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Avisant, oublié', la pauvre marguerite Qu'on avait effeuillé', jadis, selon le rite, Quand on s'aimait un peu, beaucoup, L'un après l'autre, en place, il remit les pétales; La veille encore, on aurait crié au scandale, On lui aurait tordu le cou.
Il brûla nos trophé's, il brûla nos reliques, Nos gages, nos portraits, nos lettres idylliques, Bien belle fut la part du feu. Et je n'ai pas bronché, pas eu la mort dans l'âme, Quand, avec tout le reste, il passa par les flammes Une boucle de vos cheveux.
Enfin, pour bien montrer qu'il faisait table rase, Il effaça du mur l'indélébile phrase: "Paul est épris de Virginie. " De Virgini', d'Hortense ou bien de Caroline, J'oubli' presque toujours le nom de l'héroïne Quand la comédie est finie.
"Faut voir à pas confondre amour et bagatelle, A pas trop mélanger la rose et l'immortelle, Qu'il nous a dit en se sauvant, A pas traiter comme une affaire capitale Une petite fantaisie sentimentale Plus de crédit dorénavant. "
Ma mi', ne prenez pas ma complainte au tragique. Les raisons qui, ce soir, m'ont rendu nostalgique, Sont les moins nobles des raisons, Et j'aurais sans nul doute enterré cette histoire Si, pour renouveler un peu mon répertoire Je n'avais besoin de chansons.

Saturne

Paroles et Musique: Georges Brassens 1964

Il est morne, il est taciturne Il préside aux choses du temps Il porte un joli nom, Saturne Mais c'est Dieu fort inquiétant Il porte un joli nom, Saturne Mais c'est Dieu fort inquiétant
En allant son chemin, morose Pour se désennuyer un peu Il joue à bousculer les roses Le temps tue le temps comme il peut Il joue à bousculer les roses Le temps tue le temps comme il peut
Cette saison, c'est toi, ma belle Qui a fait les frais de son jeu Toi qui a dû payer la gabelle Un grain de sel dans tes cheveux Toi qui a dû payer la gabelle Un grain de sel dans tes cheveux
C'est pas vilain, les fleurs d'automne Et tous les poètes l'ont dit Je regarde et je donne Mon billet qu'ils n'ont pas menti Je regarde et je donne Mon billet qu'ils n'ont pas menti
Viens encore, viens ma favorite Descendons ensemble au jardin Viens effeuiller la marguerite De l'été de la Saint-Martin Viens effeuiller la marguerite De l'été de la Saint-Martin
Je sais par cœur toutes tes grâces Et pour me les faire oublier Il faudra que Saturne en fasse Des tours d'horloge, de sablier Et la petite pisseuse d'en face Peut bien aller se rhabiller…

Sauf le respect que je vous dois

Paroles et Musique: Georges Brassens 1972

Si vous y tenez tant parlez-moi des affaires publiques Encor que ce sujet me rende un peu mélancolique Parlez-m'en toujours je n'vous en tiendrai pas rigueur Parlez-moi d'amour et j'vous fous mon poing sur la gueule Sauf le respect que je vous dois
Fi des chantres bêlant qui taquinent la muse érotique Des poètes galants qui lèchent le cul d'Aphrodite Des auteurs courtois qui vont en se frappant le cœur Parlez-moi d'amour et j'vous fous mon poing sur la gueule Sauf le respect que je vous dois
Naguère mes idées reposaient sur la non-violence Mon agressivité je l'avais réduite au silence Mais tout tourne court ma compagne était une gueuse Parlez-moi d'amour et j'vous fous mon poing sur la gueule Sauf le respect que je vous dois
Ancienne enfant trouvée n'ayant connu père ni mère Coiffée d'un chap'ron rouge elle s'en fut ironie amère Porter soi-disant une galette à son aïeule Parlez-moi d'amour et j'vous fous mon poing sur la gueule Sauf le respect que je vous dois
Je l'attendis un soir je l'attendis jusqu'à l'aurore Je l'attendis un an pour peu je l'attendrais encore Un loup de rencontre aura séduite cette fugueuse Parlez-moi d'amour et j'vous fous mon poing sur la gueule Sauf le respect que je vous dois
Cupidon ce salaud, geste qui chez lui, n'est pas rare Avait trempé sa flèche un petit peu dans le curare Le philtre magique avait tout du bouillon d'onze heures Parlez-moi d'amour et j'vous fous mon poing sur la gueule Sauf le respect que je vous dois
Ainsi qu'il est fréquent sous la blancheur de ses pétales La marguerite cachait une tarentule un crotale Une vraie vipère à la fois lubrique et visqueuse Parlez-moi d'amour et j'vous fous mon poing sur la gueule Sauf le respect que je vous dois
Que le septième ciel sur ma pauvre tête retombe Lorsque le désespoir m'aura mis au bord de la tombe Cet ultime discours s'exhalera de mon linceul Parlez-moi d'amour et j'vous fous mon poing sur la gueule Sauf le respect que je vous dois

Si le bon Dieu l'avait voulu

Paroles: Paul Fort. Musique: Georges Brassens

Si le Bon Dieu l'avait voulu Lanturette, lanturlu J'aurais connu la Cléopâtre Et je t'aurais pas connue. J'aurais connu la Cléopâtre, Et je ne t'aurais pas connue. Sans ton amour que j'idolâtre, Las! Que fussé-je devenu?
Si le Bon Dieu l'avait voulu, J'aurais connu la Messaline, Agnès, Odette et Mélusine, Et je ne t'aurais pas connue. J'aurais connu la Pompadour, Noémi, Sarah, Rebecca, La fille du Royal Tambour, Et la Mogador et Clara.
Mais le Bon Dieu n'a pas voulu Que je connaisse leurs amours, Je t'ai connue, tu m'as connu Gloire à Dieu au plus haut des nues! Las! Que fussé-je devenu Sans toi la nuit, sans toi le jour? Je t'ai connue, tu m'as connu Gloire à Dieu au plus haut des nues!

Si seulement elle était jolie

Paroles et Musique: Georges Brassens 1985

autres interprètes: Maxime Le Forestier

Si seulement elle était jolie Je dirais: "tout n'est pas perdu. Elle est folle, c'est entendu, Mais quelle beauté accomplie!" Hélas elle est plus laide bientôt Que les sept péchés capitaux. {2x}