La royne blanche comme lis
Qui chantoit a voix de seraine,
Berte au grand pié, Bietris, Alis
Haremburgis qui tient le Maine,
Et Jehanne la bonne Lorraine
Qu'Englois brûlèrent a Rouen;
Où sont ils, ou Vierge souveraine?
Mais où sont les neiges d'antan?
Où sont ils ou Vierge souveraine?
Mais où sont les neiges d'antan?
Prince, n'enquérez de sepmaine
Ou elles sont, ne de cest an,
Qu'a ce refrain ne vous remaine:
Mais ou sont les neiges d'antan?
Qu'a ce refrain en vous remaine;
Mais ou sont les neiges d'antan?
Bécassine
Paroles et Musique: Georges Brassens 1969
Un champ de blé prenait racine
Sous la coiffe de Bécassine,
Ceux qui cherchaient la toison d'or
Ailleurs avaient bigrement tort.
Tous les seigneurs du voisinage,
Les gros bonnets, grands personnages,
Rêvaient de joindre à leur blason
Une boucle de sa toison.
Un champ de blé prenait racine
Sous la coiffe de Bécassine.
C'est une espèce de robin,
N'ayant pas l'ombre d'un lopin,
Qu'elle laissa pendre, vainqueur,
Au bout de ses accroche-cœurs.
C'est une sorte de manant,
Un amoureux du tout-venant
Qui pourra chanter la chanson
Des blés d'or en toute saison
Et jusqu'à l'heure du trépas,
Si le diable s'en mêle pas.
Au fond des yeux de Bécassine
Deux pervenches prenaient racine,
Si belles que Sémiramis
Ne s'en est jamais bien remis'.
Et les grands noms à majuscules,
Les Cupidons à particules
Auraient cédé tous leurs acquêts
En échange de ce bouquet.
Au fond des yeux de Bécassine
Deux pervenches prenaient racine.
C'est une espèce de gredin,
N'ayant pas l'ombre d'un jardin,
Un soupirant de rien du tout
Qui lui fit faire les yeux doux.
C'est une sorte de manant,
Un amoureux du tout-venant
Qui pourra chanter la chanson
Des fleurs bleu's en toute saison
Et jusqu'à l'heure du trépas,
Si le diable s'en mêle pas.
A sa bouche, deux belles guignes,
Deux cerises tout à fait dignes,
Tout à fait dignes du panier
De madame de Sévigné.
Les hobereaux, les gentillâtres,
Tombés tous fous d'elle, idolâtres,
Auraient bien mis leur bourse à plat
Pour s'offrir ces deux guignes-là,
Tout à fait dignes du panier
De madame de Sévigné.
C'est une espèce d'étranger,
N'ayant pas l'ombre d'un verger,
Qui fit s'ouvrir, qui étrenna
Ses joli's lèvres incarnat.
C'est une sorte de manant,
Un amoureux du tout-venant
Qui pourra chanter la chanson
Du temps des ceris's en tout' saison
Et jusqu'à l'heure du trépas,
Si le diable s'en mêle pas.
C'est une sorte de manant,
Un amoureux du tout-venant
Qui pourra chanter la chanson
Du temps des ceris's en tout' saison
Et jusqu'à l'heure du trépas,
Si le diable s'en mêle pas.
Belleville-Ménilmontant
Paroles et Musique: Aristide Bruant 1885
autres interprètes: Yvette Guilbert (1893), Charlus (1903), Stello (1931), Germaine Montéro (1954), Anny Gould, Patachou, Marc Ogeret, Monique Morelli, Mistigri, Georges Brassens (1980)
note: Mise en page et ponctuation d'origine
Papa c'était un lapin
Qui s'app'lait J.-B. Chopin
Et qu'avait son domicile,
A Bell'ville;
L' soir, avec sa p'tit famille,
I' s' baladait, en chantant,
Des hauteurs de la Courtille,
A Ménilmontant.
I' buvait si peu qu'un soir
On l'a r'trouvé su'l' trottoir,
Il' tait crevé bien tranquille,
A Bell'ville;
On l'a mis dans d' la terr' glaise,
Pour un prix exorbitant,
Tout en haut du Pèr'- Lachaise,
A énilmontant.
Depuis c'est moi qu'est l' souteneur
Naturel à ma p'tit' sœur,
Qu'est l'ami' d' la p'tit' Cécile,
A Bell'ville;
Qu'est sout'nu' par son grand frère,
Qui s'appelle Eloi Constant,
Qui n'a jamais connu son père
A Ménilmontant.
Ma sœur est avec Eloi,
Dont la sœur est avec moi,
L'soir, su'l' boul'vard, ej' la r'file,
A Bell'ville;
Comm' ça j' gagn' pas mal de braise,
Mon beau-frère en gagne autant,
Pisqu'i r'fil' ma sœur Thérèse,
A Ménilmontant.
L' Dimanche, au lieu d'travailler,
J'mont' les môm' au poulailler,
Voir jouer l'drame ou l'vaud'ville,
A Belle'ville;
Le soir, on fait ses épates,
On étal' son culbutant
Minc' des g'noux et larg' des pattes,
A Ménilmontant.
C'est comm' ça qu' c'est l' vrai moyen
D'dev'nir un bon citoyen:
On grandit, sans s' fair' de bile,
A Bell'ville;
On cri':
Viv' l'Indépendance!
On a l' cœur bath et content,
Et l'on nag', dans l'abondance,
A Ménilmontant.
Bonhomme
Paroles: Georges Brassens. Musique: Georges Brassens 1958
Malgré la bise qui mord
La pauvre vieille de somme
Va ramasser du bois mort
Pour chauffer Bonhomme
Bonhomme qui va mourir
De mort naturelle
Mélancolique, elle va
A travers la forêt blême
Où jadis elle rêva
De celui qu'elle aime
Qu'elle aime et qui va mourir
De mort naturelle
Rien n'arrêtera le cours
De la vieille qui moissonne
Le bois mort de ses doigts gourds
Ni rien ni personne
Car Bonhomme va mourir
De mort naturelle
Non, rien ne l'arrêtera
Ni cette voix de malheur
Qui dit: " Quand tu rentreras
Chez toi, tout à l'heure
Bonhomm' sera déjà mort
De mort naturelle "
Ni cette autre et sombre voix
Montant du plus profond d'elle
Lui rappeler que, parfois
Il fut infidèle
Car Bonhomme, il va mourir
De mort naturelle