes, nous classerons les Chinois, les Japonais, les Mogols et les peuples sémitiques. Avec les Assyriens, les Mogols, les Chinois, les Arabes, elles ont créé des types de civilisations élevées que les peuples européens seuls ont pu dépasser.
Parmi les races supérieures, on ne peut faire figurer que les peuples indo-européens. Aussi bien dans l'antiquité à l'époque des Grecs et des Romains, que dans les temps modernes, ce sont les seules qui aient été capables de grandes inventions dans les arts, les sciences et' l'industrie. C'est à elles qu'est dû le niveau élevé que la civilisation a atteint aujourd'hui. La vapeur et l'électricité sont sorties de leurs mains. Les moins développées de ces races supérieures, les Hindous notamment, se sont élevées dans les arts, les lettres et la philosophie, à un niveau que les Mogols, les Chinois et les Sémites n'ont jamais pu atteindre.
Entre les quatre grandes divisions que nous venons d'énumérer, aucune confusion n'est possible, l'abîme mental qui les sépare est évident. Ce n'est que lorsqu'on veut subdiviser ces groupes que les difficultés commencent. Un Anglais, un Espagnol, un Russe, font partie de la division des peuples supérieurs, mais cependant nous savons bien qu'entre eux les différences sont très grandes.
Pour préciser ces différences, il faudrait prendre chaque peuple séparément et décrire son caractère. C'est ce que nous ferons bientôt pour deux d'entre eux afin de donner une application de la méthode et montrer l'importance de ses conséquences.
Pour le moment, nous ne pouvons qu'indiquer très sommairement la nature des principaux éléments psychologiques qui permettent de différencier les races.
Chez les races primitives et inférieures – et il n'est pas besoin d'aller chez les purs sauvages pour en trouver, puisque les couches les plus basses des sociétés européennes sont homologues des êtres primitifs – on constate toujours une incapacité plus ou moins grande de raisonner, c'est-à-dire d'associer dans le cerveau, pour les comparer et percevoir leurs analogies et leurs différences, les idées produites par les sensations passées ou les mots qui en sont les signes, avec les idées produites par les sensations présentes. De cette incapacité de raisonner résulte une grande crédulité et une absence complète d'esprit critique. Chez l'être supérieur, au contraire, la capacité d'associer les idées, d'en tirer des conclusions est très grande, l'esprit critique et la précision hautement développés.