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Si c'est le sort qu'il faut subir, qu'il faut subir, A l'heure du dernier soupir, dernier soupir, Si, des noyés, tel est le lot, Je retourne me fiche à l'eau, me fiche à l'eau.
Chez ses parents, le lendemain, le lendemain, J'ai couru demander sa main, d'mander sa main, Mais comme je n'avais rien dans La mienne, on m'a crié: "Va-t'en!", crié: "Va-t'en!"
On l'a livrée aux appétits, aux appétits D'une espèce de mercanti, de mercanti, Un vrai maroufle, un gros sac d'or, Plus vieux qu'Hérode et que Nestor, et que Nestor.
Et depuis leurs noces j'attends, noces j'attends, Le cœur sur des charbons ardents, charbons ardents, Que la Faucheuse vienne cou- – per l'herbe aux pieds de ce grigou, de ce grigou.
Quand ell' sera veuve éploré', veuve éploré', Après l'avoir bien enterré, bien enterré, J'ai l'espérance qu'elle viendra Faire sa niche entre mes bras, entre mes bras.

Concurrence déloyale

Paroles et Musique: Georges Brassens 1966

Il y a péril en la demeure, Depuis que les femmes de bonnes mœurs, Ces trouble-fête, Jalouses de Manon Lescaut, Viennent débiter leurs gigots A la sauvette.
Ell's ôt'nt le bonhomm' de dessus La brave horizontal' déçue, Ell's prenn'nt sa place. De la bouche au pauvre tapin Ell's retir'nt le morceau de pain, C'est dégueulasse.
En vérité, je vous le dis, Il y en a plus qu'en Normandie Il y a de pommes. Sainte-Mad'lein', protégez-nous, Le métier de femme ne nou- rrit plus son homme.
Y a ces gamines de malheur, Ces goss's qui, tout en suçant leur Pouc' de fillette, Se livrent au détournement De majeur et, vénalement, Trouss'nt leur layette.
Y a ces rombièr's de qualité, Ces punais's de salon de thé Qui se prosternent, Qui, pour redorer leur blason, Viennent accrocher leur vison A la lanterne.
Y a ces p'tit's bourgeoises faux culs Qui, d'accord avec leur cocu, Clerc de notaire, Au prix de gros vendent leur corps, Leurs charmes qui fleurent encor La pomm' de terre.
Lors, délaissant la fill' de joie, Le client peut faire son choix Tout à sa guise, Et se payer beaucoup moins cher Des collégienn's, des ménagèr's, Et des marquises.
Ajoutez à ça qu'aujourd'hui La manie de l'acte gratuit Se développe, Que des créatur's se font cul- buter à l'œil et sans calcul. Ah! les salopes!
Ell's ôt'nt le bonhomm' de dessus La brave horizontal' déçue, Ell' prenn'nt sa place. De la bouche au pauvre tapin Ell's retir'nt le morceau de pain, C'est dégueulasse.

Corne d'Aurochs

Paroles: Georges Brassens. Musique: Georges Brassens 1955

Il avait nom corne d'Aurochs, au gué, au gué Tout l'mond' peut pas s'app'ler Durand, au gué, au gué
En le regardant avec un œil de poète On aurait pu croire à son frontal de prophète Qu'il avait les grand's eaux de Versailles dans la tête Corne d'Aurochs
Mais que le bon dieu lui pardonne, au gué, au gué C'étaient celles du robinet, au gué, au gué
On aurait pu croire en l'voyant penché sur l'onde Qu'il se plongeait dans des méditations profondes Sur l'aspect fugitif des choses de se monde Corne d'Aurochs
C'étaient hélas pour s'assurer, au gué, au gué Qu' le vent n'l'avait pas décoiffé, au gué, au gué
Il proclamait à son de trompe à tous les carrefours "Il n'y a qu'les imbéciles qui sachent bien faire l'amour La virtuosité c'est une affaire de balourds!" Corne d'Aurochs
Il potassait à la chandelle, au gué, au gué Des traités de maintien sexuel, au gué, au gué Et sur les femm's nues des musées, au gué, au gué Faisait l'brouillon de ses baisers, au gué, au gué
Et bientôt petit à petit, au gué, au gué On a tout su, tout su de lui, au gué, au gué
On a su qu'il était enfant de la Patrie Qu'il était incapable de risquer sa vie Pour cueillir un myosotis à une fille Corne d'Aurochs
Qu'il avait un p'tit cousin, au gué, au gué Haut placé chez les argousins, au gué, au gué Et que les jours de pénurie, au gué, au gué Il prenait ses repas chez lui, au gué, au gué
C'est même en revenant d'chez cet antipathique Qu'il tomba victime d'une indigestion critique Et refusa l'secours de la thérapeutique Corne d'Aurochs
Parce que c'était un All'mand, au gué, au gué Qu'on devait le médicament, au gué, au gué
Il rendit comme il put son âme machinale Et sa vie n'ayant pas été originale L'Etat lui fit des funérailles nationales Corne d'Aurochs
Alors sa veuve en gémissant, au gué, au gué Coucha avec son remplaçant, au gué, au gué

Cupidon s'en fout

Paroles et Musique: Georges Brassens 1976

Pour changer en amour notre amourette Il s'en serait pas fallu de beaucoup Mais, ce jour-là, Vénus était distraite Il est des jours où Cupidon s'en fout
Des jours où il joue les mouches du coche Où elles sont émoussées dans le bout Les flèches courtoises qu'il nous décoche Il est des jours où Cupidon s'en fout
Se consacrant à d'autres imbéciles Il n'eu pas l'heur de s'occuper de nous Avec son arc et tous ses ustensiles Il est des jours où Cupidon s'en fout
On a tenté sans lui d'ouvrir la fête Sur l'herbe tendre, on s'est roulés, mais vous Avez perdu la vertu, pas la tête Il est des jours où Cupidon s'en fout
Si vous m'avez donné toute licence Le cœur, hélas, n'était pas dans le coup Le feu sacré brillait par son absence Il est des jours où Cupidon s'en fout