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Quand la fiancée Les yeux baissés Des larmes pleins les cils S'apprêtait à Dire "Oui da!" A l'officier civil Qu'est-c'qui vous prit Vieux malappris D'aller, sans retenue Faire un pinçon Cruel en son Eminence charnue
Se retournant Incontinent Ell' souffleta, flic-flac L'garçon d'honneur Qui, par bonheur Avait un' tête à claqu' Mais au lieu du "Oui" attendu Ell' s'écria: "Maman" Et l'mair' lui dit "Non, mon petit Ce n'est pas le moment"
Quand la fiancée Les yeux baissés D'une voix solennell' S'apprêtait à Dire "Oui da!" Par-devant l'Eternel Voila mechef Que, derechef Vous osâtes porter Votre fichue Patte crochue Sur sa rotondité
Se retournant Incontinent Elle moucha le nez D'un enfant d'chœur Qui, par bonheur Etait enchifrené Mais au lieu du "Oui" attendu De sa pauvre voix lass' Au tonsuré Désemparé Elle a dit "Merde", hélas
Quoiqu'elle usât Qu'elle abusât Du droit d'être fessue En la pinçant Mauvais plaisant Vous nous avez déçus Aussi, ma foi La prochain' fois Qu'on mariera Jeannett' On s'pass'ra d'vous Tonton, je vous Je vous le dit tout net

Trompe la mort

Paroles et Musique: Georges Brassens 1976

Avec cette neige à foison Qui coiffe, coiffe ma toison On peut me croire à vue de nez Blanchi sous le harnais Eh bien, Mesdames et Messieurs C'est rien que de la poudre aux yeux C'est rien que de la comédie Que de la parodie
C'est pour tenter de couper court A l'avance du temps qui court De persuader ce vieux goujat Que tout le mal est fait déjà Mais dessous la perruque j'ai Mes vrais cheveux couleur de jais C'est pas demain la veille, bon Dieu De mes adieux
Et si j'ai l'air moins guilleret Moins solide sur mes jarrets Si je chemine avec lenteur D'un train de sénateur N'allez pas dire "Il est perclus" N'allez pas dire "Il n'en peut plus" C'est rien que de la comédie Que de la parodie
Histoire d'endormir le temps Calculateur impénitent De tout brouiller, tout embrouiller Dans le fatidique sablier En fait, à l'envers du décor Comme à vingt ans, je trotte encore C'est pas demain la veille, bon Dieu De mes adieux
Et si mon cœur bat moins souvent Et moins vite qu'auparavant Si je chasse avec moins de zèle Les gentes demoiselles Pensez pas que je sois blasé De leurs caresses, leurs baisers C'est rien que de la comédie Que de la parodie
Pour convaincre le temps berné Qu'mes fêtes galantes sont terminées Que je me retire en coulisse Que je n'entrerai plus en lice Mais je reste un sacré gaillard Toujours actif, toujours paillard C'est pas demain la veille, bon Dieu De mes adieux
Et si jamais au cimetière Un de ces quatre, on porte en terre Me ressemblant à s'y tromper Un genre de macchabée N'allez pas noyer le souffleur En lâchant la bonde à vos pleurs Ce sera rien que comédie Rien que fausse sortie
Et puis, coup de théâtre, quand Le temps aura levé le camp Estimant que la farce est jouée Moi tout heureux, tout enjoué J'm'exhumerai du caveau Pour saluer sous les bravos C'est pas demain la veille, bon Dieu De mes adieux

Une jolie fleur

Paroles: Georges Brassens. Musique: Georges Brassens 1954

Jamais sur terre il n'y eut d'amoureux Plus aveugles que moi dans tous les âges Mais faut dir' qu' je m'étais creuvé les yeux En regardant de trop près son corsage
Un' jolie fleur dans une peau d'vache Un' jolie vach' déguisée en fleur Qui fait la belle et qui vous attache Puis, qui vous mèn' par le bout du cœur
Le ciel l'avait pourvue des mille appas Qui vous font prendre feu dès qu'on y touche L'en avait tant que je ne savais pas Ne savais plus où donner de la bouche
Un' jolie fleur dans une peau d'vache Un' jolie vach' déguisée en fleur Qui fait la belle et qui vous attache Puis, qui vous mèn' par le bout du cœur
Ell' n'avait pas de tête, ell' n'avait pas L'esprit beaucoup plus grand qu'un dé à coudre Mais pour l'amour on ne demande pas Aux filles d'avoir inventé la poudre
Un' jolie fleur dans une peau d'vache Un' jolie vach' déguisée en fleur Qui fait la belle et qui vous attache Puis, qui vous mèn' par le bout du cœur
Puis un jour elle a pris la clef des champs En me laissant à l'âme un mal funeste Et toutes les herbes de la Saint-Jean N'ont pas pu me guérir de cette peste
J' lui en ai bien voulu, mais à présent J'ai plus d'rancune et mon cœur lui pardonne D'avoir mis mon cœur à feu et à sang Pour qu'il ne puisse plus servir à personne
Un' jolie fleur dans une peau d'vache Un' jolie vach' déguisée en fleur Qui fait la belle et qui vous attache Puis, qui vous mèn' par le bout du cœur

Une ombre au tableau

Paroles: Georges Brassens

Si j'ai bonne mémoire, elle allait dégrafée; On comptait plus les yeux qu'elle avait pu crever. Elle faisait du tort aux statues de l'antique; Elle était si prodigue à montrer ses appas Que la visite au Louvre ne s'imposait pas. Avec elle le nu devenait art plastique. Mais les temps sont venus mettre une ombre au tableau, Rendre à son piédestal la Vénus de Milo. La belle dégrafée a changé d'esthétique, Un vent de honte a balayé le pont des Arts, Et les collets sont montés comme par hasard. "Les jeunes filles d'aujourd'hui sont impudiques."