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Telle un' femm' de petit' vertu Elle arpentait le trottoir du Cimetière Aguichant les hommes en troussant Un peu plus haut qu'il n'est décent Son suaire
Oncle Archibald, d'un ton gouailleur Lui dit: " Va-t'en fair' pendre ailleurs Ton squelette Fi! des femelles décharnees! Vive les belles un tantinet Rondelettes! "
Lors, montant sur ses grands chevaux La Mort brandit la longue faux D'agronome Qu'elle serrait dans son linceul Et faucha d'un seul coup, d'un seul Le bonhomme
Comme il n'avait pas l'air content Elle lui dit: " Ça fait longtemps Que je t'aime Et notre hymen à tous les deux Etait prévu depuis le jour de Ton baptême
" Si tu te couches dans mes bras Alors la vie te semblera Plus facile Tu y seras hors de portée Des chiens, des loups, des homm's et des Imbéciles
" Nul n'y contestera tes droits Tu pourras crier "Vive le roi!" Sans intrigue Si l'envi' te prend de changer Tu pourras crier sans danger "Vive la Ligue!"
" Ton temps de dupe est révolu Personne ne se paiera plus Sur ta bête Les "Plaît-il, maître?" auront plus cours Plus jamais tu n'auras à cour- ber la tête"
Et mon oncle emboîta le pas De la belle, qui ne semblait pas Si féroce Et les voilà, bras d'ssus, bras d'ssous, Les voilà partis je n' sais où Fair' leurs noces
O vous, les arracheurs de dents Tous les cafards, les charlatans Les prophètes Comptez plus sur oncle Archibald Pour payer les violons du bal A vos fêtes

P… de toi

Paroles: Georges Brassens. Musique: Georges Brassens 1954

En ce temps-là, je vivais dans la lune Les bonheurs d'ici-bas m'étaient tous défendus Je semais des violettes et chantais pour des prunes Et tendais la patte aux chats perdus
R: Ah ah ah ah putain de toi Ah ah ah ah ah ah pauvre de moi
Un soir de pluie v'là qu'on gratte à ma porte Je m'empresse d'ouvrir, sans doute un nouveau chat Nom de dieu l'beau félin que l'orage m'apporte C'était toi, c'était toi, c'était toi
Les yeux fendus et couleur pistache T'as posé sur mon cœur ta patte de velours Fort heureus'ment pour moi t'avais pas de moustache Et ta vertu ne pesait pas trop lourd
Au quatre coins de ma vie de bohème T'as prom'né, t'as prom'né le feu de tes vingt ans Et pour moi, pour mes chats, pour mes fleurs, mes poèmes C'était toi la pluie et le beau temps
Mais le temps passe et fauche à l'aveuglette Notre amour mûrissait à peine que déjà Tu brûlais mes chansons, crachais sur mes viollettes Et faisais des misères à mes chats
Le comble enfin, misérable salope Comme il n'restait plus rien dans le garde-manger T'as couru sans vergogne, et pour une escalope Te jeter dans le lit du boucher
C'était fini, t'avais passé les bornes Et, r'nonçant aux amours frivoles d'ici-bas J'suis r'monté dans la lune en emportant mes cornes Mes chansons, et mes fleurs, et mes chats

Pauvre Martin

Paroles: Georges Brassens. Musique: Georges Brassens 1954

Avec une bêche à l'épaule, Avec, à la lèvre, un doux chant, Avec, à la lèvre, un doux chant, Avec, à l'âme, un grand courage, Il s'en allait trimer aux champs!
Pauvre Martin, pauvre misère, Creuse la terre, creuse le temps!
Pour gagner le pain de sa vie, De l'aurore jusqu'au couchant, De l'aurore jusqu'au couchant, Il s'en allait bêcher la terre En tous les lieux, par tous les temps!
Pauvre Martin, pauvre misère, Creuse la terre, creuse le temps!
Sans laisser voir, sur son visage, Ni l'air jaloux ni l'air méchant, Ni l'air jaloux ni l'air méchant, Il retournait le champ des autres, Toujours bêchant, toujours bêchant!
Pauvre Martin, pauvre misère, Creuse la terre, creuse le temps!
Et quand la mort lui a fait signe De labourer son dernier champ, De labourer son dernier champ, Il creusa lui-même sa tombe En faisant vite, en se cachant…
Pauvre Martin, pauvre misère, Creuse la terre, creuse le temps!
Il creusa lui-même sa tombe En faisant vite, en se cachant, En faisant vite, en se cachant, Et s'y étendit sans rien dire Pour ne pas déranger les gens…
Pauvre Martin, pauvre misère, Dors sous la terre, dors sous le temps!

Pénélope

Paroles: Georges Brassens. Musique: Georges Brassens 1960

Toi l'épouse modèle Le grillon du foyer Toi qui n'a point d'accrocs Dans ta robe de mariée Toi l'intraitable Pénélope En suivant ton petit Bonhomme de bonheur Ne berces-tu jamais En tout bien tout honneur De jolies pensées interlopes De jolies pensées interlopes…
Derrière tes rideaux Dans ton juste milieu En attendant l'retour D'un Ulysse de banlieue Penchée sur tes travaux de toile Les soirs de vague à l'âme Et de mélancolie N'as tu jamais en rêve Au ciel d'un autre lit Compté de nouvelles étoiles Compté de nouvelles étoiles…
N'as-tu jamais encore Appelé de tes vœux L'amourette qui passe Qui vous prend aux cheveux Qui vous compte des bagatelles Qui met la marguerite Au jardin potager La pomme défendue Aux branches du verger Et le désordre à vos dentelles Et le désordre à vos dentelles…
N'as-tu jamais souhaité De revoir en chemin Cet ange, ce démon Qui son arc à la main Décoche des flèches malignes Qui rend leur chair de femme Aux plus froides statues Les bascul' de leur socle Bouscule leur vertu Arrache leur feuille de vigne Arrache leur feuille de vigne…