Pendant tout le jour, on se prépara à la bataille qui commença vers le soir. Mony, Cornaboeux et les deux femmes s’étaient enfermés dans la tente de Fédor qui était allé combattre aux avant-postes. Bientôt on entendit les premiers coups de canon et des brancardiers revinrent portant des blessés.
La tente fut changée en ambulance. Cornaboeux et les deux femmes furent réquisitionnés pour ramasser les mourants. Mony resta seul avec trois blessés russes qui déliraient.
Alors arriva une dame de la Croix Rouge vêtue d’un gracieux surtout écru et le brassard au bras droit.
C’était une fort jolie fille de la noblesse polonaise. Elle avait une voix suave comme en ont les anges et en l’entendant les blessés tournaient vers elle leurs yeux moribonds croyant apercevoir la madone.
Elle donnait à Mony des ordres secs de sa voix suave. Il obéissait comme un enfant, étonné de l’énergie de cette jolie fille et de la lueur étrange qui jaillissait parfois de ses yeux verts.
De temps en temps, sa face séraphique devenait dure et in nuage de vices impardonnables semblait obscurcir son front. Il paraissait que l’innocence de cette femme avait des intermittences criminelles.
Mony l’observa, il s’aperçut bientôt que ses doigts s’attardaient plus qu’il n’était besoin dans les plaies.
On apporta un blessé horrible à voir. Sa face était sanglante et sa poitrine ouverte.
L’ambulancière le pansa avec volupté. Elle avait mis sa main droite dans le trou béant et semblait jouir du contact de la chair pantelante.
Tout à coup la goule releva les yeux et aperçut devant elle, de l’autre côté du brancard, Mony qui la regardait en souriant dédaigneusement.
Elle rougit, mais il la rassura:
«Calmez-vous, ne craignez rien, je comprends mieux que quiconque, la volupté que vous pouvez éprouver. Moi-même, j’ai les mains impures. Jouissez de ces blessés, mais ne vous refusez pas à mes embrassements.»
Elle baissa les yeux en silence. Mony fut bientôt derrière elle. Il releva ses jupes et découvrit un cul merveilleux dont les fesses étaient tellement serrées qu’elles semblaient avoir juré de ne jamais se séparer.
Elle déchirait maintenant fiévreusement et avec un sourire angélique sur les lèvres, la blessure affreuse du moribond. Elle se pencha pour permettre à Mony de mieux jouir du spectacle de son cul.
Il lui introduisit alors son dard entre les lèvres satinées du con, en levrette, et de sa main droite, il lui caressait les fesses, tandis que la gauche allait chercher le clitoris sous les jupons. L’ambulancière jouit silencieusement, crispant ses mains dans la blessure du moribond qui râlait affreusement. Il expira au moment où Mony déchargeait. L’ambulancière le débusqua aussitôt et déculottant le mort dont le membre était d’une raideur de fer, elle se l’enfonça dans le con, jouissant toujours silencieusement et la face plus angélique que jamais.
Mony fessa d’abord ce gros cul qui se dandinait et dont les lèvres du con vomissaient et ravalaient rapidement la colonne cadavérique. Son vit reprit bientôt sa première raideur et se mettant derrière l’ambulancière qui jouissait, il l’encula comme un possédé.
Ensuite, ils se rajustèrent et l’on apporta un beau jeune homme dont les bras et les jambes avaient été emportés par la mitraille. Ce tronc humain possédait encore un beau membre dont la fermeté était idéale. l’ambulancière, aussitôt qu’elle fut seule avec Mony, s’assit sur la pine du tronc qui râlait et pendant cette chevauchée échevelée, suça la pine de Mony qui déchargea bientôt comme un carme. L’homme-tronc n’était pas mort; il saignait abondamment par les moignons des quatre membres. La goule lui téta le vit et le fit mourir sous l’horrible caresse. Le sperme qui résultat de ce taillage de plume, elle l’avoua à Mony, était presque froid et elle paraissait tellement excitée que Mony qui se sentait épuisé, la pria de se dégrafer. Il lui suça les tétons, puis elle se mit à genoux et essaya de ranimer la pine princière en la masturbant entre ses nichons.
