Выбрать главу
Bonhomme sais-tu pas Qu'il existe là-bas, Derrière tes montagnes, Des pays merveilleux, Des pays de cocagne
Et l'homme répondit: "Je le sais bien, pardi, Mais le diable m'emporte Si je m'en vais chercher Au diable ce que j'ai Juste devant ma porte."
Je n'ai vu qu'un village, un seul, mais je l'ai vu, Et ses quatre maisons ont su combler ma vue, Et ce tout petit bout de monde me suffit: Pour connaître une rue, il faut toute une vie. Si l'envie vous prenait de tirer le canon, Soyez gentil, ne tirez pas sur mon village.
Il n'avait jamais embrassé Personne que sa fiancée. C'était le fidèle absolu, L'homme d'un seul amour, pas plus.
Et les globe-trotters, Et les explorateurs, Friands de bagatelle, Regardaient étonnés Ce bonhomme enchaîné A son bout de dentelle.
Bonhomme sais-tu pas Qu'il existe là-bas Des beautés par séquelles, Et qu'on peut sans ennui Connaître mille nuits De noces avec elles?
Et l'homme répondit: "Je le sais bien, pardi, Mais le diable m'emporte Si je m'en vais chercher Loin d'ici ce que j'ai Juste devant ma porte."
Je n'ai vu qu'un amour, un seul, mais je l'ai vu, Et ce grain de beauté a su combler ma vue, Et ce tout petit bout de Vénus me suffit: Pour connaître une femme, il faut toute une vie. Si l'envie vous prenait de courir les jupons, Soyez gentil, ne courez pas après ma belle.

Le fossoyeur

Paroles: Georges Brassens. Musique: Georges Brassens 1952

Dieu sait qu'je n'ai pas le fond méchant Je ne souhait' jamais la mort des gens Mais si l'on ne mourait plus J'crèv'rais de faim sur mon talus
J'suis un pauvre fossoyeur
Les vivants croient qu'je n'ai pas d'remords A gagner mon pain sur l'dos des morts Mais ça m'tracasse et d'ailleurs J'les enterre à contrecœur
J'suis un pauvre fossoyeur
Et plus j'lâch' la bride à mon émoi Et plus les copains s'amus'nt de moi Y m'dis'nt: " Mon vieux, par moments T'as un' figur' d'enterr'ment"
J'suis un pauvre fossoyeur
J'ai beau m'dir' que rien n'est éternel J'peux pas trouver ça tout naturel Et jamais je ne parviens A prendr' la mort comme ell' vient
J'suis un pauvre fossoyeur
Ni vu ni connu, brav' mort adieu! Si du fond d'la terre on voit l'Bon Dieu Dis-lui l'mal que m'a coûté La dernière pelletée
J'suis un pauvre fossoyeur

Le gorille

Paroles et Musique: Georges Brassens 1952

autres interprètes: Francis Cabrel (2007)

C'est à travers de larges grilles, Que les femelles du canton, Contemplaient un puissant gorille, Sans souci du qu'en-dira-t-on. Avec impudeur, ces commères Lorgnaient même un endroit précis Que, rigoureusement ma mère M'a défendu de nommer ici… Gare au gorille!…
Tout à coup la prison bien close Où vivait le bel animal S'ouvre, on n'sait pourquoi. Je suppose Qu'on avait du la fermer mal. Le singe, en sortant de sa cage Dit "C'est aujourd'hui que j'le perds!" Il parlait de son pucelage, Vous aviez deviné, j'espère! Gare au gorille!…
L'patron de la ménagerie Criait, éperdu: "Nom de nom! C'est assommant car le gorille N'a jamais connu de guenon!" Dès que la féminine engeance Sut que le singe était puceau, Au lieu de profiter de la chance, Elle fit feu des deux fuseaux! Gare au gorille!…
Celles là même qui, naguère, Le couvaient d'un œil décidé, Fuirent, prouvant qu'elles n'avaient guère De la suite dans les idées; D'autant plus vaine était leur crainte, Que le gorille est un luron Supérieur à l'homme dans l'étreinte, Bien des femmes vous le diront! Gare au gorille!…
Tout le monde se précipite Hors d'atteinte du singe en rut, Sauf une vielle décrépite Et un jeune juge en bois brut; Voyant que toutes se dérobent, Le quadrumane accéléra Son dandinement vers les robes De la vieille et du magistrat! Gare au gorille!…
"Bah! soupirait la centenaire, Qu'on puisse encore me désirer, Ce serait extraordinaire, Et, pour tout dire, inespéré!"; Le juge pensait, impassible, "Qu'on me prenne pour une guenon, C'est complètement impossible…" La suite lui prouva que non! Gare au gorille!…
Supposez que l'un de vous puisse être, Comme le singe, obligé de Violer un juge ou une ancêtre, Lequel choisirait-il des deux? Qu'une alternative pareille, Un de ces quatres jours, m'échoie, C'est, j'en suis convaincu, la vieille Qui sera l'objet de mon choix! Gare au gorille!…
Mais, par malheur, si le gorille Aux jeux de l'amour vaut son prix, On sait qu'en revanche il ne brille Ni par le goût, ni par l'esprit. Lors, au lieu d'opter pour la vieille, Comme l'aurait fait n'importe qui, Il saisit le juge à l'oreille Et l'entraîna dans un maquis! Gare au gorille!…
La suite serait délectable, Malheureusement, je ne peux Pas la dire, et c'est regrettable, Ça nous aurait fait rire un peu; Car le juge, au moment suprême, Criait: "Maman!", pleurait beaucoup, Comme l'homme auquel, le jour même, Il avait fait trancher le cou. Gare au gorille!…

Le grand chêne

Paroles: Georges Brassens 1966

Il vivait en dehors des chemins forestiers, Ce n'était nullement un arbre de métier, Il n'avait jamais vu l'ombre d'un bûcheron, Ce grand chêne fier sur son tronc.
Il eût connu des jours filés d'or et de soie Sans ses proches voisins, les pires gens qui soient; Des roseaux mal pensant, pas même des bambous, S'amusant à le mettre à bout.