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Toutes les filles Vous donneront leurs baisers Puis tous leurs espoirs Vois tous ces cœurs Comme des artichauts Qui s'effeuillent en battant Pour s'offrir aux badauds Vois tous ces cœurs Comme de gentils mégots Qui s'enflamment en riant Pour les filles du métro
Au printemps au printemps Et mon cœur et ton cœur Sont repeints au vin blanc Au printemps au printemps Les amants vont prier Notre-Dame du bon temps Au printemps Pour une fleur un sourire un serment Pour l'ombre d'un regard en riant
Tout Paris Se changera en baisers Parfois même en grand soir Vois tout Paris Se change en pâturage Pour troupeaux d'amoureux Aux bergères peu sages Vois tout Paris Joue la fête au village Pour bénir au soleil Ces nouveaux mariages
Au printemps au printemps Et mon cœur et ton cœur Sont repeints au vin blanc Au printemps au printemps Les amants vont prier Notre-Dame du bon temps Au printemps Pour une fleur un sourire un serment Pour l'ombre d'un regard en riant
Toute la Terre Se changera en baisers Qui parleront d'espoir Vois ce miracle Car c'est bien le dernier Qui s'offre encore à nous Sans avoir à l'appeler Vois ce miracle Qui devait arriver C'est la première chance La seule de l'année
Au printemps au printemps Et mon cœur et ton cœur Sont repeints au vin blanc Au printemps au printemps Les amants vont prier Notre-Dame du bon temps Au printemps
Au printemps Au printemps

Au suivant

Paroles et Musique: Jacques Brel 1964

autres interprètes: -M- (2001)

Tout nu dans ma serviette qui me servait de pagne J'avais le rouge au front et le savon à la main Au suivant, au suivant J'avais juste vingt ans et nous étions cent vingt A être le suivant de celui qu'on suivait Au suivant, au suivant J'avais juste vingt ans et je me déniaisais Au bordel ambulant d'une armée en campagne Au suivant, au suivant
Moi j'aurais bien aimé un peu plus de tendresse Ou alors un sourire ou bien avoir le temps Mais au suivant, au suivant Ce n'fut pas Waterloo mais ce n'fut pas Arcole Ce fut l'heure où l'on r'grette d'avoir manqué l'école Au suivant, au suivant Mais je jure que d'entendre cet adjudant d'mes fesses C'est des coups à vous faire des armées d'impuissants Au suivant, au suivant
Je jure sur la tête de ma première vérole Que cette voix depuis je l'entends tout le temps Au suivant, au suivant Cette voix qui sentait l'ail et le mauvais alcool C'est la voix des nations et c'est la voix du sang Au suivant, au suivant Et depuis chaque femme à l'heure de succomber Entre mes bras trop maigres semble me murmurer: "Au suivant, au suivant"
Tous les suivants du monde devraient s'donner la main Voilà ce que la nuit je crie dans mon délire Au suivant, au suivant Et quand je n'délire pas, j'en arrive à me dire Qu'il est plus humiliant d'être suivi que suivant Au suivant, au suivant Un jour je m'f'rai cul-de-jatte ou bonne sœur ou pendu Enfin un d'ces machins où je n's'rai jamais plus Le suivant, le suivant

Avec élégance

Paroles: Jacques Brel. Musique: Jacques Brel, François Rauber 2003 "Brel infiniment"

note: inédit enregistré en 1977; note figurant sur la compilation de 2003 "chanson non aboutie que Jacques Brel et nous-mêmes désirions remanier, raison pour laquelle elles n’ont jamais été divulguées" (François Rauber, Gérard Jouannest)

Se sentir quelque peu Romain Mais au temps de la décadence Gratter sa mémoire à deux mains Ne plus parler qu'à son silence Et Ne plus vouloir se faire aimer Pour cause de trop peu d'importance Etre désespéré Mais avec élégance
Sentir la pente plus glissante Qu'au temps où le corps était mince Lire dans les yeux des ravissantes Que cinquante ans, c'est la province Et Brûler sa jeunesse mourante Mais faire celui qui s'en dispense Etre désespéré Mais avec élégance
Sortir pour traverser des bars Où l'on est chaque fois le plus vieux Y éclabousser de pourboires Quelques barmans silencieux Et Grignoter des banalités Avec des vieilles en puissance Etre désespéré Mais avec élégance
Savoir qu'on a toujours eu peur Savoir son poids de lâcheté Pouvoir se passer de bonheur Savoir ne plus se pardonner Et N'avoir plus grand-chose à rêver Mais écouter son cœur qui danse Etre désespéré Mais avec espérance

Bruxelles

Paroles: Jacques Brel. Musique: Jacques Brel amp; Gérard Jouannest 1962

C'était au temps où Bruxelles rêvait C'était au temps du cinéma muet C'était au temps où Bruxelles chantait C'était au temps où Bruxelles bruxelait
Place de Broukère on voyait des vitrines Avec des hommes des femmes en crinoline Place de Broukère on voyait l'omnibus Avec des femmes des messieurs en gibus Et sur l'impériale Le cœur dans les étoiles Y avait mon grand-père Y avait ma grand-mère Il était militaire Elle était fonctionnaire Il pensait pas elle pensait rien Et on voudrait qu'je sois malin
C'était au temps où Bruxelles chantait C'était au temps du cinéma muet C'était au temps où Bruxelles rêvait C'était au temps où Bruxelles bruxelait
Sur les pavés de la place Sainte-Catherine Dansaient les hommes les femmes en crinoline Sur les pavés dansaient les omnibus Avec des femmes des messieurs en gibus Et sur l'impériale Le cœur dans les étoiles Y avait mon grand-père Y avait ma grand-mère Il avait su y faire Elle l'avait laissé faire Ils l'avaient donc fait tous les deux Et on voudrait qu'je sois sérieux