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Il paraît que le soir, en voici bien d'une autre! A l'heure où ses consœurs sont sagement couché's Ou débitent pieusement des patenôtres, Elle se déshabille devant sa psyché. Et les enfants de chœur ont la fièvre, les pauvres…
Il paraît qu'à loisir elle se mire nue, De face, de profil, et même, hélas! de dos, Après avoir, sans gêne, accroché sa tenue Aux branches de la croix comme au portemanteau. Chez les enfants de chœur le malin s'insinue…
Il paraît que, levant au ciel un œil complice, Ell' dit: "Bravo, Seigneur, c'est du joli travail! " Puis qu'elle ajoute avec encor plus de malice: "La cambrure des reins, ça, c'est une trouvaille! " Et les enfants de chœur souffrent un vrai supplice…
Il paraît qu'à minuit, bonne mère, c'est pire: On entend se mêler, dans d'étranges accords, La voix énamouré' des anges qui soupirent Et celle de la sœur criant " Encor! Encor! " Et les enfants de chœur, les malheureux, transpirent…
Et monsieur le curé, que ces bruits turlupinent, Se dit avec raison que le brave Jésus Avec sa tête, hélas! déjà chargé' d'épines, N'a certes pas besoin d'autre chose dessus. Et les enfants de chœur, branlant du chef, opinent…
Tout ça, c'est des faux bruits, des ragots, des sornettes, De basses calomni's par Satan répandu's. Pas plus d'accroche-cœurs sous la blanche cornette Que de queu' de cheval, mais un crâne tondu. Et les enfants de chœur en font, une binette…
Pas de troubles penchants dans ce cœur rigoriste, Sous cet austère habit pas de rubans suspects. On ne verra jamais la corne au front du Christ, Le veinard sur sa croix peut s'endormir en paix, Et les enfants de chœur se masturber, tout tristes…

La romance de la pluie

Paroles: A.Hornez. Musique: J.Stern, J.Meskiel

J'adore entendre le gai flic-flac, Le son joyeux de la goutte d'eau Qui tombe et qui claqu', Ce clapotis qu'en pizzicato Font les petit's flaqu's, C'est la romance de la pluie…
Si quand il pleut mon cour fait tic-tac, C'est que le jour où je t'ai connu L'eau tombait en vrac Aussi depuis j'ai mieux retenu Qu'un air d'Offenbach Cette romance de la pluie…
Quand elle nous arrose La rose fleurit Donc, moi je suppose Qu'elle fait s'épanouir notre amour aussi
Voilà pourquoi j'aime le flic-clac Le son joyeux de la goutte d'eau Qui tombe et qui claqu' Puisque mon cour fait comme un duo Avec le tic-tac De la romance de la pluie…

La ronde des jurons

Paroles: Georges Brassens. Musique: Georges Brassens 1958

Voici la ron- de des jurons Qui chantaient clair, qui dansaient rond Quand les Gaulois De bon aloi Du franc-parler suivaient la loi Jurant par-là Jurant par-ci Jurant à langue raccourcie Comme des grains de chapelet Les joyeux jurons défilaient
Tous les morbleus, tous les ventrebleus Les sacrebleus et les cornegidouilles Ainsi, parbleu, que les jarnibleus Et les palsambleus Tous les cristis, les ventres saint-gris Les par ma barbe et les noms d'une pipe Ainsi, pardi, que les sapristis Et les sacristis Sans oublier les jarnicotons Les scrogneugneus et les bigr's et les bougr's Les saperlottes, les cré nom de nom Les pestes, et pouah, diantre, fichtre et foutre Tous les Bon Dieu Tous les vertudieux Tonnerr' de Brest et saperlipopette Ainsi, pardieu, que les jarnidieux Et les pasquedieux
Quelle pitié Les charretiers Ont un langage châtié Les harengères Et les mégères Ne parlent plus à la légère Le vieux catéchisme poissard N'a guèr' plus cours chez les hussards Ils ont vécu, de profundis Les joyeux jurons de jadis
Tous les morbleus, tous les ventrebleus Les sacrebleus et les cornegidouilles Ainsi, parbleu, que les jarnibleus Et les palsambleus Tous les cristis, les ventres saint-gris Les par ma barbe et les noms d'une pipe Ainsi, pardi, que les sapristis Et les sacristis Sans oublier les jarnicotons Les scrogneugneus et les bigr's et les bougr's Les saperlottes, les cré nom de nom Les pestes, et pouah, diantre, fichtre et foutre Tous les Bon Dieu Tous les vertudieux Tonnerr' de Brest et saperlipopette Ainsi, pardieu, que les jarnidieux Et les pasquedieux

La rose, la bouteille et la poignée de main

Paroles et Musique: Georges Brassens 1969

Cette rose avait glissé de La gerbe qu'un héros gâteux Portait au monument aux Morts.
Comme tous les gens levaient leurs Yeux pour voir hisser les couleurs, Je la recueillis sans remords.
Et je repris ma route et m'en allai quérir, Au p'tit bonheur la chance, un corsage à fleurir. Car c'est une des pir's perversions qui soient Que de garder une rose par-devers soi.
La première à qui je l'offris Tourna la tête avec mépris, La deuxième s'enfuit et court Encore en criant "Au secours! "
Si la troisième m'a donné Un coup d'ombrelle sur le nez, La quatrième, c'est plus méchant, Se mit en quête d'un agent.
Car, aujourd'hui, c'est saugrenu, Sans être louche, on ne peut pas Fleurir de belles inconnu's.
On est tombé bien bas, bien bas…
Et ce pauvre petit bouton De rose a fleuri le veston D'un vague chien de commissaire, Quelle misère! Cette bouteille était tombé' De la soutane d'un abbé Sortant de la messe ivre mort.
Une bouteille de vin fin Millésimé, béni, divin, Je la recueillis sans remords.
Et je repris ma route en cherchant, plein d'espoir, Un brave gosier sec pour m'aider à la boire. Car c'est une des pir's perversions qui soient Que de garder du vin béni par-devers soi.
Le premier refusa mon verre En me lorgnant d'un œil sévère, Le deuxième m'a dit, railleur, De m'en aller cuver ailleurs.