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Paroles: Georges Brassens. Musique: Georges Brassens 1954

J'ai tout oublié des campagnes D'Austerlitz et de Waterloo D'Italie, de Prusse et d'Espagne De Pontoise et de Landernau
Jamais de la vie On ne l'oubliera La première fille Qu'on a pris dans ses bras La première étrangère A qui l'on a dit "tu" Mon cœur, t'en souviens-tu? Comme ell' nous était chère Qu'ell' soit fille honnête Ou fille de rien Qu'elle soit pucelle Ou qu'elle soit putain On se souvient d'elle On s'en souviendra D'la premièr' fill' Qu'on a pris dans ses bras
Ils sont partis à tire-d'aile Mes souvenirs de la Suzon Et ma mémoire est infidèle A Julie, Rosette ou Lison
Jamais de la vie On ne l'oubliera La première fille Qu'on a pris dans ses bras C'était une bonne affaire Mon cœur, t'en souviens-tu? J'ai changé ma vertu Contre une primevère Qu'ce soit en grand' pompe Comme les gens "bien" Ou bien dans la rue Comm' les pauvr's et les chiens On se souvient d'elle On s'en souviendra D'la premièr' fill' Qu'on a pris dans ses bras
Toi qui m'a donné le baptême D'amour et de septième ciel Moi, je te garde et, moi, je t'aime Dernier cadeau du Pèr' Noël
Jamais de la vie On ne l'oubliera La première fille Qu'on a pris dans ses bras On a beau fair' le brave Quand elle s'est mise nue Mon cœur, t'en souviens-tu? On n'en menait pas large Bien d'autres, sans doute Depuis sont venues Oui, mais, entre tout's Cell's qu'on a connues Elle est la dernière Que l'on oubliera La premièr' fill' Qu'on a pris dans ses bras

La prière

Paroles: Poème de Francis Jammes. Musique: Georges Brassens 1955 "Georges Brassens et sa guitare no.3"

autres interprètes: Frida Boccara, Hugues Aufray (1970), Damien Saez (2001)

Par le petit garçon qui meurt près de sa mère Tandis que des enfants s'amusent au parterre Et par l'oiseau blessé qui ne sait pas comment Son aile tout à coup s'ensanglante et descend Par la soif et la faim et le délire ardent Je vous salue, Marie.
Par les gosses battus, par l'ivrogne qui rentre Par l'âne qui reçoit des coups de pied au ventre Et par l'humiliation de l'innocent châtié Par la vierge vendue qu'on a déshabillée Par le fils dont la mère a été insultée Je vous salue, Marie.
Par la vieille qui, trébuchant sous trop de poids S'écrie: " Mon Dieu! " par le malheureux dont les bras Ne purent s'appuyer sur une amour humaine Comme la Croix du Fils sur Simon de Cyrène Par le cheval tombé sous le chariot qu'il traîne Je vous salue, Marie.
Par les quatre horizons qui crucifient le monde Par tous ceux dont la chair se déchire ou succombe Par ceux qui sont sans pieds, par ceux qui sont sans mains Par le malade que l'on opère et qui geint Et par le juste mis au rang des assassins Je vous salue, Marie.
Par la mère apprenant que son fils est guéri Par l'oiseau rappelant l'oiseau tombé du nid Par l'herbe qui a soif et recueille l'ondée Par le baiser perdu par l'amour redonné Et par le mendiant retrouvant sa monnaie Je vous salue, Marie.

La princesse et le croque-notes

Paroles et Musique: Georges Brassens

autres interprètes: Michel Rivard

Jadis, au lieu du jardin que voici, C'etait la zone et tout ce qui s'ensuit, Des masures des taudis insolites, Des ruines pas romaines pour un sou. Quant à la faune habitant la dessous C'etait la fine fleur c'etait l'élite.
La fine fleur, l'élite du pavé. Des besogneux des gueux des réprouvés, Des mendiants rivalisant de tares, Des chevaux de retour des propres à rien, Ainsi qu'un croque-note, un musicien, Une épave accrochée à sa guitare.
Adoptée par ce beau monde attendri, Une petite fée avait fleuri Au milieu de toute cette bassesse. Comme on l'avait trouvée pres du ruisseau, Abandonnée en un somptueux berceau, A tout hasard on l'appelait "princesse".
Or, un soir, Dieu du ciel, protégez nous! La voila qui monte sur les genoux Du croque-note et doucement soupire, En rougissant quand meme un petit peu: "C'est toi que j'aime et si tu veux tu peux M'embrasser sur la bouche et même pire…"
"- Tout beau, princesse arrete un peu ton tir, J'ai pas tellement l'étoffe du satyr', Tu a treize ans,j'en ai trente qui sonnent, Grosse différence et je ne suis pas chaud Pour tater d'la paille humide du cachot… – Mais croque-not',j'dirais rien à personne…"
– N'insiste pas fit-il d'un ton railleur, D'abord tu n'es pas mon genre et d'ailleurs Mon cœur est dejà pris par une grande…" Alors princesse est partie en courant, Alors princesse est partie en pleurant, Chagrine qu'on ait boudé son offrande.
Y a pas eu détournement de mineure, Le croque-note au matin, de bonne heure, A l'anglaise a filé dans la charette Des chiffonniers en grattant sa guitare. Passant par là quelques vingt ans plus tard, Il a le sentiment qu'il le regrette.

La religieuse

Paroles et Musique: Georges Brassens 1969

Tous les cœurs se rallient à sa blanche cornette, Si le chrétien succombe à son charme insidieux, Le païen le plus sûr, l'athé' le plus honnête Se laisseraient aller parfois à croire en Dieu. Et les enfants de chœur font tinter leur sonnette…
Il paraît que, dessous sa cornette fatale Qu'elle arbore à la messe avec tant de rigueur, Cette petite sœur cache, c'est un scandale! Une queu' de cheval et des accroche-cœurs. Et les enfants de chœur s'agitent dans les stalles…
Il paraît que, dessous son gros habit de bure, Elle porte coquettement des bas de soi', Festons, frivolités, fanfreluches, guipures, Enfin tout ce qu'il faut pour que le diable y soit. Et les enfants de chœur ont des pensées impures…