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Non, Jef, t'es pas tout seul Mais arrête tes grimaces Soulève tes cent kilos Fais bouger ta carcasse Je sais qu’t’as le cœur gros Mais il faut le soulever, Jef Non Jef t'es pas tout seul Mais arrête de sangloter Arrête de te répandre Arrête de répéter Qu’t’es bon à t’ outre à l’eau Qu’t'es bon à te pendre Non, Jef, t'es pas tout seul Mais c'est plus un trottoir Ça d’vient un cinéma Où les gens viennent te voir Viens, Jef, allez viens, viens!

{Refrain:}

Viens, il me reste ma guitare Je l'allumerai pour toi Et on s’ra espagnols Jef, viens, viens Comme quand on était mômes Même que j'aimais pas ça T'imiteras l’rossignol Jef, Puis on s’trouvera un banc On parlera d’l’Amérique Où c'est qu'on va aller, tu sais Quand on aura du fric Jef, viens Et si t'es encore triste Ou rien qu’si t’en as l’air J’te raconterai comment Tu d’viendras Rockefeller On s’ra bien tous les deux On r’chantera comme avant Comme quand on était beaux Jef, Comme quand c'était l’temps D'avant qu'on soit poivrots
Allez viens Jef, viens Ouais! Ouais, Jef, ouais, viens!

Jojo

Paroles et Musique: Jacques Brel 1977

Jojo Voici donc quelques rires Quelques vins, quelques blondes J'ai plaisir à te dire Que la nuit sera longue A devenir demain Jojo Moi je t'entends rugir Quelques chansons marines Où des Bretons devinent Que Saint-Cast doit dormir Tout au fond du brouillard
Six pieds sous terre Jojo Tu chantes encore Six pieds sous terre Tu n’es pas mort
Jojo Ce soir comme chaque soir Nous refaisons nos guerres Tu reprends Saint-Nazaire Je refais l'Olympia Au fond du cimetière Jojo Nous parlons en silence D'une jeunesse vieille Nous savons tous les deux Que le monde sommeille Par manque d'imprudence
Six pieds sous terre Jojo Tu chantes encore Six pieds sous terre Tu n’es pas mort
Jojo Tu me donnes en riant Des nouvelles d'en bas Je te dis: "Mort aux cons!" Bien plus cons que toi Mais qui sont mieux portants Jojo Tu sais le nom des fleurs Tu vois que mes mains tremblent Et je te sais qui pleure Pour noyer de pudeur Mes pauvres lieux communs
Six pieds sous terre Jojo Tu chantes encore Six pieds sous terre Tu n’es pas mort
Jojo. Je te quitte au matin Pour de vagues besognes Parmi quelques ivrognes Des amputés du cœur Qui ont trop ouvert les mains Jojo Je ne rentre plus nulle part Je m'habille de nos rêves Orphelin jusqu'aux lèvres Mais heureux de savoir Que je te viens déjà
Six pieds sous terre Jojo Tu n'es pas mort Six pieds sous terre Jojo Je t'aime encore

Knokke-le-Zoute tango

Paroles et Musique: Jacques Brel 1977 "Barclay"

note: Extrait de la comédie musicale "Vilebrequin".

Les soirs où je suis Argentin Je m'offre quelques Argentines Quitte à cueillir dans les vitrines Des jolis quartiers d'Amsterdam Des lianes qui auraient ce teint de femme Qu'exportent vos cités latines Ces soirs-là je les veux félines Avec un rien de brillantine Collée au "ceveu" de la langue Elles seraient fraîches comme des mangues Et compenseraient leur maladresse À coups de poitrine et de fesses
Mais ce soir Y a pas d'Argentines Y a pas d'espoir Y a pas d'doute Non ce soir Il pleut sur Knokke-le-Zoute Ce soir comme tous les soirs Je me rentre chez moi Le cœur en déroute Et la bite sous l'bras
Les soirs où je suis Espagnol Petites fesses, grande bagnole Elles passent toutes à la casserole Quitte à pourchasser dans Hambourg Des Carmencitas de faubourg Qui nous reviennent de vérole Je me les veux fraîches et joyeuses Bonnes travailleuses sans parlotes Mi-Andalouses, mi-anguleuses De ces femelles qu'on gestapote Parce qu'elles ne savent pas encore Que Franco est tout à fait mort
Mais ce soir Y a pas d'Espagnoles Y a pas de casseroles Y a pas d'doute Non ce soir Il pleut sur Knokke-le-Zoute Ce soir comme tous les soirs Je me rentre chez moi Le cœur en déroute Et la bite sous l'bras
Les soirs où je suis Caracas Je Panama, je Partagas Je suis l'plus beau Je pars en chasse Je glisse de palace en palace Pour y dénicher le gros lot Qui n'attend que mon coup de grâce Je la veux folle comme un travelo Découverte de vieux rideaux Mais cependant t-évanescente Elle m'attendrait depuis toujours Cerclée de serpents et de plantes Parmi les livres de Dutourd
Mais ce soir Y a pas de Caracas Y a pas de t-évanescentes Y a pas d'doute Mais ce soir Il pleut sur Knokke-le-Zoute Ce soir comme tous les soirs Je me rentre chez moi Le cœur en déroute Et la bite sous l'bras
Demain oui Peut être que… Peut être que demain je serai Argentin… oui Je m'offrirai des Argentines Quitte à cueillir dans les vitrines Des jolis quartiers d'Amsterdam Des lianes qui auraient ce teint de femme Qu'exportent vos cités latines Demain je les voudrai félines Avec ce rien de brillantine Collée aux cheveux de la langue Elles seront fraîches comme des mangues Et compenseront leur maladresse À coups de poitrine et de fesses