Et elle court toute la journée
Elle court de décembre en été
De la nourrice à la baby-sitter
Des paquets de couches au biberon de quatre heures
Et elle fume, fume, fume même au petit déjeuner
Elle m'téléphone quand elle est mal
Quand elle peut pas dormir
J'l'emmène au cinéma, j'lui fait des câlins, j'la fais rire
Un peu comme un grand frère
Un peu incestueux quand elle veut
Puis son gamin, c'est presque le mien, sauf qu'il a les yeux bleus
Elle a fait un bébé toute seule
Elle attend
Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman 1987 "? + 81- 91 L 'intégrale"
Elle attend que le monde change
Elle attend que changent les temps
Elle attend que ce monde étrange
Se perde et que tournent les vents
Inexorablement, elle attend
Elle attend que l'horizon bouge
Elle attend que changent les gens
Elle attend comme un coup de foudre
Le règne des anges innocents
Inexorablement, elle attend
Elle attend que la grande roue tourne
Tournent les aiguilles du temps
Elle attend sans se résoudre
En frottant ses couverts en argent
Inexorablement, elle attend
Et elle regarde des images
Et lit des histoires d'avant
D'honneur et de grands équipages
Où les bons sont habillés de blanc
Et elle s'invente des voyages
Entre un fauteuil et un divan
D'eau de rose et de passion sage
Aussi purs que ces vieux romans
Aussi grands que celui qu'elle attend
Elle avait 17 ans
Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman 1993 "Rouge"
A quoi tu rêves? Redescends
C'est comme ça, pas autrement
Faudra bien que tu comprennes
A chaque jour suffit sa peine
Après tout ce qu'on a fait pour toi
A ton âge, on se plaignait pas
L'excès en tout est un défaut
T'as pourtant pas tout ce qu'y te faut?
Ça devrait être interdit
Tous ces mots tranchants comme des scies
Antidotes à la vie, à l'envie
Mais quelle est sa maladie?
Elle avait dix-sept ans
Elle avait tant et tant de rêves à vivre
Et si peu l'envie de rêver
Comme ces gens âgés qui tuent le temps
Qu'ils n'ont plus, assis sur des bancs
Dix-sept ans
Elle dérivait à l'envers
Loin des vérités avérées
Elle disait: "Qui vivra verra
Et moi je vivrai, vous verrez!"
"Méfie-toi de tes amis
Dans la vie, pas de sentiment
On ne vit pas avec des si
Y a les gagnants et les perdants
T'as trop d'imagination
Mais garde un peu les pieds sur terre
Faudra que tu te fasses une raison
Attends, tais-toi, mais pour qui tu te prends?"
Elle aimait pas les phrases en cage
Être sage, pas le courage
Elle disait, quitte à tomber de haut
Qu'elle vendrait chèrement sa peau
Elle avait dix-sept ans
Elle prenait la vie comme un livre
Qu'elle commençait par la fin
Ne voulait surtout pas choisir
Pour ne jamais renoncer à rien
Dix-sept ans
Elle était sans clé, sans bagages
Pauvres accessoires de l'âge
Elle voulait que ses heures dansent
Au rythme de ses impatiences
Face à tant d'appétit vorace
Que vouliez-vous que j'y fasse?
A tant de violente innocence
J'avais pas l'ombre d'une chance
Elle ne me voit pas
Paroles: Jean-Jacques Goldman. Musique: Jean-Jacques Goldman, Roland Romanelli 1999 "Astérix et Obélix contre César"
note: Bande originale du film "Astérix et Obélix contre César".
Quand elle passe, elle efface comme un éclat
Devant un ciel c’est elle qu’on voit
Elle est si reine qu’elle ne mérite qu’un roi
Et je ne suis pas roi
Elle ne me voit pas
Quand elle danse, tout danse, ses reins ses bras
Près d’elle tout s’éclaire un peu, pourquoi?
Elle a cette grâce que les autres n’ont pas
Tout ce que je n’ai pas
Elle ne me voit pas
Et moi, plus j’approche et plus je me sens maladroit
Plus je déteste et mon corps et ma voix
Il est des frontières qu’on passe malgré des milliers de soldats
Mais les nôtres, on ne les franchit pas
Il a de l’allure, des gestes délicats
La vie légère de ce monde-là
Il est aussi, tellement, tout ce qu’il n’est pas
Mais les femmes ne savent pas voir ces choses-là
Elle ne me voit pas
On peut changer tellement de choses si l’on veut, si l’on combat
Mais pas ces injustices-là
Quand elle passe, elle efface comme un éclat
Devant un ciel c’est elle qu’on voit
Elle est si reine qu’elle ne mérite qu’un roi
Un autre que moi
Je ne suis pas roi
Elle ne me voit pas
En passant
Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman 1997 "En passant"
Toutes les ébènes ont rendez-vous
Lambeaux de nuit quand nos ombres s'éteignent
Des routes m'emmènent, je ne sais où
J'avais les yeux perçants avant, je voyais tout
Doucement reviennent à pas de loups
Reines endormies, nos déroutes anciennes
Coulent les fontaines jusqu'où s'échouent
Les promesses éteintes et tous nos vœux dissous
C'était des ailes et des rêves en partage
C'était des hivers et jamais le froid
C'était des grands ciels épuisés d'orages
C'était des paix que l'on ne signait pas
Des routes m'emmènent, je ne sais où
J'ai vu des oiseaux, des printemps, des cailloux
En passant
Toutes nos défaites ont faim de nous
Serments résignés sous les maquillages
Lendemains de fête, plus assez saouls
Pour avancer, lâcher les regrets trop lourds