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«M. l’abbé Dumont, auquel les fonds nécessaires à la fondation de l’œuvre seront remis, instituera un conseil supérieur de surveillance, composé du maire et du juge de paix de l’arrondissement, qui s’adjoindront les personnes qu’ils jugeront utiles au patronage et à l’extension de la Banque des pauvres; car le fondateur s’estimerait mille fois payé du peu qu’il fait, si quelques personnes charitables concouraient à son œuvre.

«On annoncera l’ouverture de cette banque par tous les moyens de publicité possibles.

«Le fondateur répète, en finissant, qu’il n’a aucun mérite à ce qu’il fait pour ses frères.

«Sa pensée n’est que l’écho de cette pensée divine:

«AIMONS-NOUS LES UNS LES AUTRES.»

– Et votre place sera marquée dans le ciel auprès de celui qui a prononcé ces paroles immortelles, s’écria l’abbé en venant serrer avec effusion les mains de Jacques Ferrand dans les siennes.

Le notaire était debout. Les forces lui manquaient. Sans répondre aux félicitations de l’abbé, il se hâta de lui remettre en bons du Trésor la somme considérable nécessaire à la fondation de cette œuvre et à celle de la rente de Morel le lapidaire.

– J’ose croire, monsieur l’abbé, dit enfin Jacques Ferrand, que vous ne refuserez pas cette nouvelle mission, confiée à votre charité. Du reste, un étranger… nommé Walter Murph… qui m’a donné quelques avis… sur la rédaction de ce projet, allégera quelque peu votre fardeau… et ira aujourd’hui même causer avec vous de la pratique de l’œuvre et se mettre à votre disposition, s’il peut vous être utile. Excepté pour lui, je vous prie donc de me garder le plus profond secret, monsieur l’abbé.

– Vous avez raison… Dieu sait ce que vous faites pour vos frères… Qu’importe le reste? Tout mon regret est de ne pouvoir apporter que mon zèle dans cette noble institution; il sera du moins aussi ardent que votre charité est intarissable. Mais qu’avez-vous? Vous pâlissez… Souffrez-vous?

– Un peu, monsieur l’abbé. Cette longue lecture, l’émotion que me causent vos bienveillantes paroles… le malaise que j’éprouve depuis quelques jours… Pardonnez ma faiblesse, dit Jacques Ferrand en s’asseyant péniblement; cela n’a rien de grave sans doute, mais je suis épuisé.

– Peut-être ferez-vous bien de vous mettre au lit? dit le prêtre avec un vif intérêt, de faire demander votre médecin…

– Je suis médecin, monsieur l’abbé, dit Polidori. L’état de Jacques Ferrand demande de grands soins, je les lui donnerai.

Le notaire tressaillit.

– Un peu de repos vous remettra, je l’espère, dit le curé. Je vous laisse; mais avant, je vais vous donner le reçu de cette somme.

Pendant que le prêtre écrivait le reçu, Jacques Ferrand et Polidori échangèrent un regard impossible à rendre.

– Allons, bon courage, bon espoir! dit le prêtre en remettant le reçu à Jacques Ferrand. D’ici à bien longtemps, Dieu ne permettra pas qu’un de ses meilleurs serviteurs quitte une vie si utilement, si religieusement employée. Demain je reviendrai vous voir. Adieu, monsieur… adieu, mon ami… mon digne et saint ami.

Le prêtre sortit.

Jacques Ferrand et Polidori restèrent seuls.

Fin de la huitième partie

(1842 – 1843)

[1] Poignard.

[2] De ta conscience.

[3] Nous dénoncer.

[4] Le diable.

[5] On se souvient peut-être qu’on pouvait lire, il y a quelques années, sur tous les murs et dans tous les quartiers de Paris le nom de Crédeville, ainsi écrit par suite d’une charge d’ateliers.

[6] Deux danseuses de la Porte-Saint -Martin, amies de Cabrion, vêtues de maillots et d’un costume de ballet.

[7] Le lecteur se souvient que, trompée par l’émissaire de Sarah, qui lui avait dit que Fleur-de-Marie avait quitté Bouqueval par ordre du prince, Mme Georges était sans inquiétude sur sa protégée, qu’elle attendait de jour en jour.

[8] Louis Desnoyers.

[9] Salaire élevé, si l’on songe que, défrayé de tout, le condamné peut gagner de 5 à 10 sous par jour. Combien est-il d’ouvriers qui puissent économiser une telle somme?

[10] Du plomb volé.

[11] Le juge.

[12] Le bourreau.

[13] Des grands voleurs.

[14] Dénoncé. On se souvient que Germain, élevé pour le crime par un ami de son père, le Maître d’école, ayant refusé de favoriser un vol que l’on voulait commettre chez le banquier où il était employé à Nantes, avait instruit son patron de ce qu’on tramait contre lui et s’était réfugié à Paris. Quelques temps après, ayant rencontré dans cette ville le misérable dont il avait refusé d’être le complice à Nantes, Germain, épié par lui, avait manqué d’être victime d’un guet-apens nocturne. C’était pour échapper à de nouveaux dangers qu’il avait quitté la rue du Temple et tenu secret son nouveau domicile.

[15] Forcer à donner de l’argent en menaçant de faire certaines révélations.

[16] On vient de trouver, assure-t-on, le moyen de préserver les malheureux ouvriers voués à ces effroyables industries. (Voir le Mémoire descriptif d’un nouveau procédé de fabrication de blanc de céruse, présenté à l’Académie des sciences, par M. J.-N. Gannal.)

[17] En chambre particulière. Les prévenus qui peuvent faire cette dépense obtiennent cet avantage.

[18] Par une excellente mesure hygiénique d’ailleurs, chaque prisonnier est, à son arrivée, et ensuite deux fois par mois, conduit à la salle de bains de la prison; puis on soumet ses vêtements à une fumigation sanitaire. Pour un artisan, un bain chaud est une recherche d’un luxe inouï.

[19] À ce propos, nous éprouvons un scrupule. Cette année, un pauvre diable, seulement coupable de vagabondage, et nommé Decure, a été condamné à un mois de prison; il exerçait en effet, dans une foire, le métier de squelette ambulant, vu son état d’incroyable et épouvantable maigreur. Ce type nous a paru curieux, nous l’avons exploité; mais le véritable squelette n’a moralement aucun rapport avec notre personnage fictif. Voici un fragment de l’histoire de l’interrogatoire de Decure: