"Je ne sais pas si j'aimais cette dame
.. Mais je sais bien
Que, pour avoir un regard de son âme
Moi, pauvre chien
J'aurais gaîment passé dix ans au bagne
.. Sous les verrous…
Le vent qui vient à travers la montagne
.. Me rendra fou."
"Quand je voyais cette enfant, moi le pâtre
.. De ce canton
Je croyais voir la belle Cléopâtre
.. Qui, nous dit-on
Menait César, empereur d'Allemagne
.. Par le licou…
Le vent qui vient à travers la montagne
.. Me rendra fou."
"Dansez, chantez, villageois, la nuit tombe
.. Sabine, un jour
A tout vendu, sa beauté de colombe
.. Tout son amour
Pour l'anneau d'or du comte de Saldagne
.. Pour un bijou…
Le vent qui vient à travers la montagne
.. M'a rendu fou."
Germaine Tourangelle
Paroles: Paul Fort. Musique: Georges Brassens
Cette gerbe est pour vous Manon des jours heureux,
Pour vous cette autre, eh! oui, Jeanne des soirs troublants.
Plus souple vers l'azur et déchiré des Sylphes,
Voilà tout un bouquet de roses pour Thérèse.
Où donc est-il son fin petit nez qui renifle?
Au paradis? eh! non, cendre au Père-Lachaise.
Plus haut, cet arbre d'eau qui rechute pleureur,
En saule d'Orphélie, est pour vous, Amélie.
Et pour vous ma douceur, ma douleur, ma folie!
Germaine Tourangelle, ô vous la plus jolie.
Le fluide arc-en-ciel s'égrenant sur mon cœur.
Grand-père
Paroles: Georges Brassens. Musique: Georges Brassens 1957
Grand-pèr' suivait en chantant
La route qui mène à cent ans
La mort lui fit, au coin d'un bois
L'coup du pèr' François
L'avait donné de son vivant
Tant de bonheur à ses enfants
Qu'on fit, pour lui en savoir gré
Tout pour l'enterrer
Et l'on courut à toutes jam-
Bes quérir une bière, mais
Comme on était légers d'argent
Le marchand nous reçut à bras fermés
" Chez l'épicier, pas d'argent, pas d'épices
Chez la belle Suzon, pas d'argent, pas de cuisse
Les morts de basse condition
C'est pas de ma juridiction "
Or, j'avais hérité d'grand-père
Un' pair' de bott's pointues
S'il y a des coups d'pied que'que part qui s'perdent
Çui-là toucha son but
C'est depuis ce temps-là que le bon apôtre,
Ah! c'est pas joli…
Ah! c'est pas poli…
A un' fess' qui dit merde à l'autre
Bon papa
Ne t'en fais pas
Nous en viendrons
A bout de tous ces empêcheurs d'enterrer en rond
Le mieux à faire et le plus court
Pour qu'l'enterr'ment suivît son cours
Fut de borner nos prétentions
A un' bièr' d'occasion
Contre un pot de miel on acquit
Les quatre planches d'un mort qui
Rêvait d'offrir quelques douceurs
A une âme sœur
Et l'on courut à toutes jam-
Bes quérir un corbillard, mais
Comme on était légers d'argent
Le marchand nous reçut à bras fermés
" Chez l'épicier, pas d'argent, pas d'épices
Chez la belle Suzon, pas d'argent, pas de cuisse
Les morts de basse condition
C'est pas de ma juridiction "
Ma bott' partit, mais je m'refuse
De dir' vers quel endroit
Ça rendrait les dames confuses
Et je n'en ai pas le droit
C'est depuis ce temps-là que le bon apôtre
Ah! c'est pas joli…
Ah! c'est pas poli…
A un' fess' qui dit merde à l'autre
Bon papa
Ne t'en fais pas
Nous en viendrons
A bout de tous ces empêcheurs d'enterrer en rond
Le mieux à faire et le plus court
Pour qu'l'enterr'ment suivît son cours
Fut de porter sur notre dos
L'funèbre fardeau.
S'il eût pu revivre un instant
Grand-père aurait été content
D'aller à sa dernièr' demeur'
Comme un empereur
Et l'on courut à toutes jam-
Bes quérir un goupillon, mais
Comme on était légers d'argent
Le vicaire nous reçut à bras fermés
" Chez l'épicier, pas d'argent, pas d'épices
Chez la belle Suzon, pas d'argent, pas de cuisse
Les morts de basse condition
C'est pas de ma bénédiction "
Avant même que le vicaire
Ait pu lâcher un cri
J'lui bottai l'cul au nom du Pèr'
Du Fils et du Saint-Esprit
C'est depuis ce temps-là que le bon apôtre
Ah! c'est pas joli…
Ah! c'est pas poli…
A un' fess' qui dit merde à l'autre
Bon papa
Ne t'en fais pas
Nous en viendrons
A bout de tous ces empêcheurs d'enterrer en rond
Hécatombe
Paroles: Georges Brassens. Musique: Georges Brassens 1955
Au marché de Briv'-la-Gaillarde
A propos de bottes d'oignons
Quelques douzaines de gaillardes
Se crêpaient un jour le chignon
A pied, à cheval, en voiture
Les gendarmes mal inspirés
Vinrent pour tenter l'aventure
D'interrompre l'échauffourée
Or, sous tous les cieux sans vergogne
C'est un usag' bien établi
Dès qu'il s'agit d'rosser les cognes
Tout le monde se réconcilie
Ces furies perdant tout' mesure
Se ruèrent sur les guignols
Et donnèrent je vous l'assure
Un spectacle assez croquignol
En voyant ces braves pandores
Etre à deux doigts de succomber
Moi, j'bichais car je les adore
Sous la forme de macchabées
De la mansarde où je réside
J'exitais les farouches bras
Des mégères gendarmicides
En criant: "Hip, hip, hip, hourra!"
Frénétiqu' l'un' d'elles attache
Le vieux maréchal des logis
Et lui fait crier: "Mort aux vaches,
Mort aux lois, vive l'anarchie!"
Une autre fourre avec rudesse
Le crâne d'un de ses lourdauds
Entre ses gigantesques fesses
Qu'elle serre comme un étau
La plus grasse de ses femelles
Ouvrant son corsage dilaté
Matraque à grand coup de mamelles
Ceux qui passent à sa portée
Ils tombent, tombent, tombent, tombent
Et s'lon les avis compétents
Il paraît que cette hécatombe
Fut la plus bell' de tous les temps