«Hélas! s’écria Mony, femme cruelle à qui Dieu a donné pour mission d’achever les blessés, qui es-tu? Qui es-tu?
– Je suis, dit-elle, la fille de Jean Morneski, le prince révolutionnaire que l’infâme Gourko envoya mourir à Tobolsk.
» Pour me venger et pour venger la Pologne, ma mère, j’achève les soldats russes. Je voudrais tuer Kouropatkine et je souhaite la mort des Romanoff.
» Mon frère qui est aussi mon amant et qui m’a dépucelée pendant un pogrome à Varsovie, de peur que ma virginité ne devînt la proie d’un Cosaque, éprouve les mêmes sentiments que moi. Il a égaré le régiment qu’il commandait et a été le noyer dans le lac Baïkal. Il m’avait annoncé son intention avant son départ.
» C’est ainsi que nous, Polonais, nous nous vengeons de la tyrannie moscovite.
» Ces fureurs patriotiques ont agi sur mes sens, et mes passions les plus nobles ont cédé à celles de la cruauté, Je suis cruelle, vois-tu, comme Tamerlan, Attila et Ivan le Terrible. J’étais pieuse autrefois comme une sainte. Aujourd’hui, Messaline et Catherine ne seraient que de douces brebis auprès de moi.»
Ce ne fut pas sans un frisson que Mony entendit les déclarations de cette exquise putain. Il voulut à tout prix lui lécher le cul en l’honneur de la Pologne et lui apprit comment il avait indirectement trempé dans la conspiration qui coûta l’existence à Alexandre Obrénovitch, à Belgrade.
Elle l’écoutait avec admiration.
«Puissé-je voir un jour, s’écria-t-elle, le Tsar défenestré!»
Mony qui était un officier loyal protesta contre cette défenestration et avoua son attachement à l’autocratie légitime:
«Je vous admire, dit-il à la Polonaise, mais si j’étais le Tsar je détruirais en bloc tous ces Polonais. Ces ineptes salauds ne cessent de fabriquer des bombes et rendent la planète inhabitable. À Paris même ces sadiques personnages, qui ressortirent autant à la Cour d’assises qu’à la Salpêtrière troublent l’existence des paisibles habitants.
– Il est vrai, dit la Polonaise, que mes compatriotes sont des gens peu folâtres, mais qu’on leur rende leur patrie, qu’on les laisse parler leur langue, et la Pologne redeviendra le pays de l’honneur chevaleresque du luxe et des jolies femmes.
– Tu as raison!» s’écria Mony et poussant l’ambulancière sur un brancard, il l’exploita à la paresseuse et tout en foutant, ils devisaient de choses galantes et lointaines. On eût dit d’un décaméron et que les pestiférés les entourassent.
«Femme charmante, disait Mony, échangeons notre foi avec nos âmes.
– Oui, disait-elle, nous nous épouserons après la guerre et nous remplirons le monde du bruit de nos cruautés.
– Je le veux, dit Mony, mais que ce soit des cruautés légales.
– Peut-être as-tu raison, dit l’ambulancière, il n’est rien de si doux que d’accomplir ce qui est permis.»
Là-dessus, ils entrèrent en transe, se pressèrent, se mordirent et jouirent profondément.
À ce moment, des cris s’élevèrent, l’armée russe en déroute se laissait culbuter par les troupes japonaises.
On entendait les cris horribles des blessés, le fracas de l’artillerie, le roulement sinistre des caissons et les pétarades des fusils.
La tente fut ouverte brusquement et une troupe de Japonais l’envahit. Mony et l’ambulancière avaient eu à peine le temps de se rajuster.