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Un valet de chambre entra et dit à Clémence:

– Son Altesse monseigneur le grand-duc de Gerolstein fait demander à Mme la marquise si elle peut le recevoir.

Clémence interrogea son mari du regard.

M. d’Harville, reprenant son sang-froid, dit à sa femme:

– Mais sans doute.

Le valet de chambre sortit.

– Pardon, mon ami, reprit Clémence, mais je n’avais pas défendu ma porte… il y a d’ailleurs longtemps que vous n’avez vu le prince; il sera heureux de vous trouver ici.

– J’aurai aussi beaucoup de plaisir à le voir, dit M. d’Harville. Pourtant, je vous l’avoue, en ce moment, je suis si troublé que j’aurais préféré recevoir sa visite un autre jour…

– Je le comprends… Mais que faire?… Le voici…

Au même instant on annonçait Rodolphe.

– Je suis mille fois heureux, madame, d’avoir l’honneur de vous rencontrer, dit Rodolphe; et je m’applaudis doublement de ma bonne fortune, puisqu’elle me procure aussi le plaisir de vous voir, mon cher Albert, ajouta-t-il en se retournant vers le marquis, dont il serra cordialement la main.

– Il y a en effet, bien longtemps, monseigneur, que je n’ai eu l’honneur de vous présenter mes hommages.

– Et à qui la faute, monsieur l’invisible? La dernière fois que je suis venu faire ma cour à Mme d’Harville, je vous ai demandé, vous étiez absent. Voilà plus de trois semaines que vous m’oubliez; c’est très-mal…

– Soyez sans pitié, monseigneur, dit Clémence en souriant; M. d’Harville est d’autant plus coupable qu’il a pour Votre Altesse le dévouement le plus profond, et qu’il pourrait en faire douter par sa négligence.

– Eh bien! voyez ma vanité, madame; quoi que puisse faire d’Harville, il me sera toujours impossible de douter de son affection mais je ne devrais pas dire cela… je vais l’encourager dans ses semblants d’indifférence.

– Croyez, monseigneur, que quelques circonstances imprévues m’ont seules empêché de profiter plus souvent de vos bontés pour moi…

– Entre nous, mon cher Albert, je vous crois un peu trop platonique en amitié; bien certain qu’on vous aime, vous ne tenez pas beaucoup à donner ou à recevoir des preuves d’attachement.

Par un manque d’étiquette dont Mme d’Harville ressentit une légère contrariété, un valet de chambre entra, apportant une lettre au marquis.

C’était la dénonciation anonyme de Sarah, qui accusait le prince d’être l’amant de Mme d’Harville.

Le marquis, par déférence pour le prince, repoussa de la main le petit plateau d’argent que le domestique lui présentait et dit à demi-voix:

– Plus tard… plus tard…

– Mon cher Albert, dit Rodolphe du ton le plus affectueux, faites-vous de ces façons avec moi?

– Monseigneur…

– Avec la permission de Mme d’Harville, je vous en prie… lisez cette lettre…

– Je vous assure, monseigneur, que je n’ai aucun empressement.

– Encore une fois, Albert, lisez donc cette lettre!

– Mais… monseigneur…

– Je vous en prie… Je le veux…

– Puisque Son Altesse l’exige…, dit le marquis en prenant la lettre sur le plateau…

– Certainement j’exige que vous me traitiez en ami.

Puis, se tournant vers la marquise pendant que M. d’Harville décachetait la lettre fatale, dont Rodolphe ne pouvait imaginer le contenu, il ajouta en souriant:

– Quel triomphe pour-vous, madame, de faire toujours céder cette volonté si opiniâtre!

M. d’Harville s’approcha d’un des candélabres de la cheminée et ouvrit la lettre de Sarah.

Fin de la quatrième partie

(1842 – 1843)

[1] La jeune fille.

[2] Le prêtre.

[3] Le chemin creux.

[4] Bien raisonné.

[5] Des hommes de tête.

[6] Du cou.

[7] L’autre dans la bouche, pour lui prendre la langue.

[8] Que nous l’avons noyée après lui avoir enlevé une caisse entourée de toile cirée noire. (Ces sortes de paquets s’appellent en argot des négresses.)

[9] Du bourreau.

[10] Criminel habile.

[11] D’être sur le coup d’une accusation capitale.

[12] Tué.

[13] Homme naïf et simple.

[14] Ta femme.

[15] Le diable.

[16] Volé ton or.

[17] De ta conscience.

[18] Mourir.

[19] Est mort.

[20] En prison.

[21] Grand juge.

[22] Que le bourreau lui coupe le cou.

[23] Je tuerai.

[24] Anneau qui tient à la chaîne des forçats.

[25] Indiqué, préparé le vol.

[26] Sans yeux.

[27] Qu’un avocat.

[28] Sorte de surveillant employé dans les grandes exploitations des environs de Paris.

[29] Nous rappellerons au lecteur que Polidori était médecin distingué lorsqu’il se chargea de l’éducation de Rodolphe.

[30] On trouve fréquemment dans les quartiers populeux des débitants de veaux mort-nés, de bestiaux morts de maladie, etc.

[31] Le lecteur se souvient peut-être que Fleur-de-Marie avait été confiée toute jeune à ce notaire, et que sa femme de charge abandonna l’enfant à la Chouette, qui devait s’en charger moyennant mille francs une fois payés.

[32] Emprisonné.

[33] Le créancier.

[34] L’habile notaire, ne pouvant poursuivre en son nom personnel, avait fait faire au malheureux Morel ce qu’on appelle une acceptation en blanc et avait fait remplir la lettre de change par un tiers.

[35] Le créancier.

[36] Une voie d’eau équivaut à deux seaux.

[37] Une voie de bois valait deux stères et demi environ.