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La voiture avançait Dans la pénombre humide L'homme avait choisi son quartier Un carillon sonnait Pour dire que la nuit se termine Mais pour un fêtard Il est trop tôt pour rentrer La nuit a été chaude En alcools, en farines légères Ces gens-là ont tout ce qu'ils veulent Mais lui, il s'était inventé Un jeu supplémentaire Surtout, surtout Ne jamais rentrer seul C'est pas un jeu précis C'est plutôt son envie de plaire Quelque chose comme passer du bon temps C'est pour ça qu'il a choisi Ce quartier ordinaire Cette fin de nuit parmi les pauvres gens Lui, c'est un noceur, un noceur, un noceur Un dandy, un rouleur La première fille qu'il croise Il sait qu'il doit faire vite Alors, il lui sourit pour ne pas qu'elle s'inquiète Une sorte de jazz monte Comme il baisse la vitre Elle n'a même pas tourné la tête… Il reste un bar ouvert Où quelques soûlards se cramponnent Et où la serveuse ne s'étonne de rien Il laisse la voiture devant Il est sûr que ça l'impressionne Mais elle a répondu en retirant sa main Elle a dit: no sir, no sir La vie a fait de toi un dandy, un rouleur T'avances comme au volant d'un cargo, d'un croiseur J'aime pas comme tu claques des doigts Elle a dit: no sir, no sir T'es tombé du côté des nantis, des menteurs Dans ta poitrine j'entends le battement d'un compteur Faut pas que tu comptes sur moi On n'a pas la vie facile Hey, mais on a tout ce qu'il faut On a rangé les évangiles On fera plus de cadeau On voit venir le jour C'est comme la chance qui nous quitte Il faut partir avant que tout ne se complique Dans cette chasse à cour Y a quand même une limite Celle de rentrer avant que ne s'éteigne l'éclairage public Il revient vers chez lui Le portail électrique Et les allées de graviers entre les massifs de fleurs Faire un peu de café Mettre un peu de musique Oublier ce que cette fille lui disait tout à l'heure… Quand elle parlait d'un noceur… d'un noceur Et puis elle a parlé de dandy, de rouleur Et aussi de cargo, de croiseur De gens qui claquent des doigts Elle a dit: no sir, no sir T'es tombé du côté des nantis, des menteurs Dans ta poitrine j'entends le battement d'un compteur Il faut pas que tu comptes sur moi Elle a dit: no sir, no sir La vie a fait de toi un dandy, un rouleur T'avances comme au volant d'un cargo, d'un croiseur J'aime pas comme tu claques des doigts Hey, elle a dit: no sir

Le pas des ballerines

Paroles et Musique: Francis Cabrel 1989 "Sarbacane"

Pour elle le pas des ballerines, Pour moi le vol noir des corbeaux. Pour elle le turquoise des piscines, Pour moi la rouille des barreaux. J'ai donné dix ans de ma vie, Pour ses yeux clairs comme de l'eau, J'ai jamais vu de ballerines, Sur la paille des cachots. Chez elle le cuir des limousines, Et des sourdines aux pianos, Et chez moi, le vacarme des cantines, Le souffle des bourreaux. J'ai donné dix ans de ma vie, Pour ses yeux clairs comme de l'eau, Pour cette veilleuse Qui suit mes doigts sur la photo. Y a un homme qui tombe Les yeux dans la rigole, Dans la rue principale, Les lumières qui tournent, Les jurés me regardent, Il va falloir que je parle. La lame est dans ma poche, Si c'est elle que t'aimes, Il faut que tu le fasse. Les lumières s'approchent, Le cri des sirènes Mais c'était une impasse. Et tout le temps que ça dure… Oh tout le temps que ça dure… Tout le temps que ça dure. Les amitiés bizarres et les livres pornos. Dedans, l'eau noire des machines, Les odeurs de caniveaux, Et dehors le soleil médecine Aux crinières des chevaux. J'ai donné dix ans de ma vie, Pour ses yeux clairs comme de l'eau, Elle m'aime encore, elle m'a écrit, Je change d'air bientôt… Elle m'aime encore, elle m'a écrit, Je change d'air bientôt… Elle m'aime encore…

Le petit gars

Paroles et Musique: Francis Cabrel 1980 "Fragile"

Derrière la rivière du père On voyait s'agiter la cité Et faner les fleurs solitaires Dans les parterres grillagés Le petit gars là-haut sur sa colline Venait les contempler en paix… Ces enfants qui jouent en plein air Entre la route et la voie ferrée Ils vont finir par manquer d'air Ou ils vont s'électrocuter Le petit gars là-haut sur sa colline Venait les contempler en paix… Mais le petit gars ne comprenait rien Allongé sous les arbres il se trouvait bien Attendant tranquille la récolte du vin À quoi servent leurs belles manières Si leurs mots sont empoisonnés À quoi servent leurs têtes fières Puisqu'ils marchent le dos courbé Le petit gars là-haut sur sa colline Venait les contempler en paix. Mais derrière la rivière du père On voyait s'agiter la cité Et tourner les ogres d'affaires Dans les tours de verre climatisées Le petit gars là-haut sur sa colline Venait les contempler en paix… Mais le petit gars ne comprenait rien Allongé sous les arbres il se trouvait bien Attendant tranquille que cuise son pain. Mais le petit gars ne comprenait rien Où s'en vont mourir ces pauvres pantins Allongés sous les arbres ils seraient si bien Attendant tranquilles que coule le vin.

Le reste du temps

Paroles et Musique: Francis Cabrel 1999 "Hors-saison"

Et si on dormait sous les arbres Le reste du temps Deux amants posés sur des hardes Deux débutants En dessous des cieux qui lézardent Juste en faire autant…
Mieux que tous les palais de marbre L'or des sultans Quelques branchages qui nous gardent Des mauvais vents Je ferai tout ce qu'il te tarde L'homme ou l'enfant
Dans nos jardins dérangés Tellement de fleurs allongées, tellement Sous la lumière orangée Longtemps nos corps mélangés, longtemps
Rien qui mérite qu'on en parle Rien d'inquiétant Un miroir pour que tu te fardes Je t'aime pourtant Plus personne ne nous regarde Ni ne nous entend…