De nos yeux maternels
Ne craignez pas les larmes;
Loin de nous les lâches douleurs!
Nous devons triompher
Quand vous prenez les armes,
Nous vous avons donné la vie
Guerriers, elle n'est plus à vous;
Tous nos jours sont à la patrie,
Elle est votre mère avant nous
{au Refrain}
Que le fer paternel arme la main des braves;
Songez à nous au champs de Mars;
Consacrez dans le sang des Rois et des esclaves
Le fer béni par nos vieillards,
Et, rapportant sous la chaumière
Des blessures et des vertus,
Venez fermer notre paupière
Quand les tyrans ne seront plus.
{au Refrain}
De Barra, de Viala le sort nous fait envie:
Ils sont morts mais ils ont vaincu.
Le lâche accablé d'ans n'a pas connu la vie;
Qui meurt pour le peuple a vécu.
Vous êtes vaillants, nous le sommes;
Guidez-nous contre les tyrans;
Les républicains sont des hommes,
Les esclaves sont des enfants
{au Refrain}
Partez, vaillants époux! Les combats sont vos fêtes
Partez, modèles des guerriers!
Nous cueillerons des fleurs pour en ceindre vos têtes,
Nos mains tresserons vos lauriers
Et, si le temple de Mémoire
S'ouvrait à nos mânes vainqueurs,
Nos voix chanteront votre gloire,
Nos flancs porteront vos vengeurs.
{au Refrain}
Et nous, soeurs des héros; nous, qui de l'hyménée
Ignorons les aimables noeuds,
Si, pour s'unir un jour à notre destinée,
Les citoyens forment des voeux,
Qu'ils reviennent dans nos murailles
Beaux de gloire et de liberté,
Et que leur sang ans les batailles
ait coulé pour l'égalité.
{au Refrain}
Sur le fer, devant Dieu, nous jurons à nos pères,
A nos épouses, à nos soeurs,
A nos représentants, à nos fils à nos mères
D'anéantir les oppresseurs.
En tous lieux, dans la nuit profonde
Plongeant l'infâme royauté,
Les Français donneront au monde
Et la paix et la liberté
{au Refrain}
Le costaud de la lune
Se faufilant parmi la foule
Et à travers les rues de Paris
C'est l'heure où l'apache à la coule
Les mains dans les poches sans bruit
Viens faire sa ronde nocturne
On dirait un oiseau de proie
Guettant de son œil taciturne
Pour faire le coup du père François
Il revient un soir
Le long du trottoir
Dans la nuit brune
Frôlant le passant
Le regard inconscient
La môme cherche fortune
Son homme, un costaud,
Vous tue s'il le faut
Pour une brime
Jouer du couteau
C'est le sort des costauds de la lune
Ayant passé par la centrale
L'apache, un bandit dangereux,
Un jour quitta la capitale
Pour faire son service un joyeux
Mais il est jaloux de sa môme
Bravant le danger, il s'enfuit
Sachant qu'elle avait un autre homme,
Revient sur les pavés de Paris
Il descend le soir
Le long du trottoir
Dans la nuit brune
Il surprend Julie
Et son cœur a bondi
Dans son infortune
Sans lui dire un mot
D'un coup dans le dos
Il tue la brune.
Jouer du couteau
C'est le sort des costauds de la lune
Mais voilà dans la nuit qui s'achève
L'on vient de dresser l'échafaud
On voit dans le jour qui se lève
Briller le sinistre couteau
L'apache va payer ses dettes
Sa dernière heure vient de sonner
Pendant qu'on lui fait la toilette
Le remords le fait frissonner
Il descend le soir
Dans la nuit brune
Le long du trottoir
Il tue Mélie
Et son cœur a bondi
Dans son infortune
Un père, une maman
Pleurant son enfant
Dans la nuit brune,
Mourir sous le couteau
C'est le sort des costauds de la lune.
Le couteau
Paroles: Théodore Botrel 1900
autres interprètes: Eugènie Buffet, Fred Gouin, Louis Lynel, Aimé Doniat, Roger Pierre et Jean-Marc Thibault, André Claveau, Serge Kerval, Jack Lantier
Pardon, monsieur le métayer
Si de nuit je dérange,
Mais je voudrais bien sommeiller
Au fond de votre grange?
Mon pauvre ami, la grange est pleine
Du blé de la moisson,
Donne-toi donc plutôt la peine
D'entrer dans la maison!
Mon bon monsieur, je suis trop gueux,
Quel gâchis vous ferais-je!
Je suis pieds nus, sale et boueux
Et tout couvert de neige!
Mon pauvre ami, quitte bien vite
Tes hardes en lambeaux:
Pouille-moi ce tricot, de suite
Chausse-moi ces sabots!
De tant marcher à l'abandon
J'ai la gorge bien sèche,
Mon bon monsieur, baillez-moi donc
Un grand verre d'eau fraîche!
L'eau ne vaut rien lorsque l'on tremble,
Le cidre… guère mieux:
Mon bon ami, trinquons ensemble,
Goûte-moi ce vin vieux!
Mon bon monsieur, on ne m'a rien
Jeté le long des routes,
Je voudrais avec votre chien
Partager deux, trois croûtes!
Si depuis ce matin tu rôdes,
Tu dois être affamé
Voici du pain, des crêpes chaudes,
Voici du lard fumé!
Chassez du coin de votre feu
Ce rôdeur qui ne bouge.
Etes-vous "Blanc"? Etes-vous "Bleu"?
Moi, je suis plutôt "Rouge"!
Qu'importent ces mots: République,
Commune ou Royauté":
Ne mêlons pas la Politique
Avec la charité!
Puis, le métayer s'endormit,
La minuit étant proche.
Alors, le vagabond sortit
Son couteau de sa poche.
L'ouvrit, le fit luire à la flamme,
Puis, se dressant soudain,
Il planta sa terrible lame
Dans… la miche de pain!
Au matin jour le gueux s'en fut
Sans vouloir rien attendre
Oubliant son couteau pointu
Au milieu du pain tendre:
Vous dormirez en paix, ô riches!
Vous et vos capitaux,
Tant que les gueux auront des miches
Où planter leurs couteaux!
Le fiacre
Paroles et Musique: Léon Xanrof 1888
autres interprètes: Félicia Mallet, Yvette Guilbert (1898), Jean Sablon (1939), Barbara, Lina Margy, Germaine Montéro (1960), Georges Brassens (1980)