Puisque vous partez en voyage
Puisque nous nous quittons ce soir
Mon cœur fait son apprentissage
Je veux sourire avec courage
Voyez j'ai posé vos bagages,
Marche avant, côté du couloir
Et pour les grands signaux d'usage
J'ai préparé mon grand mouchoir
Dans un instant le train démarre
Je resterai seul sur le quai
Et je vous verrai de la gare
Me dire adieu là-bas avec votre bouquet
Promettez-moi d'être bien sage
De penser à moi tous les jours
Et revenez dans notre cage
Où je guette votre retour.
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Voilà, je vous ai trouvé une bonne place dans un compartiment
où il y a une grosse dame et un vieux curé avec une barbe blanche.
Et puis je vous ai acheté deux livres…
Le premier, c'est la vie des saintes…
Et l'autre, c'est l'exemple de bienheureuse Ernestine…
Cela vous plaît?
Puisque vous partez en voyage
Vous m'avez promis ma chérie
De m'écrire quatorze pages
Tous les matins ou davantage
Pour que je voie votre visage
Baissez la vitre je vous prie
C'est affreux je perds tout courage
Soudain je déteste Paris
Le contrôleur crie: "En voiture"
Le cochon il sait pourtant bien
Que je dois rester, mais je jure
Que s'il le crie encore une fois, moi je viens
J'ai mon amour pour seul bagage
Et tout le reste je m'en fous
Puisque vous partez en voyage
Ma chérie… je pars avec vous.
Quatre-vingt-quinze fois sur cent
Paroles et Musique: Georges Brassens 1972
La femme qui possède tout en elle
Pour donner le goût des fêtes charnelles
La femme qui suscite en nous tant de passion brutale
La femme est avant tout sentimentale
Mais dans la main les longues promenades
Les fleurs, les billets doux, les sérénades
Les crimes, les folies que pour ses beaux yeux l'on commet
La transporte, mais…
{
Quatre-vingt-quinze fois sur cent
La femme s'emmerde en baisant
Qu'elle le taise ou qu'elle le confesse
C'est pas tous les jours qu'on lui déride les fesses
Les pauvres bougres convaincus
Du contraire sont des cocus
A l'heure de l'œuvre de chair
Elle est souvent triste, peu chère
S'il n'entend le cœur qui bat
Le corps non plus ne bronche pas
Sauf quand elle aime un homme avec tendresse
Toujours sensible alors à ses caresses
Toujours bien disposée, toujours encline à s'émouvoir
Ell' s'emmerd' sans s'en apercevoir
Ou quand elle a des besoins tyranniques
Qu'elle souffre de nymphomanie chronique
C'est ell' qui fait alors passer à ses adorateurs
De fichus quarts d'heure
{au Refrain}
Les "encore", les "c'est bon", les "continue"
Qu'ell' crie pour simuler qu'ell' monte aux nues
C'est pure charité, les soupirs des anges ne sont
En général que de pieux menson(ges)
C'est à seule fin que son partenaire
Se croie un amant extraordinaire
Que le coq imbécile et prétentieux perché dessus
Ne soit pas déçu
{au Refrain}
J'entends aller de bon train les commentaires
De ceux qui font des châteaux à Cythère
"C'est parce que tu n'es qu'un malhabile, un maladroit
Qu'elle conserve toujours son sang-froid"
Peut-être, mais les assauts vous pèsent
De ces petits m'as-tu-vu-quand-je-baise
Mesdam's, en vous laissant manger le plaisir sur le dos
Chantez in petto…
{au Refrain}
Rien à jeter
Paroles et Musique: Georges Brassens 1969
Sans ses cheveux qui volent
J'aurais, dorénavant,
Des difficultés folles
A voir d'où vient le vent.
Tout est bon chez elle, y a rien jeter,
Sur l'île déserte il faut tout emporter.
Je me demande comme
Subsister sans ses joues
M'offrant de belles pommes
Nouvelles chaque jour.
Tout est bon chez elle, y a rien jeter,
Sur l'île déserte il faut tout emporter.
Sans sa gorge, ma tète,
Dépourvu' de coussin,
Reposerais par terre
Et rien n'est plus malsain.
Tout est bon chez elle, y a rien jeter,
Sur l'île déserte il faut tout emporter.
Sans ses hanches solides
Comment faire, demain,
Si je perds l'équilibre,
Pour accrocher mes mains?
Tout est bon chez elle, y a rien jeter,
Sur l'île déserte il faut tout emporter.
Elle a mile autres choses
Précieuses encore
Mais, en spectacle, j'ose
Pas donner tout son corps.
Tout est bon chez elle, y a rien jeter,
Sur l'île déserte il faut tout emporter.
Des charmes de ma mie
J'en passe et des meilleurs.
Vos cours d'anatomie
Allez les prendre ailleurs.
Tout est bon chez elle, y a rien jeter,
Sur l'île déserte il faut tout emporter.
D'ailleurs, c'est sa faiblesse,
Elle tient ses os
Et jamais ne se laisse-
rait couper en morceaux.
Tout est bon chez elle, y a rien à jeter,
Sur l'île déserte il faut tout emporter.
Elle est quelque peu fière
Et chatouilleuse assez,
Et l'on doit tout entière
La prendre ou la laisser.
Tout est bon chez elle, y a rien jeter,
Sur l'île déserte il faut tout emporter.
Sale petit bonhomme
Paroles et Musique: Georges Brassens 1969
Sale petit bonhomme, il ne portait plus d'ailes,
Plus de bandeau sur l'œil et d'un huissier modèle,
Arborait les sombres habits
Dès qu'il avait connu le krach, la banqueroute
De nos affaires de cœur, il s'était mis en route
Pour recouvrer tout son fourbi.
Pas plus tôt descendu de sa noire calèche,
Il nous a dit: "je viens récupérer mes flèches
Maintenant pour vous superflu's. "
Sans une ombre de peine ou de mélancolie,
On l'a vu remballer la vaine panoplie
Des amoureux qui ne jouent plus.