Jacques Brel
Les paroles de 142 chansons
A jeun
Paroles et Musique: Jacques Brel 1967 "Jacques Brel '67"
Parfaitement à jeun
Vous me voyez surpris
De n'pas trouver mon lit ici
Parfaitement à jeun
Je le vois qui recule
Je le vois qui bascule aussi
Guili guili guili
Viens-là mon petit lit
Si tu n'viens pas t'à moi
C'est pas moi qui irai t'à toi
Mais qui n'avance pas recule
Comme dit monsieur Dupneu
Un mec qui articule
Et qui est chef du contentieux
Parfaitement à jeun
Je reviens d'une belle fête
J'ai enterré Huguette ce matin
Parfaitement à jeun
J'ai fait semblant d'pleurer
Pour ne pas faire rater la fête
Z’étaient tous en noir
Les voisins les amis
Y avait qu'moi qui étais gris
Dans cette foire
Y avait beau-maman belle-papa
Z'avez pas vu Mirza?
Et puis monsieur Dupneu
Qui est chef du contentieux (x2)
Parfaitement à jeun
En enterrant ma femme
J'ai surtout enterré
La maîtresse d'André
Je n'l'ai su que c'matin
Et par un enfant d'chœur
Qui m' racontait qu' sa sœur ah ça sa sœur, ah! ça… (Disons qu’elle a profité de la vie…)
Haha… Enfin!
Il me reste deux solutions
Ou bien frapper André
Ou bien gnougnougnafier
La femme d'André
Sur son balcon
Ou bien rester chez moi
Feu-cocu mais joyeux
C'est ce que me conseille André
André, André Dupneu (x2)
Qu'est mon chef du contentieux
Parfaitement à jeun
Vous me voyez surpris
De ne pas trouver mon lit
Aldonza
Paroles: Jacques Brel. Musique: Mitch Leigh 1968
note: de la comédie musicale "L'homme de la Mancha "
Je suis née comme une chienne une nuit où il pleuvait
Je suis née et ma mère est partie en chantant
Et je ne sais rien d'elle que la haine que j'en ai
J'aurais dû venir au monde en mourant
Eh bien sûr, il y a mon père, on dit, on dit souvent
Que les filles gardent leur père au profond de leur cœur
Mais je n'ai pas su mon père, mon père était plusieurs
Car mon père était un régiment
Je ne peux même pas dire s'ils étaient andalous ou prussiens
Sont-ils morts vers le nord, sont-ils morts vers le sud?
Je n'en sais rien!
Une Dame, et comment veut-il que je sois une Dame?
J'ai grandi comme une chienne de carrefour en carrefour
J'ai grandi et trop tôt sur la paille des mules
De soldat en soldat, de crapule en crapule
J'ai connu les bienfaits de l'amour
Et je vis comme une bête, je fais ça comme on se mouche
Et je vis sans savoir ni pour qui ni pour quoi
Pour un sou je me lève, pour deux sous je me couche
Pour trois sous je fais n'importe quoi!
Si vous ne me croyez guère, pour trois sous venez voir le restant
De la plus folle des fiancées au plus crapuleux des brigands de la Terre
Mais chassez donc vos nuages et regardez-moi telle que je suis
Une Dame, une vraie Dame a une vertu, a une âme
Dieu de Dieu, de tous les pires salauds que j'ai connus
Vous qui parlez d'étoile, vous qui montrez le ciel
Vous êtes bien le plus infâme, le plus cruel
Frappez-moi, je préfère le fouet à vos chimères
Frappez-moi jusqu'au feu, jusqu'au sol, jusqu'à terre
Mais gardez votre tendresse, rendez-moi mon désespoir
Je suis née sur le fumier et j'y repars
Mais je vous en supplie, ne me parlez plus de Dulcinéa
Vous voyez bien que je ne suis rien, je ne suis qu'Aldonza la putain.
Amsterdam
Paroles et Musique: Jacques Brel 1964 "Olympia 64"
autres interprètes: Micelle Torr, Isabelle Boulay, Thierry Amiel (2003)
Dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui chantent
Les rêves qui les hantent
Au large d'Amsterdam
Dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui dorment
Comme des oriflammes
Le long des berges mornes
Dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui meurent
Pleins de bière et de drames
Aux premières lueurs
Mais dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui naissent
Dans la chaleur épaisse
Des langueurs océanes
Dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui mangent
Sur des nappes trop blanches
Des poissons ruisselants
Ils vous montrent des dents
A croquer la fortune
A décroisser la lune
A bouffer des haubans
Et ça sent la morue
Jusque dans le cœur des frites
Que leurs grosses mains invitent
A revenir en plus
Puis se lèvent en riant
Dans un bruit de tempête
Referment leur braguette
Et sortent en rotant
Dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui dansent
En se frottant la panse
Sur la panse des femmes
Et ils tournent et ils dansent
Comme des soleils crachés
Dans le son déchiré
D'un accordéon rance
Ils se tordent le cou
Pour mieux s'entendre rire
Jusqu'à ce que tout à coup
L'accordéon expire
Alors le geste grave
Alors le regard fier
Ils ramènent leur batave
Jusqu'en pleine lumière
Dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui boivent
Et qui boivent et reboivent
Et qui reboivent encore
Ils boivent à la santé
Des putains d'Amsterdam
De Hambourg ou d'ailleurs
Enfin ils boivent aux dames
Qui leur donnent leur joli corps
Qui leur donnent leur vertu
Pour une pièce en or
Et quand ils ont bien bu
Se plantent le nez au ciel
Se mouchent dans les étoiles
Et ils pissent comme je pleure
Sur les femmes infidèles
Dans le port d'Amsterdam
Dans le port d'Amsterdam.
Au printemps
Paroles et Musique: Jacques Brel 1958
Au printemps au printemps
Et mon cœur et ton cœur
Sont repeints au vin blanc
Au printemps au printemps
Les amants vont prier
Notre-Dame du bon temps
Au printemps
Pour une fleur un sourire un serment
Pour l'ombre d'un regard en riant
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