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J'aimais les tours hautes et larges Pour voir au large venir l'amour J'aimais les tours de cœur de garde Tu vois je vous guettais déjà
J'aimais le col ondoyant des vagues Les saules nobles languissant vers moi J'aimais la ligne tournante des algues Tu vois je vous savais déjà
J'aimais courir jusqu'à tomber J'aimais la nuit jusqu'au matin Je n'aimais rien non j'ai adoré Tu vois je vous aimais déjà
J'aimais l'été pour ses orages Et pour la foudre sur le toit J'aimais l'éclair sur ton visage Tu vois je vous brûlais déjà
J'aimais la pluie noyant l'espace Au long des brumes du pays plat J'aimais la brume que le vent chasse Tu vois je vous pleurais déjà
J'aimais la vigne et le houblon Les villes du Nord les laides de nuit Les fleuves profonds m'appelant au lit Tu vois je vous oubliais déjà

J'arrive

Paroles et Musique: Jacques Brel 1968

autres interprètes: Juliette Gréco (1970)

De chrysanthèmes en chrysanthèmes Nos amitiés sont en partance De chrysanthèmes en chrysanthèmes La mort potence nos dulcinées De chrysanthèmes en chrysanthèmes Les autres fleurs font ce qu'elles peuvent De chrysanthèmes en chrysanthèmes Les hommes pleurent, les femmes pleuvent
J'arrive, j'arrive Mais qu'est-ce que j'aurais bien aimé Encore une fois traîner mes os Jusqu'au soleil jusqu'à l'été Jusqu’au printemps, jusqu’à demain J'arrive, j'arrive Mais qu'est-ce que j'aurais bien aimé Encore une fois voir si le fleuve Est encore fleuve, voir si le port Est encore port, m'y voir encore J'arrive, j'arrive Mais pourquoi moi, pourquoi maintenant Pourquoi déjà et où aller? J'arrive bien sûr, j'arrive N'ai-je jamais rien fait d'autre qu'arriver?
De chrysanthèmes en chrysanthèmes A chaque fois plus solitaire De chrysanthèmes en chrysanthèmes A chaque fois surnuméraire J'arrive, j'arrive Mais qu'est-ce que j'aurais bien aimé Encore une fois prendre un amour Comme on prend le train pour plus être seul Pour être ailleurs pour être bien J'arrive, j'arrive Mais qu'est-ce que j'aurais bien aimé Encore une fois remplir d'étoiles Un corps qui tremble et tomber mort Brûlé d'amour le cœur en cendres J'arrive, j'arrive C'est même pas toi qui es en avance C'est déjà moi qui suis en r'tard J'arrive, bien sûr j'arrive N'ai-je jamais rien fait d'autre qu'arriver?

J'en appelle

Paroles et Musique: Jacques Brel 1957

J'en appelle aux maisons écrasées de lumière J'en appelle aux amours que chantent les rivières A l'éclatement bleu des matins de printemps A la force jolie des filles qui ont vingt ans A la fraîcheur certaine d'un vieux puits de désert A l'étoile qu'attend le vieil homme qui se perd Pour que monte de nous et plus fort qu'un désir Le désir incroyable de se vouloir construire En se désirant faible et plutôt qu'orgueilleux En se désirant lâche plutôt que monstrueux
J'en appelle à ton rire que tu croques au soleil J'en appelle à ton cri à nul autre pareil Au silence joyeux qui parle doucement A ces mots que l'on dit rien qu'en se regardant A la pesante main de notre amour sincère A nos vingt ans trouvés à tout ce qu'ils espèrent Pour que monte de nous et plus fort qu'un désir Le désir incroyable de se vouloir construire En préférant plutôt que la gloire inutile Et le bonheur profond et puis la joie tranquille
J'en appelle aux maisons écrasées de lumière J'en appelle à ton cri à nul autre pareil

Jaurès

Paroles et Musique: Jacques Brel 1977

Ils étaient usés à quinze ans Ils finissaient en débutant Les douze mois s'appelaient décembre Quelle vie ont eu nos grand-parents Entre l'absinthe et les grand-messes Ils étaient vieux avant que d'être Quinze heures par jour le corps en laisse Laissent au visage un teint de cendres Oui notre Monsieur, oui notre bon Maître
Pourquoi ont-ils tué Jaurès? Pourquoi ont-ils tué Jaurès?
On ne peut pas dire qu'ils furent esclaves De là à dire qu'ils ont vécu Lorsque l'on part aussi vaincu C'est dur de sortir de l'enclave Et pourtant l'espoir fleurissait Dans les rêves qui montaient aux cieux Des quelques ceux qui refusaient De ramper jusqu'à la vieillesse Oui notre bon Maître, oui notre Monsieur
Pourquoi ont-ils tué Jaurès? Pourquoi ont-ils tué Jaurès?
Si par malheur ils survivaient C'était pour partir à la guerre C'était pour finir à la guerre Aux ordres de quelque sabreur Qui exigeait du bout des lèvres Qu'ils aillent ouvrir au champ d'horreur Leurs vingt ans qui n'avaient pu naître Et ils mouraient à pleine peur Tout miséreux oui notre bon Maître Couverts de prèles oui notre Monsieur Demandez-vous belle jeunesse Le temps de l'ombre d'un souvenir Le temps de souffle d'un soupir
Pourquoi ont-ils tué Jaurès? Pourquoi ont-ils tué Jaurès?

Je ne sais pas

Paroles et Musique: Jacques Brel 1958

autres interprètes: Isabelle Aubret (1975)

Je ne sais pas pourquoi la pluie Quitte là-haut ses oripeaux Que sont les lourds nuages gris Pour se coucher sur nos coteaux Je ne sais pas pourquoi le vent S'amuse dans les matins clairs A colporter les rires d'enfants Carillons frêles de l'hiver Je ne sais rien de tout cela Mais je sais que je t'aime encore
Je ne sais pas pourquoi la route Qui me pousse vers la cité A l'odeur fade des déroutes De peuplier en peuplier Je ne sais pas pourquoi le voile Du brouillard glacé qui m'escorte Me fait penser aux cathédrales Où l'on prie pour les amours mortes Je ne sais rien de tout cela Mais je sais que je t'aime encore