autres interprètes: Bernard Lavalette
Un chien caniche à l'œil coquin,
Qui venait de chez son béguin,
Tortillant de la croupe et claquetant de la semelle,
Descendait, en s' poussant du col,
Le boulevard de Sébastopol,
Tortillant de la croupe et redoublant le pas.
Une midinette en repos,
Se plut à suivre le cabot,
Tortillant de la croupe et claquetant de la semelle,
Sans voir que son corps magnétique
Entraînait un jeune loustic,
Tortillant de la croupe et redoublant le pas.
Or, l'amante de celui-ci
Jalouse le suivait aussi,
Tortillant de la croupe et claquetant de la semelle,.
Et l' vieux mari de celle-là,
Le talonnait de ses pieds plats,
Tortillant de la croupe et redoublant le pas.
Un dur balafré courait sus
Au vieux qu'il prenait pour Crésus,
Tortillant de la croupe et claquetant de la semelle,
Et derrière le dur balafré
Marchait un flic à pas feutrés,
Tortillant de la croupe et redoublant le pas.
Et tous, cabot, trottin, loustic,
Epouse, époux, et dur et flic,
Tortillant de la croupe et claquetant de la semelle,
Descendaient à la queue leu leu
Le long boulevard si populeux,
Tortillant de la croupe et redoublant le pas.
Voilà que l'animal, soudain,
Profane les pieds du trottin,
Tortillant de la croupe et claquetant de la semelle,
Furieus' ell' flanque avec ferveur
Un' pair' de gifles à son suiveur,
Tortillant de la croupe et redoublant le pas.
Celui-ci la tête à l'envers
Voit la jalous' l'œil grand ouvert,
Tortillant de la croupe et claquetant de la semelle,
Et l'abreuv' d'injur's bien senties,
Que j'vous dirai à la sortie,
Tortillant de la croupe et redoublant le pas.
Derrièr' arrivait le mari,
Ce fut à lui qu'elle s'en prit,
Tortillant de la croupe et claquetant de la semelle,
En le traitant d'un' voix aiguë
De tambour-major des cocus.
Tortillant de la croupe et redoublant le pas.
Le mari rebroussant chemin
Voit le dur et lui dit "gamin",
Tortillant de la croupe et claquetant de la semelle,
C'est trop tard pour me détrousser,
Ma femme vous a devancé,
Tortillant de la croupe et redoublant le pas.
Le dur vexé de fair' chou blanc
Dégaine un couteau rutilant,
Tortillant de la croupe et claquetant de la semelle,
Qu'il plante à la joie du public,
A travers la carcass' du flic,
Tortillant de la croupe et redoublant le pas.
Et tous, bandit, couple, loustic,
Trottin, cabot, tous, sauf le flic,
Tortillant de la croupe et claquetant de la semelle,
Suivir'nt à la queue leu leu
L'enterrement du flic parbleu,
Tortillant de la croupe et redoublant le pas. {2x}
La fille à cent sous
Paroles: Georges Brassens. Musique: Georges Brassens 1961
Du temps que je vivais dans le troisièm' dessous
Ivrogne, immonde, infâme
Un plus soûlaud que moi, contre un' pièc' de cent sous
M'avait vendu sa femme
Quand je l'eus mise au lit, quand j'voulus l'étrenner
Quand j'fis voler sa jupe
Il m'apparut alors qu'j'avais été berné
Dans un marché de dupe
" Remball' tes os, ma mie, et garde tes appas
Tu es bien trop maigrelette
Je suis un bon vivant, ça n'me concerne pas
D'étreindre des squelettes
Retourne à ton mari, qu'il garde les cent sous
J'n'en fais pas une affaire "
Mais ell' me répondit, le regard en dessous
" C'est vous que je préfère
J'suis pas bien gross', fit-ell', d'une voix qui se noue
Mais ce n'est pas ma faute "
Alors, moi, tout ému, j'la pris sur mes genoux
Pour lui compter les côtes
" Toi qu'j'ai payé cent sous, dis-moi quel est ton nom
Ton p'tit nom de baptême?
– Je m'appelle Ninette. – Eh bien, pauvre Ninon
Console-toi, je t'aime "
Et ce brave sac d'os dont j'n'avais pas voulu
Même pour une thune
M'est entré dans le cœur et n'en sortirait plus
Pour toute une fortune
Du temps que je vivais dans le troisièm' dessous,
Ivrogne, immonde, infâme
Un plus soûlaud que moi, contre un' pièc' de cent sous
M'avait vendu sa femme
La guerre
Paroles: Georges Brassens. Musique: Georges Brassens 1957
A voir le succès que se taille
Le moindre récit de bataille,
On pourrait en déduire que
Les braves gens sont belliqueux.
{
La guerre,
C'est sûr,
La faire,
C'est dur,
Coquin de sort!
Mais quelle
Bell' fête,
Lorsqu'elle
Est faite,
Et qu'on s'en sort!
C'est un sacré frisson que donne
Au ciné, le canon qui tonne.
Il était sans nul doute d'un
Autre genre autour de Verdun.
Bien qu'on n'ait pas la tête épique
Au pays de France, on se pique
D'art martial, on se repaît
De stratégie en temps de paix.
"Allons enfants de la patrie",
A tue-tête, on le chante et crie.
Qu'on nous dise: "Faut y aller!",
On est dans nos petits souliers.
C'est beau, les marches militaires,
Ça nous fait battre les artères.
On semble un peu moins fanfaron,
Sitôt qu'on approche du front.
Les uniformes et les bottes,
Les tuniques et les capotes,
C'est à la mode, on les enfile
Très volontiers dans le civil…
A voir le succès que se taille
Le moindre récit de bataille
On pourrait en déduire que
Les braves gens sont belliqueux.
La guerre de 14-18
Paroles et Musique: Georges Brassens 1962
Depuis que l'homme écrit l'Histoire
Depuis qu'il bataille à cœur joie
Entre mille et une guerr' notoires
Si j'étais t'nu de faire un choix
A l'encontre du vieil Homère
Je déclarerais tout de suite:
"Moi, mon colon, cell' que j'préfère,
C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit!"
Est-ce à dire que je méprise
Les nobles guerres de jadis
Que je m'soucie comm' d'un'cerise
De celle de soixante-dix?
Au contrair', je la révère
Et lui donne un satisfecit
Mais, mon colon, celle que j'préfère
C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit