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On effeuilla vingt fois la marguerite Elle tomba vingt fois sur "pas du tout" Et notre pauvre idylle a fait faillite Il est des jours où Cupidon s'en fout
Quand vous irez au bois conter fleurette Jeunes galants, le ciel soit avec vous Je n'eus pas cette chance et le regrette Il est des jours où Cupidon s'en fout

Dans l'eau de la claire fontaine

Dans l'eau de la claire fontaine Elle se baignait toute nue Une saute de vent soudaine Jeta ses habits dans les nues
En détresse, elle me fit signe Pour la vêtir, d'aller chercher Des monceaux de feuilles de vigne Fleurs de lis ou fleurs d'oranger
Avec des pétales de roses Un bout de corsage lui fis La belle n'était pas bien grosse Une seule rose a suffi
Avec le pampre de la vigne Un bout de cotillon lui fis Mais la belle était si petite Qu'une seule feuille a suffi
Elle me tendit ses bras, ses lèvres Comme pour me remercier Je les pris avec tant de fièvre Qu'ell' fut toute déshabillée
Le jeu dut plaire à l'ingénue Car, à la fontaine souvent Ell' s'alla baigner toute nue En priant Dieu qu'il fit du vent Qu'il fit du vent…

Discours des fleurs

Paroles: Georges Brassens. Musique: Eric Zimmermann 1957

Sachant bien que même si Je suis amoureux transi, Jamais ma main ne les cueille De bon cœur les fleurs m'accueillent. Et m'esquivant des salons, Où l'on déblatère, où l'on Tient des propos byzantins, J'vais faire un tour au jardin.
Car je préfère, ma foi, En voyant ce que parfois, Ceux des hommes peuvent faire, Les discours des primevères. Des bourdes, des inepties, Les fleurs en disent aussi, Mais jamais personne en meurt Et ça plaît à mon humeur.
Le premier Mai c'est pas gai, Je trime a dit le muguet, Dix fois plus que d'habitude, Regrettable servitude. Muguet, sois pas chicaneur, Car tu donnes du bonheur, Pas cher à tout un chacun. Brin d' muguet, tu es quelqu'un.
Mon nom savant me désol', Appelez-moi tournesol, Ronchonnait l'héliotrope, Ou je deviens misanthrope. Tournesol c'est entendu, Mais en échange veux-tu Nous donner un gros paquet De graines de perroquet?
L'églantine en rougissant Dit: ça me tourne les sangs, Que gratte-cul l'on me nomme, Cré nom d'un petit bonhomme! Eglantine on te promet De ne plus le faire, mais Toi tu ne piqueras plus. Adjugé, marché conclu.
Les "je t'aime un peu beaucoup", Ne sont guère de mon goût, Les serments d'amour m'irritent, Se plaignait la marguerite. Car c'est là mon infortune, Aussitôt que débute une Affaire sentimentale, J'y laisse tous mes pétal's.
Un myosotis clamait: Non je n'oublierai jamais, Quand je vivrais cent ans d'âge, Mille ans et même davantage. Plein de souvenance allons, Cent ans c'est long, c'est bien long, Même vingt et même dix, Pour un seul myosotis.
Mais minuit sonnait déjà, Lors en pensant que mes chats, Privés de leur mou peuchère, Devaient dire: "il exagère". Et saluant mes amies Les fleurs je leur ai promis Que je reviendrais bientôt. Et vivent les végétaux.
Car je préfère ma foi, En voyant ce que parfois, Ceux des hommes peuvent faire, Les discours des primevères. Des bourdesdes inepties, Les fleurs en disent aussi, Mais jamais personne en meurt, Et ça plaît à mon humeur.

Don Juan

Paroles et Musique: Georges Brassens 1976

Gloire à qui freine à mort, de peur d'ecrabouiller Le hérisson perdu, le crapaud fourvoyé Et gloire à don Juan, d'avoir un jour souri A celle à qui les autres n'attachaient aucun prix Cette fille est trop vilaine, il me la faut
Gloire au flic qui barrait le passage aux autos Pour laisser traverser les chats de Léautaud Et gloire à don Juan d'avoir pris rendez-vous Avec la délaissée, que l'amour désavoue Cette fille est trop vilaine, il me la faut
Gloire au premier venu qui passe et qui se tait Quand la canaille crie haro sur le baudet Et gloire à don Juan pour ses galants discours A celle à qui les autres faisaient jamais la cour Cette fille est trop vilaine, il me la faut
Et gloire à ce curé sauvant son ennemi Lors du massacre de la Saint-Barthélémy Et gloire à don Juan qui couvrit de baisers La fille que les autres refusaient d'embrasser Cette fille est trop vilaine, il me la faut
Et gloire à ce soldat qui jeta son fusil Plutôt que d'achever l'otage à sa merci Et gloire à don Juan d'avoir osé trousser Celle dont le jupon restait toujours baissé Cette fille est trop vilaine, il me la faut
Gloire à la bonne sœur qui, par temps pas très chaud Dégela dans sa main le pénis du manchot Et gloire à don Juan qui fit reluire un soir Ce cul déshérité ne sachant que s'asseoir Cette fille est trop vilaine, il me la faut
Gloire à qui n'ayant pas d'idéal sacro-saint Se borne à ne pas trop emmerder ses voisins Et gloire à don Juan qui rendit femme celle Qui, sans lui, quelle horreur, serait morte pucelle Cette fille est trop vilaine, il me la faut

Elégie à un rat de cave

Paroles et Musique: Georges Brassens 1979

Personne n'aurait cru ce cave Prophétisant que par malheur Mon pauvre petit rat de cave Tu débarquerais avant l'heure Tu n'étais pas du genre qui vire De bord et tous on le savait Du genre à quitter le navire Et tu es la premièr' qui l'aies fait
Maintenant m'amie qu'on te séquestre Au sein des cieux Que je m'déguise en chanteur d'orchestre Pour tes beaux yeux En partant m'amie je te l'assure Tu as fichu le noir au fond de nous Quoiqu'on n'ait pas mis de crêpe sur Nos putains de binious On n'm'a jamais vu, faut que tu l'notes C'est une primeur Faire un bœuf avec des croque-notes C'est en ton honneur Sache aussi qu'en écoutant Bechet Foll' gamberge, on voit la nuit tombée Ton fantôme qui sautille en cachette Rue du Vieux Colombier Ton fantôme qui sautille en cachette Rue du Vieux Colombier